Débat de caniveau : Les partis de la majorité n’en veulent pas ?
La guéguerre entre le président I.B.K et le président du PARENA a occupé les médias d’Etat et privés pendant deux semaines.
Le premier accuse le second d’avoir tenté de saboter sa visite d’Etat, première du genre pour le Mali en France, en faisant lancer des tracts à Paris la veille de cette visite d’Etat.
L’escalade verbale d’I.BK contre Tiéblé a connu un nouvel épisode lorsque le Ministre de la communication, porte parole du gouvernement sur l’ORTM a lu un communiqué sans odeur ni saveur reprenant les mêmes accusations proférées par le président IBK contre Tiéblé DRAME.
Quelques heures plus tard, le Ministre Djiguiba KEITA dit « PPR » est venu à la charge contre le ministre de la communication et la volonté du président IB.K de museler l’opposition et la pensée plurielle. Selon le professeur Ali Nouhoum DIALLO, ce communiqué du gouvernement du 27 octobre est une nouvelle arme du terrorisme d’Etat. Cette façon de faire du président I.B.K ne pourra pas annihiler la capacité d’indignation des Maliens face à la mal gouvernance instaurée depuis l’arrivée d’IBK à Koulouba. Pour lui, les démocrates, les républicains, les vrais ne se tairont pas.
Oui pour l’union sacrée autour du président IBK, mais non à l’unanimisme.
Quant à Konimba SIDIBE, président du Mouvement pour un destin commun (MODEC), il pense que c’est le Mali qui est grand perdant dans cette escalade verbale parce que cette violence injustifiée du débat politique est plus dévastatrice pour l’image de notre pays que le tract de l’opposition incriminé. Car elle questionne fortement la maturité de notre régime démocratique et le niveau de notre préoccupation à sortir notre pays de la crise grave qu’il traverse. Konimba SIDIBE fait remarquer qu’il doit être clair pour tous que l’obligation de rendre compte des dirigeants du pays est la seconde mamelle du régime démocratique que nous avons conquis au pris du sang et elle doit être pleinement effective. Y renoncer tout en voulant garder ce régime de démocratie représentative sera fatal pour le Mali. Par conséquent, il faudra placer la force de l’augmentation au cœur du débat politique et non l’argument de la force. Certains cercles proches du président I.B.K accusent les partis membres de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle (CMP) d’avoir gardé un silence assourdissant dans la polémique entre IBK et Tiéblé. Pour ces cercles proches d’IBK, il y a peu de temps, les responsables politiques des partis de la CMP sortaient pour des exercices de communication autour de l’accord d’Alger, lors de la célébration des deux ans d’I.B.K au pouvoir pour dire que tout se passait bien dans le meilleur des mondes.
Mais lors de cette escalade verbale, l’on avait pensé alors que la conférence du 31 octobre 2015 de l’opposition allait faire sortir les partis de la CMP de leurs gongs. Rien n'y fit car ils savent qu’I.B.K, lorsqu’il était étudiant en France, a lancé des tracts contre le général Moussa TRAORE qu’il qualifie aujourd’hui de républicain. Au contraire, quelques leaders de la CMP ont fait savoir leur avis sans ambages. Il s’agit de Soumeylou Boubeye MAÏGA et du secrétaire général de l’ADP-MALIBA. Ils sont opposés au fait que le président ait voulu lui-même se rabaisser jusqu’à ce niveau en accusant Tiéblé alors que les auteurs du tract incriminé se sont fait connaître depuis la France.
