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Accord de réadmission au centre des débats à la valette : Une affaire délicate
Publié le jeudi 12 novembre 2015  |  L’Indicateur Renouveau
Sommet
© Présidence de CI par DR
Sommet de La Valette à Malte sur la Migration
Sommet de La Valette (Malte) sur la Migration en présence du Président de la République, SEM, Alassane OUATTARA, ce mercredi 11 novembre 2015.




Les Européens cherchent à obtenir des pays africains qu’ils reprennent plus facilement leurs ressortissants déboutés du droit d’asile. La réadmission est un sujet délicat. Il faut avoir à l’esprit que ces personnes ont bravé la mort, traversé des déserts et la Méditerranée, a insisté le président sénégalais. « Des milliers sont morts, certains sont rescapés, moi je pense que pour ceux qui sont déjà en Europe on devrait avoir une discussion franche. Voir ceux que l’on peut régulariser et pour le reste, nous étudierons en fonction des accords qui nous lient à l’Union européenne quelle est la meilleure manière de gérer cet aspect.»

Le refus historique d’ATT

Voilà qui ouvre le débat et qui promet des discussions pas toujours faciles ce mercredi soir pour les participants au sommet. On attend le discours du président français François Hollande, ensuite les dirigeants africains et européens se mettront au travail à huis clos pour leur première réunion avant d’entamer leur dîner de travail. Mais s’il est clair qu’aujourd’hui l’objectif est identique, pour l’instant les moyens d’y parvenir ne sont pas totalement partagés.

En tous cas, pour le Mali, l’accord de réadmission est un sujet très délicat. Jusqu’ici, notre pays a refusé de le signer. Ce qui est considéré par beaucoup comme l’une des raisons du désamour entre les anciens présidents Nicolas Sarkozy et Amadou Toumani Touré dont le renversement serait intimement lié à ce dossier. Donc, un dossier délicat à gérer pour IBK qui sait les enjeux pour notre pays dont des dizaines de milliers de ressortissants vivent en France et en Espagne. “Les droits des Maliens de l’extérieur risquent d’être totalement spoliés avec les accords de réadmission que l’État français veut faire signer à l’État malien. Certes l’État français fait de fortes pressions sur l’État malien comme sur tous les États africains pour qu’il signe cet accord, mais l’État malien doit résister, notamment lors de la 8ème réunion du comité franco malien qui se tiendra à Paris du 17 au 19 mars 2008. Nous devons résister. Le Mali ne doit pas s’agenouiller”. C’est en substance, la synthèse de l’appel rédigé par l’association malienne des expulsés et son collectif de soutien, à l’issue du forum sur l’émigration organisé du 15 au 16 mars 2008, au centre Djoliba.

La grande hostilité des Maliens

A l’appel de plusieurs associations maliennes, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à l’époque pacifiquement à Bamako et à Kayes (ouest, région d’origine de l’écrasante majorité des Maliens vivants en France) pour demander que Bamako ne signe pas cet accord. “Il n’est pas question de signer. Signer, c’est vendre nos parents en France. Nous n’accepterons jamais. Nous resterons mobilisés”, avait déclaré à l’AFP, Tahirou Bah, président du “Mouvement des sans-voix”, principal organisateur de la manifestation à Bamako. Plusieurs organisations non gouvernementales françaises s’étaient mobilisées contre cet accord. Pour Attac (altermondialiste), “cet accord consacrerait la coopération des autorités maliennes à la politique française de chasse aux sans-papiers, en facilitant la délivrance de laissez-passer permettant l’expulsion effective des Maliens en situation irrégulière en France”. Quelque 4 millions de Maliens vivent à l’étranger, essentiellement en Afrique (Côte d’Ivoire, Sénégal…) et quelque 200.000 en Europe. L’argent des Maliens de l’extérieur représente 10% du PIB de ce pays de 12 millions d’habitants en grande partie désertique, classé parmi les plus pauvres du monde mais bénéficiant d’une image positive auprès de la communauté internationale en raison de sa stabilité et de ses institutions démocratiques. La communauté malienne en France, ancienne puissance coloniale, totalise 120.000 personnes, dont 45.000 en situation régulière, généralement dans des emplois peu qualifiés. Les transferts d’argents des “Maliens de France” vers leur pays d’origine est supérieure à l’aide publique au développement (APD) versée chaque année par Paris à Bamako. La France a déjà signé sept accords de gestion concertée des flux migratoires (Cap Vert, Sénégal, Gabon, République démocratique du Congo, Bénin, Tunisie et Ile Maurice). Cinq autres accords de ce genre sont en gestation (Mali, Burkina, Cameroun, Haïti et Egypte).

Nabila Sogoba Avec RFI
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