C’est en sanglot que Maïmouna Helène Diarra, la grande comédienne s’est adressée aux participants de l’assemblée générale de la fédération des artistes du Mali. Qui s’est tenue à la Pyramide du Souvenir, siège de ladite fédération. ‘‘Je suis chrétienne, j’ai des frères musulmans nous vivons en parfaite harmonie dans notre famille, mais comment des gens au nom de l’islam peuvent détruire les églises de Gao et Tombouctou, comment les chrétiens de ses zones vont pratiquer leur religion, dans un pays laïc ». Tour à tour les artistes venus écouter la direction, étaient tous sous le choc, la tension vive, les mines serrées. Kary Bogoba Coulibaly prit la parole. »Nous nous sommes laissés diviser, il est temps qu’on se dise certaines vérités, nous n’avons pas joué notre rôle. Il faut qu’on se réveille et que nous prenons notre destin en main. Tout le monde peut nous écouter, nous avons les moyens, avec la musique, le théâtre, les dessins, et autres expressions culturelles, nous devons nous assumer ».
Le photographe Emmanuel Daou, le cinéaste, Salif Traoré ou encore la jeune chanteuse, Ami Wassidjé ont tous abondé dans le même sens. Pour l’enfant de Diré, les paroles ne servent plus à quelque chose, il faut des actions car les populations des régions nord n’ont plus de nourriture, plus d’eau ni d’électricité. Pour Bassékou Kouyaté, il faut une priorisation des actions, l’urgence, c’est l’aide aux populations, mais un artiste est un homme de dialogue, de parole. Pour lui les artistes doivent s’unir pour faire des actions concrètes. Djodama du groupe Tata Pound , préconise des chansons sur la crise tant en solo qu’ en groupe. Il a demandé aux artistes qui font des concerts à travers le monde de profiter de ces occasions pour défendre le pays. ‘‘il faut que vous parlez d’unité nationale, parce que c’est ce que les gens du MNLA font en France, donc partout où nos frères vont en concert, ils doivent parler de l’unité nationale, pour expliquer au public la réalité du terrain, afin que le monde puisse comprendre les réalités ». Quant à Baba Salah Cissé, il pense que le dialogue doit être l’arme première, car en cas d’attaque des régions occupées, les populations seront les plus exposées, car les groupes armés ne sont pas nombreux, comme les gens le pensent. ‘‘Nous ne voulons que la paix, nos parents souffrent déjà, on ne doit pas aggraver la situation avec les armes. Le gouvernement doit négocier, parce que la plupart des populations du nord, ne sont pas d’accord avec la division du pays. On ne peut pas diviser un pays, ou amener les gens dans un Etat, qu’ils n’ont pas souhaité. Donc faisons attention, nous sommes en contact avec nos parents, ils savent que le pays ne sera pas divisé tout comme nous ici. Nous sommes contre toute division du Mali ».
Les artistes du Mali ont salué la nomination de Youssouf N’Dour comme ministre de la culture et du tourisme du Sénégal, c’est pourquoi certains d’entre eux pensent qu’au Mali, les choses doivent changer avec un homme de culture à la tête du ministère de la culture, afin que les choses avancent. Le secrétaire général de la Fedama, Modibo Konaté, a fait la synthèse des travaux en quatre lignes qui sera soumise à tous les artistes du Mali. Oumou Sangaré la diva du Wassoulou était aussi de la rencontre. Les recommandations de cette assemblée générale seront remises à tous les artistes du Mali.