La commission de médiation mise en place par le comité olympique sur instruction du Ministre des Sports en vue de régler définitivement la crise historique du football malien a rendu ses résolutions le jeudi 12 novembre 2015 au cours d’une conférence de presse.
Au regard des dites résolutions, nous avons conclu et ce sans aucune surprise qu’elles ne prennent pas en compte les vrais problèmes du football et que la commission s’est illustrée par sa partialité, toutes choses qui sont de nature à enliser davantage la crise. En effet, il ne fallait pas se leurrer sur la capacité de la dite structure pour régler ce différend sportif très complexe mais facile à gérer si elle était vraiment impartiale et neutre. Le Président de la commission, Adama Koné, ancien Ministre des Sports, est absurde, injustifiée et inexplicable au vu de la personnalité de l’homme. En effet, ce dernier ne bénéficie d’aucun crédit. Il a été éjecté d’un gouvernement de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré suite à des affaires malsaines pour lesquelles il avait même fait la prison. Une grosse bêtise a donc été commise pour son choix. Les critères d’intégrité et d’honnêteté nécessaires à une telle charge n’ont pas été mis en avant. Quant aux autres membres de la commission : aucun critère d’impartialité, d’intégrité ou d’honnêteté n’a prévalu dans leurs nominations. En effet, à l’instar du Président, Douah Abraham Sissoko dit Ramos qui fut un ancien condamné par la justice malienne figure étonnamment dans cette commission. Pire, ce dernier est un ami de grin du fameux Général Boubacar Baba Diarra lequel fut serviteur des sales besognes de la dictature militaro policière du Général Moussa Traoré, le beau frère de Ramos. La partialité de tous ceux-ci augurait des faveurs pour Boubacar Baba Diarra et son clan car le CNOSM œuvrait de longue date pour le maintien de Baba et de son équipe. L’organe de médiation a plutôt joué le rôle d’une commission d’enquête et non d’une commission de médiation. Elle s’est contentée simplement des séances d’écoute des uns et des autres sans pouvoir jamais réunir dans une même salle les protagonistes de la crise pour discuter car il est clair que c’est dans la discussion ou le dialogue que jaillit la lumière.
Le manque d’autorité et de responsabilité de la commission
Au moment où le Président de la commission a demandé à tous les protagonistes de mettre balle à terre, le fameux Général Boubacar Baba Diarra a convoqué et tenu une simulacre d’assemblée générale au cours de laquelle, ils ont infligé des sanctions arbitraires et injustes contre une vingtaine de dirigeants sportifs et confirmé la décision de relégation des quatre clubs (Djoliba AC, COB, CSK, Avenir de Tombouctou). Cette assemblée générale à laquelle a participé une infime minorité des acteurs du football malien n’a ni été interdite par la commission encore moins condamnée par elle publiquement. Aussi cette fameuse commission ne s’est pas prononcée sur le sort des équipes qui doivent monter en ligue 1 car il est aussi évident que les tournois organisés par le clan Baba sont entachés d’irrégularités manifestes sur fond de tricherie et de favoritisme inqualifiable. Il s’agit de LCBA classé 3e de la ligue de Bamako n’aurait jamais de jouer la montée à plus forte raison de prétendre monter en ligue 1 du coup les textes réglementaires se voient violés et tripatouillés. L’équité et la justice sportive auraient voulu que la commission ait recommandé la reprise des tournois de montée en ligue 1. Mais hélas sa partialité fait qu’elle a occulté aussi cette importante situation très lourde de conséquences.
L’amateurisme de l’organe de médiation
Les membres de la dite commission n’ont aucune connaissance ou maîtrise des textes régissant le football (statuts et règlements de la Fémafoot). Son président lui-même l’a toujours reconnu fort malheureusement. Ce non professionnalisme des hommes censés dire le droit est un handicap sérieux car pour pouvoir trancher un tel différend, le préalable était de connaître les textes sur lesquels, le dit différend porte. C’est pourquoi il était impérieux de nommer des experts en la matière pour qu’on ne trompe pas certains qui peuvent être de bonne foi. Toute cette légèreté est à mettre au passif de l’autorité de nomination qui n’est autre que le Président du Comité Olympique. Cet amateurisme a porté un coup sérieux à ces missions. Mais nous savons que tout ça est fait à dessein. C’est pourquoi dès l’entame, le comité exécutif dirigé par Dipa Fané s’en était inquiété et les avait même invoqués. Ils avaient souligné ces différentes lacunes et faiblesses de la commission dont ils pouvaient d’ailleurs récuser purement et simplement. Mais c’est par déférence pour le Ministre des Sports et les institutions de la République et tout le Mali qu’ils ont accepté la dite médiation. Mais leurs appréhensions se justifient aujourd’hui. En effet, comment peut-on décider que le Général Baba continue son mandat alors qu’il est reconnu et établi que sa gestion à mi-parcours est catastrophique et entachée de gabegie, de vols, de malversations, de détournements importants de fonds, de surfacturations, bref de délinquance financière, de violations graves et multiples des textes, d’ingérence dans les affaires intérieures