Ses opposants lui reprochent la corruption, la cherté de la vie et la recrudescence des attaques jihadistes. Il répond en brandissant les bons chiffres de l'économie. À mi-mandat, Ibrahim Boubacar Keïta se sait condamné… à réussir.
Au début du mois de juillet, il était donné pour mort. Les dernières apparitions le montraient « le teint blafard, l’air abattu, comme sonné », reconnaît un proche du pouvoir. Pendant un week-end, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre dans tout Bamako. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) avait disparu des écrans. Lui, l’homme des médias, si affable d’habitude, beau parleur, adepte du subjonctif, avait « avalé son micro ». La communication de la présidence avait évoqué un voyage diplomatique en Turquie, les faiseurs de rumeurs claironnaient qu’il était parti en catimini se faire soigner d’une maladie « grave » dans un grand hôpital d’Istanbul.
L’insécurité perdure au Mali, malgré l’accord d’Alger
Et puis il est revenu, le dimanche 12 juillet, après quelques jours seulement, tout sourire, conviant les caméras de télévision au pied de son avion pour prouver qu’il était toujours à la tête de l’État. Jamais il n’y eut autant de clichés pris que ce jour-là. IBK était de retour, immortel, dans son soyeux boubou bleu, avec ses éternelles lunettes de soleil. « Tout cela illustre bien l’état du Mali aujourd’hui, un pays en proie aux rumeurs », estime Soumaïla Cissé, principal opposant et ancien candidat à la présidentielle de l’Union pour la république et la démocratie (URD), qui évoque une « désillusion générale face à l’insécurité grandissante, à la corruption, à la cherté de la vie ».
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