BAMAKO - "Les Français nous ont vraiment sauvés!", affirme Moussa Touré, un habitant de Bamako, après l`intervention militaire française ayant permis à l`armée malienne de stopper l`avancée des jihadistes vers le sud du Mali.
"Les islamistes allaient progresser rapidement vers nous sans
l`intervention de l`armée française", explique Moussa, la trentaine, discutant
avec des jeunes autour d`un thé, à l`ombre d`un mur, dans le quartier de
Ntomikorobougou.
"Je remercie très sincèrement la France de cette initiative salutaire",
renchérit Aliou Daou, un autre Bamakois.
Pour M. Daou, l`implication militaire de la France vient "à un moment
crucial" pour le Mali, dont le Nord est en 2012 un sanctuaire pour les groupes
islamistes armés liés à Al-Qaïda, qui l`occupent depuis neuf mois en y
appliquant la charia (loi islamique).
Après avoir pris jeudi à l`armée malienne la ville de Konna (centre), ils
ont déclaré vouloir progresser et installer leur emprise sur le Sud, sous
contrôle gouvernemental, mais ont été stoppés par l`armée malienne avec
l`appui, aérien notamment, de la France. Konna était samedi sous contrôle des
forces maliennes, selon des militaires maliens et des témoins.
"Certains hommes politiques avaient (fait) un mauvais jugement sur la
France, qui prouve sa bonne foi en envoyant des troupes aux côtés de l`armée
malienne", commente Abdoulaye Coulibaly, 42 ans, comptable dans une société de
commerce.
Sur le Boulevard de l`Indépendance, point névralgique des manifestations
politiques dans le centre de la capitale, un jeune vendeur de cartes de
recharge de téléphone s`exclame: "Merci (François) Hollande!", le président
français.
Dans la circulation, quelques drapeaux français sont visibles, accrochés à
des voitures. Dans les rues, des passants ont l`oreille collée à la radio pour
suivre les dernières informations.
Décidée suite à la demande des autorités de Bamako, l`intervention
militaire aérienne française à Konna a permis de stopper vendredi la
progression vers le Sud des islamistes armés.
"Service après-vente de la guerre en Libye"
Plusieurs Maliens, des militaires notamment, s`étaient déclarés hostiles à
la participation de troupes étrangères dans la reconquête du nord du Mali,
malgré l`état de déliquescence de l`armée malienne.
Intervenus seuls en milieu de semaine à Konna, les militaires maliens ont
été contraints au repli par les jihadistes, selon des sources concordantes.
L`intervention française est "conforme à la légalité internationale et dans
la ligne de l`amitié entre la France et le Mali. M. Hollande a fait ce que les
Maliens attendaient" de lui, a estimé l`opposant et ex-Premier ministre
Ibrahim Boubacar Keïta sur l`antenne de Radio France Internationale (RFI).
Un autre Bamakois, tenant à garder son anonymat, soutient que les
islamistes ont pu s`emparer de villes et localités du Mali par la faute des
"Occidentaux", en allusion à la guerre de Libye en 2011.
Les Touaregs ayant alors combattu aux côtés des troupes du colonel Mouammar
Kadhafi sont revenus du front avec des armes qui ont été plus tard utilisées
contre l`armée malienne dans le nord du pays.
"Ce sont les Occidentaux qui nous ont plongés dans cette situation",
accuse-t-il, trouvant normale l`intervention de la France.
Au Mali, "la France n`a pas à assurer elle seule le service après-vente de
la guerre en Libye, les Etats-Unis et l`Otan doivent aussi se salir les mains"
en se joignant à l`intervention, s`emporte un internaute malien.
Pour Aïssata Cissé, une restauratrice au Quartier du Fleuve, l`heure est à
l`union autour de l`armée. "Tous les Maliens doivent oublier leur ego pour
encourager nos soldats à libérer le Nord", déclare-t-elle.
Le calme régnait samedi dans la capitale, où l`état d`urgence est en
vigueur depuis la veille, et où des agents de police étaient visibles à
certains carrefours.