La gestion du Mali d’aujourd’hui, sans exagération aucune, en ce qui concerne le pillage des ressources économiques et financières, n’a rien à envier à la Ndrangheta Calabraise, à la Cosa Nostra Sicilienne, à la sainte couronne unie des Pouilles, à la Camorra napolitaine, à la Bratsva russe, au Milieu (mafia Corse). Après tout, IBK et Tomi Michel sont frères. On ne juge un homme au pouvoir ni à travers ses prises de parole, encore moins ses déclarations de foi, mais de par ses actes.
René Dumont avait raison d’écrire : «L’Afrique Noire est mal partie.» Notre président, apôtre des attaques personnelles à la petite semelle, pleurnicheur à la Shakespeare, est tout, sauf un ami de son peuple, soucieux de son devenir et de son avenir. Les faits sont là. Tenons-nous aux faits, rien qu’aux faits mais à tous les faits. Les faits sont têtus.
Des collaborations douteuses
Primo- Maître Kassoum Tapo est un avocat brillant, sans conteste. Cependant, il a géré sous la présidence d’Alpha O. Konaré et la primature d’IBK, les élections les plus mal organisées de l’ère démocratique à coup de milliards. L’audit de sa gestion moult fois demandé par l’opposition n’a jamais été réalisé. Cette affaire, il la traînera toute sa vie. Elle sera un élément du passif de son héritage. C’est clair et net. La conscience collective ne s’efface pas par décret. Il se trouve qu’il fut opposant redoutable à la bande à Sanogo. Il fallait oser, il a osé. Après tout, il est un juriste formé à Paris Ouest Nanterre. Foyer contestataire de Mai 1968. Les résidus restent.
Maître Kassoum Tapo est aujourd’hui l’avocat de la Guo-SARL, cette société de surfacturation à coup de milliards au détriment de l’État, donc du peuple malien. En dépit de cet état de fait, IBK l’a fait son invité spécial pour la marche de janvier 2015 à Paris, suite aux assassinats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de la super cacher porte de Vincennes. Récemment, pour la visite d’État, maître Tapo était de la délégation officielle et désigné sous l’appellation de collaborateur du président de la République. Quand l’avocat d’une société de surfacturation à coup de milliards au détriment d’un État est en même temps collaborateur du chef de l’État de ce même pays, cette nation n’a aucun avenir. C’est triste, mais hélas, c’est ainsi.
La nomination de Tapo est-elle faite pour calmer les Kagnassy-Kouma de la Guo-SARL ? Ou est-ce une légèreté de la part d’IBK ? Par quoi, Tapo tient-il IBK ? Lors de la récente rencontre IBK-communauté malienne de France à l’hôtel Westin, quand maître Tapo fit son entrée, à écouter les commentaires des uns et des autres, on avait envie de vomir. C’est lourd à porter. Nous venons d’apprendre dans l’indifférence générale de la société civile, du barreau et de l’opposition que Maître Tapo est nommé conseiller spécial d’IBK. Il existe des flagorneurs affamés dénués de dignité qui le félicitent et le chantent. Pauvre Maliba.
Secundo- Maître Mamadou I. Konaté, voilà un très bon orateur qui se rêve en sommité du droit. «Au pays des aveugles, les borgnes sont rois» dit-on. Au Mali, les vrais borgnes n’ont pas voix au chapitre, faute de réseaux. Maître Konaté est en fait un avocat qui connaît tout, spécialiste de tout. Il a son avis sur tout. Il connaît le droit de l’infini, de l’inexistant et du néant. Il est mieux formé que Carbonnier, Bouloc, Masclet, et pourrait enseigner Aristote, Platon, Cicéron, Dracon, Portalis, Cambacérès, Hans Kelsen, Louis Braffort, Bécaria. Et après tout, que sait-on ? Monsieur le spécialiste de tout nous dira certainement tout. Il ne peut ne pas nous édifier, c’est plus fort que lui.
