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Chouaïdou Traoré s’en est allé : L’amer goût d’une difficile fin de vie.
Publié le mardi 17 novembre 2015  |  La Nouvelle Patrie




Notre Chouaïdou à nous s’en est allé et à jamais. C’était jeudi dernier, presque sur la pointe des pieds, malade et très triste aussi. Oui, très triste de ce que sa fin de vie a été. Une fin de vie très difficile pour ce grand Capitaine de l’Industrie de la presse privée malienne qu’il a été sa vie durant, un grand Capitaine amère mais résigné au crépuscule de sa vie, une si riche vie d’homme de Dieu, d’homme de devoirs.

Mon dieu, reçoit ce grand type dans ton royaume au coeur duquel, le plein de délices est offert aux méritants. Chouaïdou était un de ceux-là. Il croyait en Dieu et louait tous les jours sa grandeur, sa miséricorde. Chouaïdou Traoré, oui, de ton vivant, tu fus un homme de Dieu. Nos échanges, nos derniers échanges, trahissaient une grosseamertume de ce qu’il était entrain de devenir alors qu’il méritait peut-être tout juste de ce qui aurait pu lui ramener le sourire. Le regard compatissant, amical et solidaire de ceux – là, de tous ceux là qui, à un moment de leur vie de politiciens ou autres, ont eu besoin de lui, de son expertise, de sa compréhension. Non, un mauvais retour d’ascenseur. Comment gérer deux journaux paraissant au quotidien, lorsque la vie à soi, n’est que presque une misère. Pourtant, ce
n’était pas faute d’avoir tendu la main en quête d’une main amie, celle qui ne viendra sans doute plus jamais. De nos échanges, j’eus compris l’étonnement de Chouaïdou dans notre optimisme toujours affiché. Nous nous appelions régulièrement, échangions nos vies de misères, de stoïcisme. C’est vrai que nous aimions ensemble faire le loup, ne rien dire, accepter de prendre tout ce qui ressemblerait à un coup, une blessure. Pourtant, ce n’était pas nos premières blessures qui par nature, sont les plus profondes. Jeudi dernier, lorsque la nouvelle de son décès déchira le calme plat pour nous parvenir, je me suis aussitôt souvenu de ce qu’il me disait toujours à la fin de nos échanges, au moment de raccrocher. Il disait, Sory de Motti, courageux comme personne, accroches toi, ne lâche rien et je sais que tu ne lâcheras jamais. Une profonde sympathie pour notre personne, tout comme certains de ses amis, proches collaborateurs ou confrères d’une presse toujours dans la nasse. Mahamane Hameye Cissé, Sadou Abdoulaye Yattara, Belco Tamboura, pour ne citer que ceux-là. A l’instar de ces éminents confrères, grâce à Dieu toujours présents à nos côtés, Chouaïdou aimait et respectait ceux qu’il considérait comme des bonnes plumes.

Vendredi à ses obsèques, les hommes et femmes de qualités que nous avions eu la chance de croiser, étaient peut-être, ceux dont il avait vraiment besoin, pour achever en beauté ce qu’il avait commencé au moment où tout le Mali avait besoin de lui, de sa plume, de ses rubriques derrière lesquelles, tous couraient pour lire ce qu’il disait en ces temps là. Pourtant, beaucoup d’entre eux, étaient sur les lieux, venus lui dire adieu. Chouaïdou méritait – il vraiment cette fin de vie professionnelle difficile même s’il peinait à crier famine ? Avant toi, Cheick Fantamady Keïta tombé sur le champ de l’honneur d’une maudite occlusion intestinale, alors à la fleur de l’âge, confiant aux promesses de la vie, celle qui lui avait fait faux bond, peu après Moutchatcha. De plumes célèbres qui se sont finalement cachées pour mourir, ils sont nombreux même s’ils n’étaient en définitive que de pauvres mortels honorant le deal qu’ils avaient contracté avec le très haut, le tout haut. Sans aucune reconnaissance de la Patrie ? N’avaient-ils pas droit à la petite médaille, au coup du clairon du soldat ? Mamadou Lamine Doumbia, Pierre FO Medjo aussi et sans doute tous ces anonymes de la plume. En serait-il ainsi aussi longtemps que des hommes et femmes blanchissant sous le harnais, finissaient leur vie ? Chouaïdou Traoré, le boss, s’en est tiré à bon compte mais à titre posthume, le président IBK, a décoré sa dépouille. Chouaïdou s’était frotté à la diplomatie en qualité de Consul général du Mali à Djeddah. La vie de plume, celle de la presse privée, mériterait-elle un jour une couronne, non, une reconnaissance qui ne
soit ad patres ? Et pourtant, la mort elle, cette vilaine mort, ne connaît aucun privilégié. Elle prend la vie du prince et de son courtisan de la même manière, tous sont dans la même triste position dans la tombe, sauf peut-être, le drapeau national qui couvre le corps du Prince pour le premier et un quelconque tapis vert sur lequel peut-on lire le nom de Dieu, et de son adoré prophète, Mohamad Ben Mustapha, Ben Abdallah, Ben Abdel Aziz, pour le second. Mon Dieu, bon Dieu, une sagesse bien connue de nos riches terroirs, ne dit –il pas,
qu’au lieu d’acheter un joli et impressionnant cercueil pour son parent mort, qu’il fallait lui donner une soupe au gros capitaine de nos eaux douces ? Dormez tous en paix. Et si la vie et la mort de notre Chouaïdou pouvaient inspirer ?


Sory de Motti
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