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Visite d’Etat d’IBK à paris : Ce que gagne la France
Publié le mardi 10 novembre 2015  |  Autre presse
La
© AFP par STEPHANE DE SAKUTIN
La Visite du Président Ibrahim Boubacar Keita à Paris




Le grand vainqueur de la visite d’Etat du président malien à Paris n’est nullement IBK, mais bien son hôte d’accueil François Hollande. Eh oui, les 360 millions d’euros ne sont que des broutilles comparées aux nombreux avantages pour l’ancienne métropole. Avec IBK, Hollande vient là d’entamer un vieux rêve de la France de Georges Pompidou (1969 – 1974).
Dans notre livraison du…, dans lequel nous nous sommes nullement voulus péjoratifs, nous écrivions que la France a beaucoup plus à gagner que le Mali à l’issue de la visite d’Ibrahim Boubacar Keïta à Paris. Bien entendu, IBK n’est pas un «Gaou» dans le sens liturgique du terme utilisé par le groupe musical «Magic Systèm». Tout indique cependant que son séjour profite beaucoup plus à son hôte du jour qu’à lui-même.
Nous avions évoqué à raison, l’appartenance commune des deux hommes à l’International Socialiste, parmi autant d’autres points communs; toutes choses susceptibles d’impacter sur le plan géopolitiquement dans la sous-région entière. Il a surtout été question de l’apport économique des africains dans une France en crise.
Il est d’abord évident qu’il revient au Mali de rembourser les frais de la guerre, de l’opération SERVAL à Barkhane. Normal ! Mais avec quoi donc ? Bien entendu avec l’ouverture des marchés maliens aux entreprises françaises et surtout l’attribution de contrats miniers. C’est bien le prix à payer ! Mais de quelles ressources minières s’agit-il ? De l’or, du pétrole ou du diamant ? Même s’il est désormais avéré que le sous-sol malien renferme effectivement les minerais cités, il contient encore d’autres matériaux désormais beaucoup plus précieux que les premiers cités.
La «roue métaux » : la nouvelle richesse du monde
On appelle « roue des métaux » (voir illustration), la représentation du lien entre les métaux principaux et les sous-produits dans des gisements de minerais désormais considérés comme «économiquement stratégiques». Quelques exemples:
Le platine : il sert beaucoup dans la bijouterie, mais est de plus en plus utilisé dans l’industrie notamment dans la fabrication de contacts électriques, dans les fourneaux électriques à haute-température, dans l’industrie automobile et en association avec d’autres minéraux, il est utilisé dans la fabrication des composantes électroniques.
Le manganèse : Près de 90 % de la production de manganèse est utilisée pour la préparation d'alliages, principalement d'aciers … Il est notamment utilisé pour les productions industrielles suivantes :acier - rails et notamment aiguillages, outillage, roulements, mobiliers de sécurité, socs de charrue, etc. Il possède une résistance élevée contre la corrosion et est amagnétique. Des plaques d'acier au manganèse de différentes épaisseurs sont communément utilisées dans mobiliers de sécurité pour la protection anti-perçage des parties sensibles, les dispositifs métalliques sécurisés (coffre-fort, barreaux de prison, etc.
La Diatomite : C'est grâce à la diatomite que l'on peut recycler les huiles de coupe dans l'industrie mécanique. On en fait des charges pour peinture ou des supports de chromatographie.
Le gypse : il sert à la fabrication du plâtre et comme ajout au clinker pour ciment. Il est aussi utilisé en agriculture comme engrais apportant du calcium et du soufre…
Si en particulier, les minéraux entrant dans la fabrication des composantes électriques et électroniques s’avèrent désormais recherchés, d’autres ont trouvé de nouvelles applications. Il s’agit, par exemple du fer, du cuivre, du zinc, etc.
Avec la croissance industrielle mondiale, ces matériaux ont connu une forte demande. «En 1990, la demande chinoise en acier était 8%. Elle a atteint 45% en 2010. La demande mondiale du cuivre est passée de 6 % à 39 %, et de 5 % à 40 % pour l’aluminium… », (Source : FONA-Allemagne).