Sa proximité avec IBK ne fait l’objet d’aucun doute. Il devait faire partie du groupe d’avocats devant défendre IBK, si ce dernier avait osé porter plainte contre le journal français Le Monde, suite à l’article démontrant les relations IBK/Tomi Michel. Même dans son rêve le plus fou, IBK ne portera plainte contre Le Monde. Le grand coup de bluff de la plainte s’est dégonflé. Mieux, les relations IBK/Tomi sont encore d’actualité. Il se trouve, maître Mamadou Konaté l’a confirmé, qu’il représente des clients en conflits contre l’État du Mali devant un tribunal arbitral.
Sur la liste de la délégation malienne lors de la visite d’État d’IBK en France figure un certain Maître Mamadou Konaté, désigné comme collaborateur du président de la République. Alors questions : Maître Mamadou Konaté qui défend Cessé Komé en procès contre l’État du Mali, est-il différent de maître Mamadou Konaté figurant sur la liste de la délégation malienne lors de la visite d’État, ou s’agit-il de la même et unique personne ? S’il s’agit de la même et unique personne, comment maître Mamadou Konaté en cours d’arbitrage contre l’État du Mali peut-il être officiellement désigné comme collaborateur du chef de l’État et invité lors de la visite d’État d’IBK en France ?
S’il s’agit de la même et unique personne, n’existe-t-il pas un conflit d’intérêt ? S’il s’agit de la même et unique personne au moment où IBK envisageait de porter plainte contre le journal français Le Monde, avec lui comme avocat, était-il déjà avocat de Cessé Komé dans l’affaire de la troisième licence, donc en procès contre le Mali ? S’il s’agit de la même et unique personne, où est le barreau malien ? Où sont les opposants maliens ? Où est la société civile malienne ? Allez-vous, allons-nous, assister bras ballants à la destruction par la racine de la nation malienne ? Un homme, c’est des valeurs, le refus de la compromission.
Nul n’engagera une discussion inutile, débile et insensée à savoir si le tribunal arbitral est ou non une juridiction ? L’important est que sa sentence a l’autorité de la chose jugée. Tribunal ou bar, quelle importance ? Sa sentence est obligatoire. Point Barre. La société Planor d’Appolinaire ou l’État malien, qui payera Cessé Komé en cas de victoire ? Que sait-on avec ces clauses de confidentialité ? On tente de nous faire croire maladroitement que le Mali n’aura rien à débourser. Pr. Aly Nouhoum Diallo a raison d’écrire en substance : Il y a le Mali qui pense et qui réfléchit. Maître Mamadou Konaté ne dira à personne que son nom fut inscrit à son insu. Qu’il ait pu oui ou non faire le voyage est sans importance. Il y figurait, venir ou pas est aussi certainement une question de courage.
De Sartrouville en France à Atlanta aux USA, maître Kassoum Tapo a fait son choix. Il l’affiche. Maître Mamadou Konaté a du répondant. Dieu merci. Le peuple du Mali souhaite dans la sérénité vous lire et tout comprendre très bientôt, cher maître Konaté. Point de langue de bois. De faux-fuyants. Juste l’essentiel, un article de presse doit être intelligible, c’est-à-dire accessible au citoyen moyen. Nul besoin de faire l’étage d’un prétendu savoir.
IBK est vraiment : «le maître de l’équivoque», comme l’a si bien écrit le journal français L’Express. Comment IBK a-t-il pu et su faire des collaborateurs, maître Mamadou Konaté et maître Kassoum Tapo, que tout séparait en mars 2012 ? Wallaye, Bilaye, Talaye, si les Maliens ne se réveillent pas, le Mali est «foutu» et fini. L’histoire politique du Mali n’est-elle pas en elle-même une université ? Si ce n’est sous IBK, comment peut-on être condamné aux travaux forcés à perpétuité au Mali et demeurer agent consulaire du Mali en France ? Mamadou Diarra dit John l’est.
IBK, comme l’a bien écrit un grand-frère, est pour le Mali «Un père démolisseur» aux antipodes du président Modibo Keita : «Un père bâtisseur». Pour l’histoire, nous réagissons aujourd’hui afin de laisser une trace écrite de ce que nous observons et dénonçons. Nous ne serons pas les complices inactifs de ce Mali qui va droit au mur.
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr