On peut ne pas l’aimer, mais il n’est pas facile de trouver à redire par rapport à sa dévotion pour son pays, son amour du travail bien fait surtout. Il s’agit de Moussa Mara, ancien Premier ministre qui a démissionné après neuf mois de bons et loyaux services au profit du Mali. Et depuis son départ du gouvernement, il est devenu l’un des hommes politiques maliens les plus sollicités par les jeunes lors de leurs évènements, soit comme parrain, soit comme conférencier. Ce qui veut dire certainement qu’il est devenu un repère pour la jeunesse malienne.
Un jeune loup aux dents longues, disait un analyste politique à propos de Moussa Mara depuis son entrée en politique. Avant de se présenter en 2007 pour les élections législatives lors desquelles, il avait mis en difficulté l’actuel président de la République Ibrahim Boubacar Keita alors candidat en commune IV pour un second mandat de député.
Le même analyste avait indiqué que malgré son jeune âge, il est politiquement mûr et qu’il faudrait désormais compter avec lui sur l’arène politique malienne. Après avoir été « battu » aux législatives par IBK, Moussa Mara va jeter son dévolu sur la mairie de la commune IV où le maire Issa Guindo du RPM, actuel parti au pouvoir, était candidat à sa propre succession.
Moussa Mara va terrasser tous les candidats. Mais, après son investiture, certains candidats vont saisir la justice et les organes en charge de l’organisation des élections pour invalider ces résultats. Toute chose que Mara va accepter. Avant qu’une délégation spéciale soit mise en place à cette mairie pour assurer l’intérim avant l’organisation d’élections partielles.
Moussa Mara, de nouveau candidat va passer haut les mains, sans que ses adversaires n’aient cette fois-ci à redire.
Investi maire de la commune IV, Mara va changer les choses au niveau de cette mairie. Il va mettre les travailleurs au travail, diminuer au strict minimum les tracasseries et les spéculations liées à l’obtention des documents administratifs au bonheur des usagers. Aussi, il va initier un projet en faveur des jeunes artisans de sa commune, et améliore le taux de mobilisation des taxes et impôts. Sans compter la lutte farouche qu’il va mener contre la spéculation foncière. Pour preuve, il va prendre à bras-le-corps le cas des personnes victimes de spéculation foncière de la part de l’ancien Maire Issa Guindo en complicité avec le maire du District de Bamako, Adama Sangaré.
A noter qu’il va d’ailleurs engager de nombreuses actions en justice contre ce dernier et même gagner des procès contre lui. Avant de remettre de nombreuses familles victimes de spéculations foncières ou d’expropriation foncière dans leurs droits.
Adversaire d’hier, allié sûr d’aujourd’hui
Pendant que Moussa Mara gérait de la manière la plus transparente la mairie de la commune IV, il va créer son parti dans la perspective de se lancer dans la course à la présidence en 2012.
Mais le coup d’Etat du 22 mars 2012 va conduire le pays dans une transition, avec comme missions essentielles, la libération des trois régions du nord aux mains des terroristes et l’organisation d’élection présidentielle pour doter le pays d’un pouvoir légitime. Comme prévu, les élections n’auront pas lieu en 2012, mais en 2013.
Lors de ces élections, Moussa Mara est désigné porte-étendard de son parti, le parti Yèlèma (le changement).
Malheureusement, il va tomber dès le premier tour, avant de soutenir le candidat Ibrahim Boubacar Keita au second tour contre Soumaïla Cissé, candidat de l’URD.
A l’issue du second tour, IBK est élu président de la République avec plus de 77% des voix.
Dans son premier gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly, Moussa Mara, l’adversaire d’IBK lors des législatives de 2007 est nommé ministre de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville. Un ministère où il va montrer ses preuves, toujours sur le terrain. Au bout de quelques mois, Omar Tatam Ly va démissionner avant que Moussa Mara ne soit désigné Premier ministre et chargé de former un nouveau gouvernement. Lors de cette nomination, il n’avait que 39 ans et faisait la fierté de toute la jeunesse malienne.
Dès la formation de son gouvernement, Moussa Mara va mettre son gouvernement au travail, car chaque ministre devrait produire des résultats, être constamment sur le terrain et se soumettre à une évaluation semestrielle.
C’est avec Mara que les Maliens ont vu tous les ministres descendre sur le terrain, poser des actions dans leurs domaines respectifs.
Seulement, Moussa Mara, dès sa nomination faisait face à l’adversité de certains cadres du RPM, qui n’ont jamais pu cautionner que le Premier ministre ne soit pas issu des rangs de leur parti, comme le veut la tradition.
C’est pourquoi, ce jeune Premier ministre a toujours eu du mal à travailler comme il le souhaite, avec certains « super ministres » qui agissaient comme bon leur semble.
Certains de ces cadres n’ont jamais caché au président leur haine viscérale contre le jeune Mara. Seulement, il jouissait de la totale confiance du président IBK.
Mais, ce dernier a fini par céder sous la pression des cadres de son parti. Mais sans pour autant satisfaire à la demande de ceux-ci qui voulaient coûte que coûte que le PM soit issu de leur parti.
Contre toute attente, il a choisi un autre Keita, son ainé de trois ans, l’ancien Premier ministre Modibo Keita qui n’est pas issu du RPM.
Un choix qui démontre à quel point, le président IBK se méfie de certains cadres de son parti qui n’aspirent qu’à un partage de gâteau. Un d’entre eux n’avait pas caché ses intentions après l’élection d’IBK. « L’élection d’IBK est le fruit de plus de 12 ans de lutte, de souffrance. Chacun à son tour chez le coiffeur et c’est maintenant le tour du RPM », disait-il gaillardement après la proclamation des résultats du second tour.
Parti au bout de 9 mois, Moussa Mara est quand même sorti par la grande porte. De nombreux observateurs sont unanimes sur ses compétences, sa rigueur dans le travail et surtout son patriotisme. Mêmes témoignages chez certains de ses anciens collaborateurs.
Mais, pour la jeunesse malienne, il reste et restera un repère, une école, une source intarissable d’inspiration.
Toute chose que la jeunesse manifeste à travers de nombreuses occasions où il est appelé à intervenir soit comme conférencier principal, invité d’honneur ou comme parrain.
D. Diama