Pour mieux appréhender le degré de vulnérabilité et d’insécurité alimentaire des populations, dans le sens d’une meilleure orientation de ses interventions et de celle de ses partenaires, le Gouvernement, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, organise depuis hier la réunion du Cadre harmonisé d’analyse et d’identification des populations en insécurité alimentaire. Cette rencontre qui entre dans le cadre de l’évaluation de la situation alimentaire de la campagne agricole 2014-2015, vise à permettre au gouvernement de préparer son plan de riposte pour l’année 2016.
La salle de conférence de Gouvernorat du District de Bamako abrite depuis hier lundi les travaux du Cadre harmonisé et d’identification des populations en insécurité alimentaire au titre de la campagne agricole 2015-2016.
C’est le ministre Commissaire à la sécuritaire alimentaire, Dr Nango Dembélé, qui a présidé la cérémonie d’ouverture des travaux.
Organisée par le commissariat à la sécurité alimentaire, à travers le Système d’alerte précoce, la réunion du cadre harmonisé d’analyse et d’identification des populations en insécurité alimentaire, comme l’a rappelé le ministre Commissaire, est un outil fédérateur de l’ensemble des méthodologies d’analyse de la vulnérabilité dans les pays du CILSS et de l’Afrique de l’Ouest.
Le cadre intégré en tant qu’outil consensuel est adapté par les informations issues des différentes évaluations de la situation alimentaire et nutritionnelle à travers le pays et les données classiques produites par les structures nationales, les partenaires techniques, les ONG et la société civile. Et cela fait plusieurs années que le cadre harmonisé est mis en œuvre dans notre pays.
Cette rencontre est l’aboutissement d’un travail important mené en amont par le SAP, les services techniques visant à générer suffisamment de données et des données de qualité permettant une analyse fiable et objective de la situation alimentaire et nutritionnelle.
De l’appréciation de la Représentante du Programme alimentaire mondial, Sally HAYDOCK, la forte mobilisation du Commissariat à la sécurité alimentaire, du SAP et de ses partenaires a permis d’améliorer considérablement ce processus d’analyse et de classification des cercles du Mali en termes de sécurité alimentaire et de nutrition. Aussi, a-t-elle souligné les efforts déployés pour le renforcement des capacités des experts en sécurité alimentaire et de nutrition afin de maîtriser les outils du cadre harmonisé.
En tous les cas, les enjeux de la rencontre sont extrêmement importants puisque les résultats issus des travaux doivent permettre au Gouvernement d’élaborer le plan national de réponse ainsi que les plans de réponse des partenaires humanitaires pour l’année 2016.
Selon le ministre Commissaire à la sécuritaire alimentaire, cette première session du cadre harmonisé d’analyse et d’identification des populations en insécurité alimentaire fait suite à l’expertise classique de la situation alimentaire du SAP ; à l’analyse de l’économie des ménages (HEA) et à l’enquête nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les résultats de ces évaluations ont été validés au cours d’ateliers tenus au mois d’octobre 2015.
Pendant 7 jours, les techniciens vont conduire l’analyse consensuelle de la situation alimentaire et nutritionnelle en utilisant le Cadre harmonisé d’identification et d’analyse des zones à risques et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Malgré les évolutions méthodologiques, le ministre-Commissaire a insisté sur le fait que les résultats de la campagne agro-syvo-pastorale 2015-2016 restent déterminants pour l’évaluation de la situation alimentaire dans notre pays.
Sans anticiper sur résultats qui sortiront de la rencontre, il a attiré l’attention des experts sur des données qui laissent croire à des productions céréalières globalement bonnes et voire très bonnes en maints endroits dans le pays.
Si de telles tendances ont provoqué du sourire chez le Commissaire à la sécurité alimentaire, il a tout même regretté le fait que les fortes quantités de pluies enregistrées d’août à début septembre de cette année ont provoqué des inondations causant des dégâts matériels’ importants et même des pertes en vie humaine dans certaines zones du pays. Ce qui est de nature, selon lui, à fragiliser les populations affectées.
Aussi sur le plan pastoral, suite au retard des pluies, la soudure a été prolongée pour le cheptel avec une mortalité du bétail plus élevée que d’habitude dans certaines zones du nord du pays, notamment Tombouctou et Gao ainsi que dans le nord de Mopti.
Heureusement la pluviométrie enregistrée cette année a permis au couvert herbacé de boucler son cycle et l’on se trouve avec une biomasse nettement supérieure à la normale, s’est-il réjoui.
Dans le domaine de la pêche, les perspectives sont également prometteuses avec la bonne inondation des frayères pour permettre une reproduction optimale du poisson et l’expansion de la pisciculture.
Si toutes ces tendances se confirment, le Mali connaîtra, a annoncé Dr Nango Dembélé, une production agro-syvo-pastorale record cette année. Ce qui laisse présager, a-t-il ajouté, avec une légitime fierté, une situation alimentaire et nutritionnelle apaisée en 2015-
2016. Sans compter également que les résultats des enquêtes montrent une certaine amélioration de la situation alimentaire par rapport à l’année dernière avec toutefois l’existence de zones où les populations ne se sont pas totalement relevées des difficultés antérieures.
Voilà pourquoi, au regard de tous ces constants, il invité les experts à un examen attentif et lucide de la situation alimentaire et nutritionnelle de l’ensemble des populations et à trouver des réponses à proposer.
Par Mohamed D. DIAWARA