L’Europe encore à la manœuvre et l’Afrique à l’écoute: le sommet eurafricain sur la migration qui prendra fin aujourd’hui à la Valette n’inaugure pas le dialogue sur l’immigration africaine en Europe. De Addis-Ababa à Bruxelles en passant par les exercices sois régionaux ou bilatéraux, les discussions n’ont jamais été rompues. Et ce que l’Europe n’a pu obtenir par les accords des palais africains que les rues dakaroise, bamakoise ou brazzavilloise auraient considéré comme de la plate capitulation, les consulats français, britannique ou belge s’en sont occupé.
Par une humanisation certes du système d’attribution de visas là où il y a deux décennies,les demandeurs risquaient leur dignité voire leur intégrité physique sous les coups de fouets de services d’ordre paradoxalement africains. Mais par un verrouillage plus féroce même si plus subtil. Mais en réponse à Schengen, ce qu’on a vu ce sont des milliers de migrants escaladant les murs, affrontant les barbelés et la mer pour forcer les portes closes des illusoires eldorado. Ces dernières années, ce sont ainsi près de 3000 migrants qui ont ainsi brisé leurs ambitions d’avenir dans la Méditerranée. On ne parle pas des nuées recalées, généralement sans moyens de retourner chez eux, constituant ainsi un véritable cauchemar pour les pays de transit. Algérie, Tunisie, Lybie, Maroc.
Lesquels ne sont pas d’une compassion excessive, à l’exception du Royaume chérifien dont le souverain est très en pointe sur la solidarité avec les migrants. Mais peut-on les en blâmer? À chaque grande tragédie dans la Méditerranée les palais africains sont silencieux, laissant au Pape l’initiative fort heureuse et touchante de condamner logis des nantis. Alors pourquoi les présidents d’Afrique se sont-ils rendus au sommet de Malte? D’abord plus personne ne peut faire semblant: la question migratoire est devenue un drame mondial. Les chefs d’Etat africains ne peuvent plus sous- traiter aux bonnes consciences européennes et aux sociétés civiles africaines leur devoir d’indignation ainsi que l’obligation de trouver une solution à la nouvelle tragédie du monde. Malte est une étape vers cet impératif car il parlera à des leaders européens se trouvant désormais face aux conséquences de leurs politiques africaines toutes plus ringardes les unes que les autres.
Il devra aussi interpeller le leadership africain sur la nécessité de vraiment tirer profit de ce que peut-être le dividende démographique du continent. Autant dire la nécessité de réformer une gouvernance globalement prédatrice qui confisque l’avenir de jeunesses capables mais sans autre alternative que de voter par les pieds ou s’oublier dans le cannabis. Histoire de rappeler que la responsabilité première de sa jeunesse incombe d’abord à l’Afrique. C’est à ce seul prix que la Valette n’aura pas été pour nos chefs une promenade de plus. C’est à ce seul prix enfin que le tète à tête n’aura pas été une manière de bloquer l’immigration africaine pour l’ouvrir aux Syriens et autres États démolis par les petites analyses- boomerang des maîtres du monde. Car l’Allemagne ouvre ses portes à près d’un million de Syriens et Schengen se ferme à bien moins d’Africains.
Adam Thiam