En finale de la coupe du monde des moins de 17 ans qui s’est jouée au Chili, nos Aiglonnets sont tombés face au tenant du titre, le Nigéria, par le score de 0 but à 2, sans pour autant démériter.
En demi-finale, face à la Belgique, les nôtres avaient rétabli la hiérarchie en s’imposant par le score de 3 buts à 1 conjurant le mauvais sort de leur match inaugural, face à la même équipe, qui s’est soldé par un nul de zéro but partout. Ce résultat donnait le capital-confiance aux Aiglonnets qui n’ont enregistré aucune défaite avant la finale et qui se sont surtout illustrés par un football alléchant fondé sur des combinaisons à tomber à la renverse. La belle victoire en demi-finale a donné de nouvelles ailes à nos joueurs ainsi qu’à toute la nation qui a vibré au rythme de leurs victoires successives.
Le dimanche dernier était le jour de la finale que les Maliens attendaient avec beaucoup d’enthousiasme et de ferveur. Le doute raisonnable sur le résultat final avait très peu de place au regard de la maestria, mais également de l’abnégation dont a su faire montre, tout au long de la compétition, notre équipe nationale qui a crânement défendu son titre de champion d’Afrique. Emportés par un élan d’optimisme débordant, de nombreux supporters avaient raflé les couleurs nationales à brandir ou s’en draper dans la perspective d’une victoire de nos joueurs face à l’Ogre nigérian. Tous les ingrédients étaient réunis pour une manifestation grandiose dès le coup de sifflet final de l’arbitre qui devrait également marquer la victoire des nôtres et qui serait une première dans l’histoire. Mais le sort en a décidé autrement.
En première mi-temps de la rencontre, les Aiglonnets, sans être totalement maîtres du terrain, ont néanmoins réussi à enrayer les assauts de leurs adversaires et même de développer quelques belles phases de jeu. Ce qui n’est du reste pas surprenant de la part d’une équipe qui s’est avérée l’une des plus séduisantes de la compétition de par son football alléchant.
Toutefois, autre temps, autres mœurs. La seconde période a vu le ciel s’écrouler sur la tête des Maliens et leurs joueurs. L’équipe nigériane, arrivée dans de nouvelles dispositions, a décidé de reprendre le jeu à son compte. C’est à un véritable rush qu’on eut droit les Aiglonnets qui prenaient de l’eau de toute part. La dure réalité s’est rapidement imposée à l’évidence. En une dizaine de minutes, le match a basculé. En trois minutes d’intervalle, les nôtres ont encaissé coup sur coup deux buts.
Pour de nombreux observateurs, la messe était dite. Mais pour nous il y avait d’espérer contre toute espérance. Mais cette foi inébranlable de nos joueurs n’aura pas suffi puisque le coup de sifflet final est intervenu sur le même score de deux buts en notre défaveur.
Faut-il tenir griefs à nos joueurs pour cette défaite? Assurément non, parce que cela reviendrait à nier leur mérite étalé au grand jour tout au long de ce tournoi. Il faut souligner à cet effet que jusqu’à la finale, aucune équipe n’est parvenue à s’imposer face à nos joueurs. Excepté son nul accidentel face à la Belgique, l’équipe nationale a imposé sa loi à tous ses adversaires. Ce qui est tout à fait méritoire. Par conséquent toute tentative d’accabler ces jeunes joueurs qui ont donné tout ce qu’ils avaient dans le ventre pourrait être assimilé à de l’ingratitude qui est malheureusement le propre du football toutes les fois qu’il est question de défaite.
Dans notre cas, il y a lieu d’aller au-delà de tels états d’âme, de voir le bonheur que les joueurs ont procuré à tout un peuple, et surtout de saluer leur abnégation pour que cela soit le cas.
En plus, en termes de combativité, sur fond d’esprit patriotique, en aucun moment les Aiglonnets n’ont été pris à défaut. À chacune de leur sortie, ils ont démontré qu’ils ont pleinement conscience qu’ils défendaient le Drapeau national. Cette conscience nationale était d’autant plus importante que grâce à leur prestation sur le terrain, ils ont contribué largement à donner une image plus positive de notre pays souvent perçu ailleurs à travers le prisme déformant de la guerre, du génocide d’une minorité ethnique et tutti quanti. Ils ont démontré que le Mali peut être une nation soudée autour d’un objectif commun ; qu’il a une jeunesse qui veut et qui en veut au nom de la ferté nationale.
Pour cela, il leur fallait se transcender et accumuler des victoires successives jusqu’au coup d’arrêt de la finale face au Nigéria qui, ont pu le constater les téléspectateurs, est confortablement installé dans la cour des grands de cette catégorie qu’il domine de la tête et des épaules.
Ce qui est également méritoire de la part de nos Aiglonnets, c’est d’avoir produit tout au long du tournoi un football des plus alléchants. Par leur aisance dans la conduite de la balle, les belles combinaisons qui laissaient très souvent pantois leurs adversaires, ils ont su conquérir le cœur des spectateurs des différents stades où ils ont eu à se produire. Il est certain que beaucoup d’entre eux ne sont pas près d’oublier ces spectaculaires joueurs, et par conséquent le pays dont ils ont porté haut le flambeau.
Il faut concéder qu’une défaite, quelle que soit sa nature, fait toujours mal. Ce qui est à coup sûr notre cas. Au coup de sifflet final de l’arbitre, les mines étaient défaites, il y avait de la frustration dans l’air. Mais, il y a une belle consolation que l’on ne saurait perdre de vue ou même dévaluer : pour la première fois de son histoire, le Mali accède à la deuxième marche du football mondial. Cela n’est pas une maigre consolation. En sus, il faut noter que notre gardien a obtenu le gant d’or faisant de lui le meilleur de son domaine du tournoi et que MALLE a été sacré troisième meilleur joueur.
In fine, sans aucune forme de complaisance, il est permis de soutenir que nos joueurs sont tombés les armes à la main. Bravo à eux et bonne suite dans la carrière des uns et des autres.
Par Bertin DAKOUO