L'attaque terroriste contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako par des assaillants armés causant la mort de 21 personnes dont deux terroristes, était prévisible, selon Ousmane Kornio, expert en prévention et gestion des conflits.
"Ce sont des situations auxquelles il fallait s'attendre après la signature de l'accord de paix (en juin dernier), dans la mesure où l'accord intègre la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) et la Plateforme, mais qui n'intègre pas les terroristes. Déjà, Iyad Ag Ghaly, un chef du groupe terroriste Ançar Eddine terroriste allié AQMI, avait manifesté son mécontentement", a-t-il ajouté.
"Il fallait donc s'y attendre surtout qu'on est en train de traquer (les terroristes) au nord (du Mali) maintenant. Donc, ils vont se replier vers les grands centres urbains", a-t-il insisté.
En revanche, Yaya Alpha Diallo, directeur de publication de l'hebdomadaire malien A-Day, estime que "cette attaque est due à l'incompétence et le laisser-aller des autorités". Pour lui, la crise sécuritaire malienne a des causes profondes qui ne datent pas d'aujourd'hui. Si on avait travaillé convenablement, on n'allait pas en arriver là".
Face à la presse samedi, le ministre malien la Sécurité, le colonel-major Salif a Traoré a trouvé "très bizarre" que les terroristes "soient venus en nombre plus élevé et que certains se soient enfui pour laisser d'autres se battre".
L'attaque du Radisson a été revendiquée par Al Mourabitoune. "Dans tous les cas c'est que ça soit DAES, AQMI, Al Mourabitoune, c'est du terrorisme et quelque part ces groupes se retrouvent parce qu'ils ont un intérêt commun qui consiste à détruire les démocraties et les républiques, surtout celles qui sont en construction comme chez nous", a affirmé le ministre malien de la Défense, Tiéman Hubert Coulibaly, lors d'une conférence de presse.
Pour M. Coulibaly, le Mali est "face à une action terroriste". "Pour nous, ça suffit pour que nous soyons en posture de réaction, réaction pour éradiquer", a-t-il affirmé.
De l'avis de M. Kornio, l'attaque contre l'hôtel Radisson "n'a aucune relation avec les attaques terroristes perpétrées le 13 novembre dernier à Paris".
"La France a son problème, le Mali a son problème",a-t-il dit.
Pour lui, "on ne saurait connaître le motif. En réalité, explique-t-il, la première caractéristique d'une attaque terroriste, c'est pour faire peur aux gens".
"Aujourd'hui, on est en train de traquer (les terroristes et narcotrafiquants) au nord (...) il (leur) fallait descendre vers le sud pour montrer leur mécontentement et créer la terreur dans l'esprit des populations", a-t-il poursuivi.
"Je ne pense que cette attaque contre l'hôtel Radisson visait directement des Français ou des Américains, mais plutôt à déstabiliser, à faire peur aux populations", a-t-il ajouté.
Yaya Alpha Diallo estime par contre qu'"il y a bien un lien entre les attaques de Bamako et celles de Paris. Rien n'est fortuit".
"Le Mali reste encore très fragile. Les contrôles sur les routes, en ville, les contrôle d'identité, ne doivent pas cesser, il faut contrôler tout le monde, renforcer la présence des forces de sécurité auprès des populations dans les lieux publics, pour que les gens ne sentent pas libres d'attaquer et de faire tout ce qu'ils veulent", a indiqué M. Korino.
Les agents des forces de sécurité se sont bien défendus et ça prouve ils ont gagné en maturité, a souligné M. Kornio qui souhaite le maintien et le renforcement des mesures sécuritaires en cours.
A la suite de ces attaques, le forum francophone sur la diversité des expressions culturelles à l'ère du numérique devant se tenir du 22 au 25 novembre prochain à Bamako, la conférence de l'Association malienne pour la paix et le salut (AMPS), le Week-end artistique et culturel de Tombouctou devant se tenir samedi et dimanche, entre autres événements ont été reportés.