Pour une peccadille, les partis politiques de l’opposition crient au scandale allant jusqu’à cracher du feu. Les partenaires ont signifié au gouvernement de ne plus compter sur leurs financements. Pour pallier au manque à gagner, ils exhortent le pouvoir à augmenter la part des impôts dans le budget national : donc à sucer les maliens qui n’ont plus que la peau sur les os. Autant dire qu’ils le mettent entre choix : « désobéir à l’ordre » ou accabler les pauvres qui vont finir par se révolter. Tel est du reste le bas de la manœuvre.
En décembre 2014, le gouvernement du Mali et les partenaires techniques et financiers- Ptf- ont procédé à la revue budgétaire conjointe. Cette grosse consultation annuelle permet aux Ptf de revoir le parcours effectué et de donner des ordres (recommandations). A cette occasion la séance de deux jours de travail intensif voyait la participation d’une dizaine de membre du gouvernement-dont Bathily l’alors n°2 du gouvernement et ministre de la justice-qui faisaient face à la totalité des Ptf accrédités à Bamako soutenus derrière eux par leur staff respectif. Sur leur côté, (droit pour la partie malienne et gauche pour ‘’nos amis qui sont venus nous aider’’ trouvait Fily Sissoko –alors ministre de l’Economie et des finances-flanquée de la Banque Mondiale, de la Boad, de la société civile et du secteur privé. C’est Madame Boiré Fily Sissoko qui dirigeait les débats –avec maestria et classe, il faut dire.
Quatre documents de base avaient été préparés et distribués aux « congressistes ». Leur lecture-la presse n’en a pas – permettaient de savoir que durant les années passés, les annonces de financement au profit du Mali avaient baissé nettement en volume et qu’en plus, elles n’avaient été que faiblement réalisées dans les faits. Et pourtant les documents (élaboré par les soins du Ministère de l’Economie et des Finances démontraient que le Mali avait rempli 98% des conditionnalités. Donc, il apparaissait clairement que les Ptf avaient profité de la période ou le Mali était dans les pires des difficultés pour l’étrangler financièrement.
Du ‘’minage’’ sous terrain au ‘’Tchikan’’ Français
A l’occasion de ces deux jours de travaux à l’hôtel salam, le gouvernement du Mali a entendu, subit, et enduré tout sauf le « salam » (la paix). En effet les Ptf ont été claire pour passer le message « Tchikan français ». Traduit en langage non diplomatique cela voulait dire : « cela n’est pas un hasard si vous avez peu reçu de nous ces dernières années. Vous n’allez plus rien recevoir du tout ; le nord est en retard et l’argent doit aller là-bas. Donc débrouillez-vous.
Gouvernance et gérance, surveillez bien vos maigres ressources punissez sévèrement les détourneurs. Et surtout, augmentez les imports existants et créer de nouveau pour renflouer le budget. La Douane, elle est certes une ressource mais depuis le moyen-âge, elle ne représente que 1% des entrées en pays développés. Donc les Ptf retiennent la douane ils insistent surtout sur la suppression des subventions accordées lors des importations. Après ce « tchikan » ou le ministre Bathily a été personnellement et sévèrement molesté par l’ensemble des Ptf : il y avait le dossier de l’avion présidentiel, des achats militaires et autres « fausses factures ». Les Ptf ont reproché au ministre qu’à ce jour, personne n’était en prison. Ce jour-là, lui-même et Fily Boiré savaient que leur sort était jeté.
Faire les moustiques avec le smig des pauvres
Mais revenons au message –tchikan, donné à IBK par ministres entreposés : les financements seront pour le nord, étrangler les opérateurs économiques, la santé et l’agriculture en supprimant les subventions, sucer encore le sang, asséché des maliens par l’extrême pauvreté en augmentant les taxes, surtout ce qu’ils achètent en augmentant les impôts et en créant d’autres impôts.
Traduit sur le terrain du réel quotidien, cela revient à mécontenter les citoyens, à les faire haïr leur président à se révolter contre son pouvoir.
Mais ce n’est pas la tombe d’IBK que les bailleurs de fonds sont en phase de creuser ainsi. Mais celle de la société malienne, de l’Etat malien et du futur du Mali – les maliens peuvent rester tranquillement assis, convaincus que les financements viendront. Les financements, c’est l’appât au bout de l’hameçon du pécheur : on ne le mange pas impunément.
Amadou Tall
Assemblée Nationale
Un accouchement dans la douleur
Après plusieurs tentatives, le bureau de l’Assemblée nationale a enfin été renouvelé la semaine dernière, au forceps. Les négociations et autres conciliabules ont été longs dans les coulisses. Au sein du parti présidentiel-Rpm- le pire a été évité in extremis !
Pour les querelles de postes et de positionnement, le renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale n’a pas été facile au début, surtout au sein du Rpm ou certains élus (les frondeurs) avaient menacé de former leur propre groupe parlementaire. Mais au finish, un nouveau bureau presque la copie conforme du précédent a été formée.
Elu pour 5 ans la durée d’une législature, l’honorable Issaka Sidibé garde la Présidence. Il est aidé dans sa tâche par dix (10) vice-présidents, dix (10) secrétaires parlementaires, et à côté dix (10) autres commissions. Le Rpm, avec ses 76 députés, détient 5 vice-présidences sur dix (5/10). Il garde le poste de la 1ère questure ainsi que 5 secrétaires parlementaires sur dix (5/10).
Les alliés du Rpm : L’Alliance pour le Mali (Apm), a 3 vice-présidents/10, la 2ème questure et 1 secrétaire parlementaire. Et quant à Adema, il détient la 4ème vice-présidence, les postes de 3ème et 10ème secrétaire parlementaire.
Le groupe parlementaire de l’opposition : Vigilance Républicaine Démocratique (Vrd), a la 3ème vice-présidence, les postes de 2ème et 9ème secrétaire parlementaire.
Les députés frondeurs du Rpm n’ont pas totalement perdu, au contraire. Le 1er vice-président de l’institution parlementaire, l’honorable Mamadou Tounkara élu à Kita, a conservé son fauteuil, tandis que son collègue de Dioïla, Yiri Kéita devient le nouveau président de la Commission des Travaux Publics à la place de Yacouba Traoré. L’honorable Zoumana N’tji Doumbia devient le président de la commission des lois.
Soulignons que pour le reste, il ne s’agit que de permutations entre les élus d’un poste à un autre.
Aliou Touré