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Bamako : Les vendeurs ambulants ruinent les magasins
Publié le mardi 10 novembre 2015  |  Le 26 Mars
Sotrama:
© aBamako.com par Momo
Sotrama: le transport urbain de Bamako, la capitale du Mali




En renchérissant les prix, les commerçants exerçant officiellement ont poussé les Maliens à faire leurs achats auprès des commerçants des rues. Devenus très nombreux, ceux-ci concurrencent aujourd’hui dangereusement les magasins légalement installés.



Dès le lever du jour, l’activité est fébrile dans les rues de Bamako : hommes et femmes installent des étalages de fortune le long des rues, sur les terrasses ; à l’entrée des écoles. Cuvettes sur la tête, jeunes filles et garçons à peine sortis du lit rejoignent leurs habituels points de vente.

Les vendeurs de légumes sortent leurs brouettes : “Faites votre choix, c’est frais et c’est bon pour la santé !”.

Dans la journée, c’est carrément dans les marchés, devant les supermarchés et les magasins que les vendeurs ambulants sont les plus nombreux. “Regardez les chemises, c’est moins cher qu’au magasin. Quel est ton prix ? Et cette montre, regarde comme elle est belle !”, crie un jeune homme sans lâcher sur plusieurs mètres en lui proposant une panoplie d’articles, ceintures, calculatrices, postes radio, lunettes… La scène fait désormais, partie du quotidien des Maliens.

Initialement limité à la vente de produits périssables sur de petits étals, le commerce informel a pris un nouvel essor ces derniers temps.

Aujourd’hui, les vendeurs ambulants sont partout dans les rues, en particulier autour de la grande poste, sur les parkings, et les carrefours. Désormais, on peut tout se procurer sur le trottoir : vêtements, chaussures, radios, montres etc.

Pratiqué parfois aux heures d’affluence, le marché de la rue permet de gagner du temps et de l’argent car généralement les prix y sont moins élevés que dans les magasins. Une botte de salade toute fraîche revient à 200-300 Fcfa dans la rue, 500 F au rayon légumes du supermarché ; le kilo d’oranges est deux fois moins cher vendu dans les brouettes.

D’où les inquiétudes et la fureur des commerçants installés dans les règles et qui payent des taxes à l’Etat : “A ce train, nous allons bientôt mettre la clé sous le paillasson”, s’insurge ce directeur d’un supermarché. “Nous devons générer des profits, ce qui est de plus en plus difficile dans l’univers concurrentiel déloyal où nous vivons. Nous autres, sociétés du commerce formel, éprouvons d’énormes difficultés à subvenir aux besoins économiques du marché parce que nous sommes accablés de taxes et de charges sociales contrairement aux acteurs du commerce informel”, poursuit-il.

Des importations frauduleuses.

Certains magasins de prêt-à-porter au grand marché de Bamako doivent solder fréquemment des articles qu’ils ne peuvent stocker indéfiniment ou aligner leurs prix sur ceux pratiqués dans la rue, réduisant ainsi leurs marges bénéficiaires.

Un commerçant qui observe impuissant les activités des vendeurs devant son magasin confie : “ce qui nous inquiète, c’est que le secteur informel importe frauduleusement, sans payer toujours les droits de douane réels. Il pratique des prix insignifiants par rapport aux prix réels que le commerce est contraint de respecter”.

Face à cette concurrence, certains établissements ont dû effectuer des compressions de personnel ou réduire les salaires. D’autres magasins ont tout simplement fermé leurs portes.



Malick Camara
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