Pendant que les pays ouest-africains et du Sahel hésitent à s’organiser pour faire face à la menace sécuritaire, les connexions terroristes se multiplient. Malgré l’échec du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le jihad se reprend progressivement.
Les nouveaux visages que présente le terrorisme dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel échappent aux Etats. En l’absence d’une coopération franche, les connexions terroristes se multiplient et tentent de s’étendre sur un bon nombre de pays jusque-là épargnés par le phénomène.
L’arrestation au Sénégal la semaine dernière d’un groupe de religieux est la preuve de cette nouvelle forme d’expansion du terrorisme. Ici, nous ne parlons pas de cellules dormantes qui existent et que les forces de sécurité ont du mal à démanteler. Mais, ce qui est inquiétant, c’est désormais la connexion qui existe et qui se renforce entre milieux jihadistes.
Non loin de chez nous, les leaders religieux extrémistes arrêtés au pays de la Terranga ont eu des activités à la frontière de notre pays, ce qui renforce la suspicion. Est-ce qu’ils font partie de ce noyau qui s’organise entre les différentes frontières avec le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ?
Les enquêteurs sénégalais tentent néanmoins de percer le mystère, en attendant que notre pays dresse le portrait-robot des présumés jihadistes repérés dans ces localités. Si c’est connu qu’Aqmi a des ramifications avec Boko-Haram, que Mourabitoune et Forces de libération du Macina travaillent ensemble, un grand flou entoure la nature de la collaboration entre les autres entités terroristes éparpillées dans les pays ouest-africains.
Kouffa ou le mystérieux jihadiste du Macina
Désormais, tous les regards sont tournés vers le cerveau des Forces de libération du Macina HamadounKouffa. Difficile de savoir où il se cache, toutefois de nombreux observateurs estiment qu’il bénéficie d’un soutien de taille dans un pays voisin.
La preuve, à chaque fois que ses éléments mènent une attaque, ils se replient en direction de ce pays dont nous préférons, pour l’heure, taire le nom.A la différence de ses homologues terroristes, le FLM communique peu au téléphone. Ses éléments opèrent soit à moto, à dos d’âne et à pieds en sillonnant villages et hameaux. Ce qui rend leur traque périlleuse pour les forces armés et de sécurité.
Une chose fondamentale, Boko-Haram du Nigeria est devenu depuis un moment une filiale de l’Organisation de l’Etat islamique (EI). Certes, le Mali connaît ce que certains appellent ironiquement MogoHaram (individu proscrit par l’islam), les Forces de libération du Macina. Son chef de guerre s’appelle HamadounKouffa dont le grand public ne connaît pas vraiment les origines ni les repères.
La seule identité, il réclamerait la paternité d’un Mouvement de libération du Macina. Apparemment, il aurait un adepte, un certain Souleymane Ahmed, né ex-nihilo, qui avait revendiqué la prise d’otages de Sévaré. Tous deux seraient proches du démoniaque Iyad Ag Ghaly, fondateur et gourou du mouvement jihado-terroriste Ançar Eddine.
Le hic est que malgré la présence des Forces armées maliennes (FAMa), françaises et onusiennes, HamadounKouffa prospère dans le Centre du pays comme Iyad Ag Ghaly sévit dans le Nord. D’où cette épineuse question : comment, avec tous les moyens mis en œuvre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international, des terroristes locaux continuent-ils de glisser entre les mailles des filets ?
Alpha Mahamane Cissé