Sommet de la Valette : Le bal de l’hypocrisie !

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Publié le jeudi 12 novembre 2015 | Autre presse

© Reuters par Darrin Zammit Lupi
Le sommet de Malte consacré aux migrations

Le sommet sur la migration qui se tient depuis hier à la Valette en Malte prend fin ce jeudi 12 novembre 2015. Le sommet de La Valette sur la migration se veut une rencontre entre les pays européens et africains, les Nations Unies, l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), afin de travailler dans un esprit de partenariat et trouver des solutions communes à des problèmes communs. Il vise, dit-on, à développer les activités et les cadres de coopération existants, en mettant l’accent sur cinq domaines spécifiques à savoir « S’attaquer aux causes profondes des migrations », « Mise en place et organisation de canaux de migration licite » « Renforcement de la protection des migrants et des demandeurs d’asile » « Lutte contre l’exploitation et la traite de migrants » et enfin « Amélioration de la coopération en matière de retour et de réadmission ».
Depuis quelques années, l’Europe fait face à une crise migratoire sans précédente avec des arrivées massives d’africains et d’asiatiques sur son territoire avec le corolaire de drames. La vie de ces milliers de candidats à l’immigration qui meurent en mer ne présente pas grand-chose pour les dirigeants occidentaux qui brillent au moins par leurs grandes déclarations et discours pompeux.
Avec l’afflux des migrants africains et asiatiques vers l’Europe, les dirigeants de Bruxelles doivent se résoudre à reconnaitre l’échec de leur politique en matière d’immigration. Emue et scandalisée, la députée européenne Eva Joly, en réaction à la mort de plus de 700 migrants en Méditerranée, parlait en avril 2015 d’une « faillite morale, qui prouve l’orientation absurde, inefficace et dangereuse de la politique de Bruxelles en matière d’immigration ».
Des structures comme Frontex, agence européenne de coordination aux frontières et de contrôle de l’immigration et des opérations financées à des millions d’euros à l’image de Mare Nostrum et Triton, ne constituent pas la solution. Ni Frontex, ni les barbelés n’empêcheront les candidats à l’immigration de prendre le chemin s’ils ne trouvent pas mieux dans leurs pays d’origine secoués pour la plupart par des conflits armés et autres crises politiques alimentés depuis l’occident.
L’une des raisons qui poussent la jeunesse du continent à mourir dans le désert ou à la mer est sans doute le manque de perspectives découlant de l’absence de visions de l’élite dirigeante africaine corrompue et se complaisant dans des dépenses de prestige, loin des besoins réels des populations.
Les dirigeants occidentaux sont à la fois pyromanes et pompiers. Ils sont prêts à financer des élections à des coûts de milliards pour promouvoir une démocratie au service d’une minorité qui pille et vole les ressources publiques au détriment de la majorité.
Ils encouragent leurs multinationales à piller les ressources minières africaines avec la complicité de l’élite dirigeante corrompue comptant plutôt sur la protection occidentale que sur le poids du peuple, et au même moment, ils affirment avoir la volonté d’aider l’Afrique à amorcer son développement.
Ces mêmes dirigeants occidentaux, à travers des institutions comme le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, encouragent des politiques sauvages de privation qui jettent dans la rue de nombreuses familles et empêchent des jeunes diplômés de trouver du job et, ils osent s’alarmer de la mort des migrants. Quelle hypocrisie !
Il ne faut rien attendre de ce sommet. Car rien de concret ne sortira de ce bal de l’hypocrisie. N’ayant aucune volonté de résoudre le problème, l’Occident va continuer à dicter sa politique unilatérale et à faire pression sur les Etats africains qui resteront sans réaction. Des embarcations continueront à chavirer en mer. Des véhicules continueront à tomber en panne en plein désert. Les dirigeants africains verseront toujours des larmes de crocodile à l’annonce de ces drames. Les responsables de l’occident se singulariseront davantage par leur hypocrisie.
Tant que l’occident continue à créer et à entretenir des foyers de tension, à soutenir une élite africaine corrompue sans vision, à encourager le pillage des ressources naturelles par leurs grandes multinationales, à se focaliser sur une approche sécuritaire au détriment d’une gestion concertée du phénomène migratoire, il y aura toujours des jeunes candidats à l’immigration prêts à mourir en mer.
Chiaka Doumbia