Véritable journée cauchemardesque que ce vendredi 20 novembre qui vit la capitale malienne se transformer en chaudron au gré des rumeurs et récits sulfureux. A l’origine, une prise d’otages dont l’épilogue fut des plus sanguinolentes.
Il est 7 heures ce vendredi, lorsque des individus armés non encore identifiés firent irruption dans l’hôtel Radisson en rafalant…. en air. Ce qui fit fuir bien des gens postés dans le hall du luxueux hôtel. Ironie de l’histoire, au même moment, selon des témoins, une voiture d’immatriculation diplomatique, manifestement de l’ambassade des USA se présenta à l’une des devantures de l’hôtel.
Ce qui fera dire à certains, sans que cela soit formellement vérifié, que les assaillants pourraient être venus à bord du dit véhicule. L’enquête en cours pourrait bien élucider cette énigme. Ainsi, dans leur visée lugubre, les assaillants s’en sont pris aux occupants de l’hôtel qui commencèrent à se barricader à l’intérieur de leurs chambres dès le crépitement des armes. Selon des témoignages recueillis, la terrasse-café située à l’arrière cour aurait été la première cible des terroristes, avant qu’ils n’investissent les étages supérieurs du bâtiment. Les forces de l’ordre maliennes aussitôt alertées, bouclent une vingtaine de minutes après le périmètre de l’hôtel d’où aucune exfiltration n’est possible.
Cette mission serait l’œuvre des éléments de la garde nationale et quelques éléments de la police et de la gendarmerie. Une trentaine de minute après cette alerte, les unités spéciales de la police nationale, de la gendarmerie (Pign) et de la brigade anti-criminelle (BAC) débarquent sur les lieux pour ainsi planifier l’assaut contre le bâtiment. Ce qui fut fait vers 9 heures. Selon nos sources, la police se serait taillée les trois premiers étages, alors que la gendarmerie nationale, prenait en charge les étages supérieurs, cela, suite aux informations selon lesquelles, les terroristes se seraient retranchés au 5ème voire 6ème étage de l’hôtel. Toute la matinée, les tirs ont retenti dans le bâtiment, pendant ce temps, les forces spéciales maliennes, arrivaient vaillamment à exfiltrer les premiers étages. A 11 heures, on dénombrait déjà 76 exfiltrés, dont 15 Français, 2 ivoiriens, 4 turcs, 4 chinois, 1 Allemand, 1 Russe, 1 canadien, 1 Sénégalais, 2 espagnols et 45 Maliens, mais également 3 blessés et 1 otage tué. L’opération qui s’intensifia, fera qu’à 15 heures, il n’y avait plus d’otages aux mains des assaillants qui se serraient retranchés dans une aile de l’hôtel. De là, ils faisaient de la résistance et tiraient intensément en direction de nos forces remarquablement bien postées à l’intérieur du bâtiment. Une posture qui n’a pas empêché qu’un élément de la gendarmerie prenne une balle mortelle au moment où le dernier assaut est lancé. C’est donc à cette ultime phase de neutralisation des terroristes par les forces spéciales maliennes qu’un détachement de la force Barkhane en provenance de Ouagadougou fit son apparition sur la scène à l’initiative nous dit-on du président d’IBK. Il était 14 heures 30 minutes. Au même moment, le Gign français s’apprêtait à rallier Bamako pour prêter main forte aux forces maliennes.
Avec les forces de la Minusma et les forces spéciales américaines, ils participèrent à l’assaut finalement qui était en passe d’être réussi par les forces spéciales maliennes. Aux environs de 16 heures, les terroristes sont abattus.
Selon des témoignages, une déflagration aurait été entendue aux derniers instants de l’assaut. Ce qui laisse supposer qu’un engin explosif aurait été déclenché par l’un des terroristes, mais qui n’a pas fait de dégâts considérables. Cette vaste offensive aura donc permis de fouiller de fond en comble le bâtiment, chambre après chambre afin de pouvoir débusquer d’éventuels assaillants ou retrouver des survivants. Au décompte final, 133 personnes furent exfiltrées, et conduites au gymnase du palais des sports, 7 autres blessés dont 3 policiers légèrement et 1 gendarme tué. Les enquêtes en cours conduites par le procureur anti terroriste Boubacar Sidiki Samaké et la brigade d’investissement judiciaire (BIJ) pourront ainsi qualifier cet acte ignoble de même qu’elles permettront de connaitre l’identité et le mobile de ces assaillants qui, selon certains rescapés de l’hôtel, s’exprimaient en anglais et entonnaient très souvent au cours de l’opération le fameux Allahou Akbar. Aux dernières nouvelles, on apprend que les ambassades de Russie, de Chine, des USA, du Sénégal et même d’Israël recherchaient les leurs parmi les victimes. Une tragique fin qui explique l’ampleur des mesures de sécurité renforcées entreprises par le gouvernement et l’Etat d’urgence y attenant afin de parer à toutes éventualités.
Nouhoum DICKO