des ligues, des clubs, d’abus de pouvoir et de dictature faite d’arbitraire (suspensions de dirigeants, décisions de relégation de clubs, de licenciements abusifs d’agents) de faux et usage de faux, d’atteinte à l’intégrité physique de personnes, de corruption d’acteurs du football, de journalistes, de fonctionnaires de l’Etat saisis des dossiers mettant en cause la Fémafoot. La gouvernance de ce grand mafieux est si alarmante, si inquiétante que l’on ne saurait comprendre comment peut-on préconiser quand on est vraiment sérieux, honnête, patriote, et conséquent avec soi même qu’il continue encore de voler, de détourner et de gérer comme il l’entend et les hommes et les fonds de la Fémafoot. Cet homme ne peut jamais changer car il a passé toute sa carrière administrative à voler, à détourner, à faire chanter et à s’enrichir illicitement. Il a été décrié partout où il est passé. Il est méchant et rancunier et voudra toujours écraser ses adversaires. Donc avec lui, le climat ne sera jamais apaisé. La commission elle-même a reconnu la mauvaise gouvernance de l’homme pernicieux et mauvais lorsque son président a prôné : « la gestion du football malien en bon père de famille dans un esprit consensuel en évitant tout acte d’exclusion, la gestion transparente des ressources financières et le respect de l’éthique sportive à tous les niveaux… ». Au lieu de sévir les responsables de cette mauvaise gouvernance, comment la commission peut se permettre de recommander le maintien de ceux-ci ? Elle veut donc que la Fémafoot s’enfonce davantage dans le gouffre pour le malheur des maliens. Le sérieux et le bon sens auraient plutôt commandé que ces gens de la commission aient préconisé le départ des mafieux de la Fémafoot pour laisser la place au comité exécutif dirigé par Mamadou Dipa Fané qui a été élu à la faveur d’une assemblée générale extraordinaire régulière dans tous ses aspects laquelle a été démocratique. Le bureau de la ligue de football de Bamako a été élu à la suite d’une assemblée régulière et régulièrement tenue, nous ne comprenons pas pourquoi la commission préconise de reprendre les dites élections ? La démarche de la commission en la matière est très gauche et très incohérente et dénote simplement de son parti pris. En outre, la commission aurait du préconiser la dissolution du Secrétariat Général de la Fémafoot qui est tenu par des individus qui ne remplissent pas les critères de nomination stipulés par les articles 81 et 82 des Statuts de la Fémafoot. Le Secrétaire Général et son adjoint exercent dans une irrégularité manifeste. Ensuite, la commission a fermé les yeux sur le cas du 1er Vice Président copté de la Fémafoot Boukary Sidibé dit Kolon, Sidi Bekaye Magassa, Ba Vieux Touré, Cheick Oumar Soumounou, Hassane Cissé, Souleymane Magassouba, Sékou Maciré Sylla, Seyba Soumano, Niamoto Sangaré qui ont été tous nommés et non élus conformément à nos statuts. Ceux-ci n’ont aucune légitimité. Comment dans une démocratie l’on puisse autoriser des gens nommés au lieu d’être élus à continuer à exercer ? Comment peut-on préconiser qu’un Président révoqué à la suite d’une assemblée générale régulière et démocratique puisse survivre du fait d’une mascarade de médiation pour poursuivre un soi-disant mandat ? De qui veut-on prendre les autres acteurs du football malien et en gé néral les maliens ? Que veut-on faire du football malien ? Croyons-nous aux principes et vertus démocratiques ? La minorité peut-elle s’imposer à la majorité dans une démocratie ? Pourquoi un tel laxisme et une telle complaisance dans une organisation démocratique ? A la FIFA, bon nombre de hauts dirigeants sont aujourd’hui soit suspendus, soit radiés à vie du football pour corruption et malversations financières. Au Mali, pourquoi veut-on nous imposer des dirigeants malhonnêtes, véreux, mafieux qui n’ont d’ailleurs aucun mandat et qui ont fait pire que ceux de la FIFA ? Veulent-ils que le Mali demeure en reste de l’assainissement de l’environnent du football quand bien même nous vivons le pire dans notre pays ? Nous n’avons jamais connu de si mauvais dirigeants dans notre football. Pire Boukary Sidibé dit Kolon aurait déclaré naïvement à ses amis que l’argent du football n’est rien et du coup on doit le bouffer comme il se doit. Si ses propos s’avéreraient vrais, l’on ne sait plus comment qualifier de tels hauts dirigeants de notre football. Nous estimons qu’à l’heure actuelle, les gens doivent vraiment se ressaisir dans ce pays où l’on clame haut et fort le changement. Ils doivent savoir que le Mali ne changera jamais tant que les Maliens ne changeront pas de mentalité, de comportements, d’habitudes et de pratiques malsaines comme le favoritisme, le népotisme, le clientélisme, le manque de probité et le manque de respect envers les biens publics. Un proverbe bambana ne nous enseigne t-il pas : « la plaie ne se guérit jamais tant qu’elle contient du pus ». Le changement n’est pas un discours mais un comportement. Vu l’échec de la commission de médiation, nous demandons au Ministre des Sports de s’impliquer personnellement pour dire le droit dans cette crise qui s’enlise davantage. Nous comptons sur le sens élevé de responsabilité de nos responsables au plus haut niveau pour relever les nombreux défis.
Abdoul Karim Konaté