N’ayons pas peur des mots : le Mali est, dans les faits réels, en récession, tant les taux de croissance pompeusement annoncés n’ont aucune répercussion sur les conditions de vie des citoyens. Certes, l’état de famine n’est pas déclaré, mais la situation économique et la crise financière sont telles que les Maliens souffrent le martyre. Aujourd’hui, ils sont partagés entre l’inquiétude du quotidien et le désespoir du lendemain. Inflation, cherté de la vie, rareté de l’argent, forte demande sociale, faim et soif, marasme latent, tel est le lot des problèmes que les populations côtoient en longueur de journée. Sous l’ère IBK !
C’est évident et incontestable : pour les Maliens, chaque jour est plus difficile que la veille ; l’avenir s’annonce plus sombre que le présent. La faute ? A la gravissime crise économique et financière qui frappe le pays depuis l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Kéïta en septembre 2013.
Cet homme, qui promettait tous les bonheurs aux Maliens, est la cause de tous leurs malheurs que ceux-ci vivent en ce moment. Pourtant, le président (plébiscitée à plus de 77%) avait toutes les armes en main pour réussir sa mission, celle de driver un Mali remis en selle par Dioncounda Traoré et surtout une équipe gouvernementale conduite par l’expérimenté Django Cissoko au terme d’une Transition rondement conduite. Toutes les armes ? Oui ou presque !
Primo, IBK a hérité d’un pays sur les rails, avec une intégrité territoriale recouvrée et des institutions élues. Il se devait juste de sauvegarder ces acquis, les consolider et entreprendre un redressement, voire une véritable relance économique.
Secundo, l’ensemble de la communauté internationale lui était entièrement acquise, sans doute pour son plébiscite et pour le retour à la normalité constitutionnelle.
Tertio, du fait que le pays sortait d’une mauvaise passe, le nouveau président bénéficiait d’un délai de grâce avant tout jugement sévère sur les premiers faux de sa gestion.
Mais hélas, en un laps de temps, IBK dilapida tout ce capital, avec une mal gouvernance inégalée qui plonge le Mali dans une situation chaotique.
L’erreur fatale qu’il commit d’emblée fut d’occulter les vraies priorités et de se lancer à la recherche du confort personnel et familial (« Ma famille d’abord ! ») et dans d’autres actes budgétivores. Ce qui fait que ses gouvernements successifs ont passé tout leur temps à gérer des scandales. Quels sont ces scandales ?
Scandales liés à l’achat de l’avion présidentiel (16 à 21 milliards de FCFA selon les interlocuteurs) et au marché du contrat d’armement (108 milliards de FCFA). Scandale des surfacturations (entre 28 et 39 milliards selon les structures de contrôle). Scandale lié aux supposés liens avec le parrain des parrains corse, Michel Tomi.
Scandales relatifs à la rénovation du Palais présidentiel de Koulouba et de la résidence privée de Sébénicoro, à l’affaire « Ma famille d’abord ! ». Et Scandale de la suspension de l’appui budgétaire des institutions de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale. C’est de là et de là surtout qu’est parti le drame économique et financier des Maliens.
Etat de dénuement généralisé !
Mais, avec la reprise de l’aide budgétaire du FMI et de la Banque mondiale, IBK a eu une seconde chance de se racheter. On était donc en droit de s’attendre à que le gouvernement se tourne vers les préoccupations quotidiennes des populations. Erreur ! D’autres scandales surgissent, qui occupent le temps des gouvernants, loin des préoccupations des populations.
Aujourd’hui plus que jamais, le quotidien des Maliens est compromis et relégué au second plan par le gouvernement.
Les plus optimistes des Maliens n’entrevoient aucune raison d’espérer en l’avenir. Ils avancent comme preuves, l’état de dénuement généralisé dans lequel les populations sont confinées et, surtout, la mauvaise gouvernance.
Ce mode de gestion des affaires publiques a instauré un marasme économique et une crise financière sans précédent. Parce que les ressources financières qui auraient dû etre injectées dans le développement du pays et la gestion du quotidien des Maliens ont été allouées à des fins de privilèges présidentiels, paralysant l’administration et assommant les Maliens.
Combien sont aujourd’hui les Maliens qui préparent le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner? Combien sont-ils qui mangent à leur faim ? Ils ne sont pas nombreux. Chacun vit au jour le jour.
La situation est exacerbée par une inflation qui n’est pas maîtrisée sur le marché où les prix des produits de première nécessité, les céréales de grande consommation et les hydrocarbures ne redescendent plus dès qu’ils augmentent.
Que dire de l’argent ? Il n’est visible ni dans les poches, ni dans les mains. Ni dans les caisses, ni dans les comptes. Ni dans Orange money, ni dans Mobicash. Encore moins dans Wari ou Lemonway. Ce précieux métal semble tout simplement avoir fondu sous la forge.
Alors, comment, dans ces conditions, s’offrir à manger, pour vivre ? A moins que les 5000 milliards de la Chine (toujours attendus) et les 2000 milliards de Paris ne viennent enfin à la rescousse des 16 millions de Maliens.
Sékou Tamboura