Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article
Économie

Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles : Qui veut déstabiliser la filière coton ?
Publié le lundi 16 novembre 2015  |  Le Pouce
Coton
© Autre presse
Coton malien
Coton malien




Quand la politique prend le chemin des champs des paysans, c’est l’avenir du secteur agricole qui est en jeu. La crise, qui se dessine au sein de la filière cotonnière, n’est pas pour annoncer une bonne nouvelle. Si on ne peut encore parler de « catastrophe », le pire est à envisager si aucune solution rapide n’est trouvée.
Des hommes politiques, en quête d’une certaine popularité, auraient-ils décidé de faire du monde des paysans leur champ de bataille électorale ?
Toujours est-il que depuis un certain temps, le débat politique s’est insidieusement glissé dans le champ des paysans. De là à créer un lien avec ce qui se passe actuellement à la Compagnie malienne pour le développement des textiles SAEM à Koutiala, il n’y a qu’un pas qu’on va cependant se garder de franchir. Pour le moment.
Qu’est- ce qui se passe à la CMDT de Koutiala où une plainte vient d’être introduite au niveau du tribunal par certains responsables de la structure contre des présumés agitateurs qui sèmeraient la confusion dans les esprits des cotonculteurs ?
Selon de sources proches du dossier, un certain Gaoussou Sanogo serait à la base de fausses informations assimilables à une « campagne de dénigrement sur fond d’allégations mensongères ».
Pour les responsables de la CMDT, le sieur nommé, pour des raisons « électoralistes » (la succession de Bakary Togola à la tête des cotonculteurs, est ouverte) cherche à mobiliser les producteurs de coton sur la base de « fausses informations ». En effet, monsieur Gaoussou Sanogo ferait savoir aux producteurs de coton que des « ristournes », qui reviendraient de droit aux producteurs, seraient « gardées » par la Compagnie malienne pour le développement des textiles. Ce à quoi les responsables de la Compagnie répondent par « allégations mensongères » tendant à saboter la campagne cotonnière en cours. Elle s’en explique.
La Compagnie malienne pour le développement des textiles achète le coton aux producteurs, avec un système d’avance. Si les cours chutent trop sévèrement (comme c’est le cas actuellement) et que le prix de revente ne couvre pas le coût des achats, l’Union des producteurs qui détient au moins 60% selon la clé de répartition des recettes de vente du coton (CMDT : 40%) rembourse la différence, grâce à un fonds prévu spécifiquement pour ce genre de « coups durs ».
Le système d’achat par avance de la CMDT permet de rassurer le producteur malien face à l’instabilité des cours mondiaux (liés aux fluctuations). Le risque existe, mais le producteur n’est pas directement concerné.
En effet, le « fonds de soutien » créé et logé dans une banque de la place permet de limiter ce genre de risque pour le producteur de coton. Il est constitué avec les recettes engrangées lors des bonnes années. Sur les 60 % de recettes annuelles qui reviennent aux producteurs, selon une clé de répartition des recettes (CMDT 40%, Union des producteurs 60%), un pourcentage est prélevé pour l’approvisionnement de ce fonds, explique-t-on.
Autrement dit, si le prix final (c'est-à-dire celui fixé en raison des prix fixés sur le plan international) est supérieur au prix initial (celui fixé au plan national entre les acteurs du secteur), une partie du revenu de la filière devra être versée aux producteurs sous forme de complément de revenu que d’aucuns appellent « ristournes ».
Mais, si le prix final est inférieur au prix initial - comme c’est le cas pour la campagne 2014 - la CMDT verse le prix initial aux producteurs (système d’achat par avance) et le fonds de stabilisation encore appelé « fonds de soutien », est utilisé pour compenser la CMDT pour ses pertes.
Le pire des cas, serait que ce fonds s’avère insuffisant pour compenser la perte de la CMDT et c’est le producteur qui serait appelé directement à rembourser ce qu’il a perçu comme supplément. Or, ce n’est pas le cas, pour la campagne 2014. Le fonds de soutien a pu éponger la différence et sécuriser, une fois de plus, le producteur contre le remboursement direct.
Pendant la saison 2012-2013, la CMDT avait été remboursée par le fonds de soutien à cause des chutes du prix du coton sur le plan international. Il n’y avait pas eu de contestation de la part des producteurs, tant le mécanisme est connu et accepté par tous les acteurs.
Pourquoi aujourd’hui, on ferait croire aux producteurs de coton qu’ils ont droit à des « ristournes » alors qu’en réalité, ils doivent à la CMDT par le biais du fonds de soutien ?
Faire de l’agriculture, le moteur de la croissance
Les nouvelles autorités comptent s’appuyer sur l’agriculture pour relancer une économie nationale malmenée par la crise politique et sécuritaire qu’a connue le pays ces dernières années.
15% du budget national, a été accordés à l'agriculture. Et comme mesures incitatives, les autorités maliennes « ont procédé au paiement intégral de la somme de 46 milliards de FCFA représentant le prix d'achat du coton aux producteurs au titre de la campagne agricole 2013-2014, le remboursement intégral de 24 milliards de FCFA au titre du crédit agricole pour l'achat des engrais et 98 % du taux de remboursement des autres créances paysannes. La subvention consacrée à l'agriculture pour la campagne agricole 2014-2015 par le gouvernement malien est estimée à 35 milliards de FCFA dont 12 milliards de FCFA destinés à la CMDT ». Ce qui fait dire qu’une attention particulière est accordée au secteur de l’agriculture.
Cette attention particulière serait-elle la base des attaques politiciennes tendant à saboter les prévisions ? Une chose est certaine : une campagne de dénigrement n’arrange les affaires de personne. Au contraire, c’est le Mali qui perd. Quand le secteur agricole va, c’est l’économie nationale qui se porte bien. Aucun prétexte n’est valable pour déstabiliser un secteur agricole prometteur.
Les campagnes en cours pour la succession de Bakary Togola, à la tête de l’union des producteurs de coton, ne doivent, en aucun cas, constituer une occasion pour déstabiliser la CMDT qui se relève, petit à petit, de son mauvais fonctionnement. L’enjeu est de taille. Il incombe désormais à la justice devant laquelle l’affaire a été transmise de mettre fin à cette chienlit qui ne profite à personne si ce n’est qu’aux ennemis de la nation.
Tièmoko Traoré
Commentaires