«La roue des métaux » donne justement une indication de ces matériaux (généralement en association) les plus convoités et désormais considérés à juste titre comme les nouvelles richesses de la planète, plus recherchés que l’or ou le pétrole. Et cela ne va pas sans hic.
«La hausse de la demande a entraîné une forte augmentation des prix pour beaucoup de matières premières. Cette évolution n’a été interrompue à court terme en 2008 qu’en raison de la crise financière. Comparé à son niveau fin 2002/début 2003, le prix du plomb a été multiplié par huit, celui du nickel provisoirement par six, celui du zinc et du cuivre par cinq et celui du pétrole par quatre… Les restrictions en matière d’exportation dans certains pays producteurs et exportateurs et les spéculations sur les marchés financiers ont engendré des flambées de prix supplémentaires» (source: «Matières premières stratégiques pour l’économie de l’Allemagne, site de haute technologie» - https://www.fona.de/mediathek ).
Les spécialistes pensent à propos que la prochaine crise ne sera pas celle du pétrole, mais de la «roue des métaux ». Les pays dont le sous-sol renferme au moins 50% de ces minerais seront très convoités. Il se trouve que le Mali va au-delà de ce pourcentage.
Les composantes de la roue des métaux
Illustration: la roue des métaux : représentation du lien entre les métaux principaux et les sous-produits dans des gisements de minerais, selon
Verhoef et al. (2004) et Reuter et al. (2005). Ont été entourées les matières premières identifiées comme critiques à ce jour par la Commission euro-péen ne « UE 14 » (ad hoc groupe de travail de l’UE 2010).

«La « roue des métaux » représentée montre l’éventail de métaux principaux, métaux secondaires et métaux associés et leurs liens. S’agissant des métaux associés, il n’existe aucun gisement propre, ils n’apparaissent dans la nature qu’en association avec des métaux principaux.

Vous trouverez au centre de la roue les métaux principaux. L’exploitation minière et l’exploitation métallurgique s’orientent avant tout vers ces métaux. En se déplaçant vers l’extérieur de la roue, on trouve ensuite les métaux secondaires allant de pair avec les métaux principaux respectifs.
Dans le prochain cercle extérieur figurent les métaux secondaires présents presque toujours dans les extractions. Les activités d’exploitation minière et métallurgique sont destinées également à extraire ces métaux. Dans le cercle suivant sont indiqués les éléments secondaires pour lesquels seule une infra- structure d’extraction limitée est disponible. Il s’agit cependant très souvent de métaux précieux très importants, par exemple pour l’électronique» (Source : FONA –Allemagne - lire encadré)
Remarquez dans les deux premiers cercles, se trouvent les métaux principaux. Et comparer les maintenant avec les potentialités du sous-sol malien.

Le sous-sol malien : plus de 80% de la « roue des métaux »
L’on comparait jadis, le sous-sol, malien au tableau de Mendeleïev parce que censé renfermé la quasi-totalité des corps chimiques classés par le chimiste russe. C’est peut-être trop dire. Mais il est évident qu’il regorge plus de 80 % des composantes de la «roue des métaux». C’est la Direction Nationale de la Géologie et des Mines ainsi que la Chambre des Mines du Mali qui nous l’apprennent.
Le sous-sol malien selon la DNGM
Le Diamant : son existence est avérée dans une vingtaine de pipes kimberlitiques dans la zone minière de Keniéba, dans la région de Kayes;
Le manganèse : avec environ, 20 millions de tonnes de ressources prouvées auxquelles est associé à l’or;
Le fer estimé à 1 milliard 360 million de tonnes dans les secteurs de Kita et Narena;
Le plomb dans les secteurs de Tessalit et Tamanrasset avec 1 million 700 mille tonnes;
Le cuivre, le gypse, le nickel, la platine dont les indices ont étés trouvés, respectivement à Nioro, Kadiolo et au Nord de Tessalit ;
Le calcaire à Bafoulabe et à Hombori totalisant environ 50 million de tonnes de ressources très appropriées pour la fabrication du ciment, de la chaux vive et des carreaux. Les réserves sont évaluées à plus de 122 million de tonnes réparties dans plusieurs zones. Les potentialités existent, mais les difficultés sont liées au développement des infrastructures et aux besoins du Mali dans le secteur du bâtiment et des travaux publics;
Le marbre au Nord de Bafoulabe avec 10 millions 600 mille tonnes ;
La bauxite à l’Est et au Sud-ouest avec un potentiel de plus de 1 milliard 200 millions de tonnes dont plus de 500 million de tonnes en pré-développement dans le cadre d’un partenariat entre CAMEC/MMH-SA à travers l’UNOMIN. Selon le département des Mines, « le seul qui a été suffisamment étudié, le gisement de Tamaguilelt, dispose de réserves d’environ 20 millions de tonnes. Il est exploité de façon semi-industrielle depuis 1986 et a produit en moyenne 15000 tonnes par ans. Ses activités ont étés interrompues pendant la rébellion et actuellement sont arrêtées depuis 1996 »;
Le phosphate, véritable engrais naturel pour l’agriculture, constitue une réserve prouvée de 20 million de tonnes à Tamaguilelt dans la préfecture de Bourem, région de Gao.Il existe d’autres collines non étudiées qui pourrait bien gonfler ces tonnages.
L’étain, le lithium, le kaolin, les grenats, les pierres ornementales, l’argile, les sables de verrerie dans le lac Faguibine et les bassins sédimentaires, favorables pour la recherche et l’exploitation des pétroles et gaz, viennent s’ajouter à cette liste non exhaustive. Ces ressources sont reparties sans exclusive entre les différentes régions du pays. (Source : DNGM –Mali)
Le sous-sol malien selon la Chambre des Mines du Mali
• Le Mali est connu pour son or depuis le Grand Empire malien et le pèlerinage à la Mecque de l’Empereur Kankou Moussa en 1324, dans sa caravane, il transporta plus de 8 tonnes d’or! Le Mali a donc traditionnellement toujours été un pays minier et cela depuis un demi-millénaire.
Le Mali compte actuellement sept mines d’or en exploitation, parmi lesquelles: Kalana et Morila dans le sud du Mali, Yatela, Sadiola et Loulo à l’ouest du Mali et les mines qui ont récemment repris la production, notamment Syama et Tabakoto. Parmi les projets avancés d’exploration d’or, on compte : Kofi, Kodieran, Gounkoto, Komana, Banankoro, Kobada et Nampala.
Le Mali a un riche potentiel en manganèse, potentiel estimé à 20T (Gao) et prêt à être exploité.
• Un producteur malien de phosphate vise une production de 200 000 tpa en 2012 au dépôt de Tamaguilelt.
• Les réserves de bauxite sont estimées à 1,2 millions de tonnes et elles pourraient être exploitées dans un futur proche.
• Le Mali a également du potentiel dans d’autres ressources minières comme le lithium, l’uranium, le diamant, le kaolin et les pierres gemmes.
Uranium: des signes encourageants et une exploitation en plein essor
L’exploitation est actuellement menée par différentes entreprises ayant des indications claires sur les dépôts d’uranium au Mali. Le potentiel en uranium se situe dans la région de Falea qui recouvre une superficie de 150 kmÇ du bassin de Falea – Guinée du nord, le potentiel en uranium de Falea devrait être de 5000 tonnes. Le projet Kidal, au nord-est du Mali, sur une superficie de 19 930 km2 est un projet qui couvre une vaste province géologique cristalline connue sous le nom de L'Adrar Des Iforas. Le potentiel en uranium du dépôt de Samit dans la seule région de Gao devrait atteindre les 200 tonnes.
Diamants:
Le Mali a le potentiel de développer son exploitation de diamants : dans la région administrative de Kayes (région minière 1), trente (30) diatrèmes (pipes) kimberlite ont été découverts et parmi ceux-ci huit ont montrés des traces de diamant. Huit petits diamants ont été récupérés dans la région administrative de Sikasso (dans le sud du Mali).
Les pierres précieuses sont les suivantes et elles se situent dans:
• Dans les environs de Nioro et Bafoulabe: grenats et minerais magnétiques rares
• Dans les environs de Bougouni et dans le bassin de Faleme: minerais de pegmatite
• Au Gourma – grenats et corindons
• A L’Adrar des Ilforas – pegmatite et minerais métamorphiques
• Dans la zone de Hombori Douentza: quartz et carbonates
Minerai de fer et bauxite de manganèse : des ressources importantes sont présentes au Mali mais toujours inexploitées.
