Depuis l’accession du Président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir, le parti fait l’objet d’une convoitise inédite. A telle enseigne que même les arrivistes réclament la paternité du parti. Or, après IBK, le commandant à bord n’est autre que le secrétaire général du Bureau politique national, Bocary Tréta.
La genèse de l’histoire du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM), n’est pas lointaine. Tous ses fondateurs on presque sont vivants. Politiquement, on aime dire qu’il n’y a pas de nouveaux ou d’anciens militants. Mais nous croyons le contraire. Car entre celui qui plante l’arbre et celui qui s’assoie à l’ombre, il y a une différence. Ils peuvent tous bénéficier de l’ombre et des fruits de l’arbre, mais le «planteur» n’acceptera jamais qu’on l’abatte sans raison valable. C’est ce qui semble se passer au sein du RPM en ce moment.
En effet, se sentant trahi par son ancien parti, l’Adema, pour la succession du Président Alpha Oumar Konaré en 2002, Ibrahim Boubacar Keïta, précédemment Premier ministre, ne savait plus à quel saint se vouer. Ses camarades militants avec lesquels ils partageaient les mêmes convictions, en l’occurrence Bocary Tréta, sont venus à son secours. «Quand IBK était atterré du fait de la trahison de l’Adema, Tréta est venu à lui en lui conseillant de prendre sa responsabilité en démissionnant du Poste de Premier ministre. Afin de sauvegarder son honneur et sa dignité. Tout en lui rassurant qu’il ne sera jamais seul. C’est ainsi qu’il a pris la décision de rendre le tablier», témoigne une source proche de l’actuel ministre du Développement rural. Contrairement à l’intoxication qui fait croire que Tréta a beaucoup hésité avant de rejoindre le RPM, indiquent nos sources, il était au four et au moulin pour que le parti puisse voir le jour.
Avec une partie des militants et des cadres dissidents de l’Adema-Pasj, IBK fonde en février 2001 le mouvement « Alternative 2002 » pour soutenir sa candidature à l’élection présidentielle, puis en juin le Rassemblement pour le Mali (RPM). Au regard de sa popularité, le nouveau parti a connu une ascension fulgurante. A la présidentielle de 2002, son candidat IBK arrive officiellement en 3ème position. Aux législatives, il devient 2ème force politique avec 44 députés.
Il a fallu que les relations entre IBK et ATT se détériorent en mai 2006 pour connaître ses vrais amis. Le parti était devenu presqu’une coquille vide. Mais ils sont restés, quelques rares militants convaincus comme Bocary Tréta, Mamadou Diarrassouba, Boulkhassoum Haïdara, Boubacar Touré alias Bouh et Nacouma Keïta.
Au regard de sa riche expérience de la vie politique et associative, Bocary Tréta a su assumer avec responsabilité et courage le poste de secrétaire Général du Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali de 2002 à nos jours. Pendant la traversée du désert du RPM, avec les quelques noms susmentionnés, ils ont continué à croire en IBK jusqu’à son élection à la Présidence de la République.
Pour la plupart, soucieux du partage du gâteau, ils sont nombreux les arrivistes à vouloir abattre celui qui fait partie de la source de leur bonheur aujourd’hui. Il s’agit du Ministre Treta. Dans les sections du parti, les arrivistes, avec des fortunes gagnées dans des conditions obscures, tentent de faire la peau aux dignitaires. C’est le cas à Gao, à Ouéléssébougou, à Bougouni, en commune III…. Mais avec un calme olympien et un sens élevé de responsabilité, le secrétaire général du Bureau politique national, Bocary Treta, n’entend pas laisser ces bourreaux détruire le parti.
Faut-il le rappeler, la plupart des agitateurs qui prétendent diriger le parti sont des «recrues» de Treta. Parmi celles-ci, on peut citer Abdoulaye Idrissa Maïga, le ministre de l’Administration territoriale, Issaka Sidibé, le Président de l’Assemblée nationale, entre autres.
Au cours du dernier épisode de leur agitation, il a fallu une débauche d’énergie pour le questeur de l’Assemblée nationale, Mamadou Diarrassouba, secouru par Tréta, pour sauver la case. A ce sujet, soulignent d’autres sources, la famille présidentielle est divisée. Appréciant la rigidité, affirment-elles, le Président IBK soutient Treta. Et l’autre partie de la famille n’appréciant pas sa rigueur veut un homme manipulable à la tête du parti pour faire du pouvoir d’IBK un patrimoine privé. Une situation qui, non seulement met à genou la démocratie et le pays, mais aussi compromet un deuxième mandat si le camarade IBK le souhaitait. Conscient du danger de mettre un homme faible à la tête du parti, les militants sérieux n’entendent pas laisser Treta être abattu par les agitateurs.
En toute réalité, avouent nos sources, force est de reconnaître que Bocary Treta est le maître incontestable des tisserands. Il a toujours contribué à la promotion des cadres du RPM. Toutefois, il tient au respect des textes du parti et refuse tout cas d’indiscipline visant à mettre à l’eau les efforts fournis pour la consolidation du parti, apprend-t-on d’un responsable du parti. C’est cette démarche qui semble ne pas être comprise par certains. Sinon, ajoutent d’autres hauts cadres du RPM, on ne saurait parler du clan X ou Y, car le parti est sous la coupe d’un responsable qui travaille à son rayonnement sur l’échiquier politique national.
Oumar KONATE