La colère de certains paysans fait glisser lentement le coton, fleuron de l’économie nationale, vers une nouvelle crise dont les origines remontent à un système mafieux. Les pauvres paysans des zones de production de coton ne réclament pas que le paiement de leurs dus et la libération de leurs camarades récemment emprisonnés. Ils veulent aussi s’écarter de certains intermédiaires.
Le Mali pourrait perdre sa place de premier producteur de coton si le bras de fer entre la CMDT et les producteurs de coton continuait. Le problème est que certains paysans maliens ne veulent plus de Bakary Togola, le président sortant de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), qui parlent et agit en leur nom depuis plus de 10 ans.
La candidature de ce dernier à sa propre succession à la tête de l’Union nationale des producteurs de coton(UNPC) divise en effet les paysans qui voient désormais en lui un ennemi. Et depuis l’éclatement de l’affaire de l’engrais frelaté, le nom du président sortant de l’APCAM est associé à un réseau d’affairistes s’enrichissant sur le dos des paysans à travers des alliances politiques et économiques.
Pour barrer la route à Bakary Togola, une fronde est organisée depuis le cercle de Koutiala, zone de production de coton par excellence. Mais la contestation fait face à la détermination de la direction de la Compagnie malienne de textile(CMDT) qui voulait tuer la révolte dans l’œuf en envoyant la gendarmerie arrêter en octobre dernier des paysans soupçonnés d’être derrière le refus de livrer du coton.
Le gouvernement n’a rien fait pour régler le problème, malgré le fait que le collectif des producteurs de coton ait adressé une lettre au ministre du développement rural. A en croire les paysans, même le paiement des ristournes de la production de coton au titre de la campagne précédente n’a pas fait l’objet du plus petit intérêt de la part du gouvernement.
Les producteurs de cotons pointent un doigt accusateur sur le gouvernement qui veut maintenir le système mafieux dont les agissements risquent de compromettre la compétitivité du coton malien. A titre d’exemple, les paysans estiment que l’engrais frelaté serait en mesure de réduire le niveau de la production du coton, ce qui pourrait avoir comme conséquence la relégation du Mali de sa place de premier producteur de coton en Afrique de l’Ouest.
Soumaila T. Diarra