Le Mali a, selon les estimations, plus de 2 millions de tonnes de potentielles réserves en minerai de fer, situées dans les zones de Djidian-Kenieba, Diamou et Bale.
Les réserves de bauxite sont estimées à 1,2 millions de tonnes et elles sont situées à Kita, Kenieba et Bafing- Makana. Des traces de manganèse ont été découvertes à Bafing – Makana, Tondibi et Tassiga.
Autres ressources minières et potentielles au Mali
• Dépôts de roches calcaires : 10 millions de tonnes estimées
(Gangotery), 30 millions de tonnes estimées (Astro) et Bah El Heri
(Nord de Goundam) 2,2 millions de tonnes estimées.
• Cuivre: potentiel à Bafing Makan (région de l’ouest) et
Ouatagouna (région du nord)
• Marbre: Selinkegny (Bafoulabe) 10,6 millions de tonnes de réserves et de traves estimées à Madibaya
• Gypse: Taoudenit (35 millions de tonnes estimées), Indice Kereit (nord de Tessalit) 0,37 millions de tonnes estimées.
• Kaolin: réserves potentielles estimées (1million de tonnes), situées à Gao (région du nord)
• Plomb et zinc: Tessalit dans la région du nord (1,7 millions de tonnes de réserves estimées) et des traces à Bafing Makana (région de l’ouest) et à Fafa (nord du Mali)
• Lithium: indications à Kayes (région de l’ouest) et potentiel estimé à 4 millions de tonnes à Bougouni (région du sud)
• Schiste de bitume: potentiel estimé à 870 millions de tonnes, indications découvertes à Agamor et Almoustrat dans la région du nord.
• Lignite: potentiel estimé à 1,3 millions de tonnes, indications découvertes à Bourem (région du nord)
• Pierre de sel: potentiel estimé à 53 millions de tonnes à Taoudenni (région du nord)
• Diatomite: potentiel estimé à 65 millions de tonnes à Douna Behri
«Le Mali, un pays aux richesses stratégiques pour la France»
C’est le confrère français L’Hebdo qui a trouvé le mot juste : « Le Mali convoité pour son sous-sol (http://www.hebdo.ch/hebdo/). Cette convoitise, il faudra cependant bien le dire, ne date pas d’aujourd’hui sauf que c’est seulement maintenant que la France est en passe d’atteindre ses objectifs.
Certainement que l’ex-président français Georges Pompidou (1969 – 1974) était un visionnaire. A propos du Mali, il soutenait que la France y jouait son avenir sur le continent. En clair, il était primordial pour elle (la France) d’avoir ce pays pour prétendre conserver son influence et ses intérêts dans la zone. L’histoire lui a –t-il donné raison ? Difficile de le dire. Elle vient cependant de marquer un sérieux point suite à sa présence effective au Mali, présence consolidée par la visite d’Etat d’IBK à Paris.
Et comparer aux avantages que tire la France des nouveaux accords avec le Mali suite à la fameuse visite d’Etat, l’on peut dire sans risque de se tromper qu’elle a gagné le jackpot. Bamako ne saurait dire autant.
Le Mali convoité pour son sous-sol - http://www.hebdo.ch/hebdo/
Par ailleurs, retenez par exemple que les troisième et quatrième cercles de la « roue des métaux », renferment des matériaux précieux très importants, par exemple pour l’électronique. Il s’agit en l’occurrence du quartz, du quartzite, du sable de silicium, du carbonate, etc. Ces matériaux entrent dans la fabrication des composantes électroniques (circuit, puces, plaques photovoltaïques, etc.). En clair, il s’agit ici des matières premières d’avenir. Au Mali, on en trouve en quantité importante à Hombori, Douentza (quartz et carbonates) et silicium (lac Faguibine), des grenats et minerais magnétiques rares à Nioro et Bafoulabe. Et passons sous silence les autres métaux (uranium, pétrole, etc.) tout aussi stratégiques et dont la France en une connaissance claire et limpide. D’où la convoitise. Alors que représentent véritablement les 360 millions d’euros?
B.s Diarra
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