Ce n’est pas la première fois que la CMP soit accusée d’inactive politiquement par le président I.B.K. En effet, lors de sa tournée en Août 2015 dans la région de Sikasso c’est le président IBK lui-même qui est sorti de sa réserve pour dire qu’il ne sent la majorité que lorsqu’il s’agit de postes nominatifs. Il a insisté sur le manque de visibilités politiques de ses alliés politiques : leur absence dans un rôle politique. Certains dirigeants des partis de la CMP pensent qu’il leur est difficile d’avoir des arguments pour défendre le président devant une opposition minoritaire mais tout de même costaud avec des arguments tirés des faits réels de mal gouvernance. Selon ces cadres, depuis l’arrivée d’I.B.K, nous sommes devant des cas de surfacturations : achat d’avion présidentiel, d’équipements militaires, les 1000 tracteurs, pour lesquels d’ailleurs le PARENA a introduit la semaine dernière une plainte de vérification de la procédure d’acquisition, les engrais (frelatés). S’y ajoutent la tentative de vente de la place du cinquantenaire à une société américaine introduite par son fils Karim KEITA, la légèreté dans les actes d’annulation des titres fonciers des agences immobilières qui ont été tous annulés en haut lieu par la section administrative de la cour suprême.
L’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation signé au forceps par chacune des parties donne une autonomie déguisée aux régions du nord où une gestion de type fédéral est instaurée entre l’Etat central et les régions du nord, particulièrement Kidal qui dispose de son armée et interdit à tout responsable malien.
Lorsqu’I.B.K même, lors de sa rencontre avec les bailleurs de fonds de l’OCDE le 22 octobre 2015 à Paris, déclare qu’il faudra que Kidal soit une capitale digne de ce nom ! On peut se poser la question de savoir de quelle capitale s’agit-il ? S’agit-il d’une capitale régionale ou d’une capitale de l’Etat de l’Azawad ? Si le président IBK peut édifier le peuple malien sur la question, cela évitera les interprétations. Les parties de la CMP n’ont pas d’arguments sérieux face à l’opposition parce que les slogans « Le Mali d’abord et l’honneur et le bonheur des Maliens » de la campagne présidentielle sont devenus la famille d’abord et le déshonneur et le malheur des Maliens. Cette accusation lancée contre les partis de la CMP se passe à un moment où Paris conditionne l’utilisation des 2000 milliards de F CFA des pays de le l’OCDE à la non présence de la famille dans le nouveau gouvernement à venir et dans les affaires de l’Etat. Cette accusation contre les partis de la CMP se passe à un moment où la France conditionne l’utilisation de ses fonds à la nomination d’un touareg à la tête du prochain gouvernement. Pour cela, le ministre de la décentralisation Mohamed Ag ERLAF est pressenti selon une certaine source. La France a fait cette suggestion à IBK tout en vantant le cas nigérien qui selon elle a été jusque là une réussite.
Pour toutes ces raisons, les partis de la CMP disent garder leur dignité et rester en parfaite harmonie avec leur conscience. Ils se sentent fatigués de faire toujours le griot KOUYATE derrière une gouvernance dont le bilan est loin d’être défendable.
D’ailleurs ils nous est revenu qu’un chef d’Etat africain, après avoir écouté les propos de son collègue IBK, aurait dit qu’il savait que son homologue malien n’était pas un gros travailleur, mais avec cette sortie il est convaincu que son collègue n’a aucun dossier sérieux sur son bureau au point d’avoir le temps de s’occuper des activités malveillantes ou supposées telles de ses opposants.
Les partis de la CMP se sentent toujours écrasés par leur partenaire, le RPM. La mise en place du nouveau bureau de l’Assemblée nationale, la semaine dernière, est là pour étouffer cette thèse. En effet, au sein des deux structures cumulées (bureau et commission) le RPM seul a 27 élus, contre 13 pour les alliés ADP-MALIBA, l’ADEMA et sept pour l’opposition. Ils sont convaincus que le bilan n’est pas éloquent pour eux et que la propagande, c’était du temps de l’union soviétique. Actuellement, c’est le bilan qui peut répondre à l’opposition. Et comme ce n’est pas le cas, leur honneur réside à se taire comme une carpe du fleuve Niger.
Seydou DIARRA