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TAMBA, le miraculé et le héros
Publié le lundi 23 novembre 2015  |  L’Essor
Le
© Autre presse par DR
Le président Macky Sall à Bamako pour présenter ses condoléances
Bamako, le 22 Novembre 2015 - Le président Macky Sall s`est rendu à Bamako, pour présenter ses condoléances au peuple malien. Les deux chefs d`État, malien et sénégalais, se sont rendus sur les lieux de la prise d`otage et ont ensuite animé une conférence de presse.




Maître d’hôtel au Radisson, il était à son poste de travail, vendredi, en train de former son équipe pour le service du petit déjeuner quand vers 7 heures, il a entendu un grand bruit. Son récit des événements
« Un bruit très puissant a retenti. En ce moment précis, il y avait un client, un Sénégalais qui venait de sortir de sa chambre et s’appretait à prendre place dans le restaurant. Intrigué par ce bruit insolite, je me suis transporté à la réception pour m’informer auprès de la réceptionniste. Celle-ci était allée aussi aux nouvelles à l’entrée de l’hôtel. Elle a juste eu temps de mettre le nez dehors avant de revenir en courant vers moi et en me disant que c’est une attaque contre l’établissement.
J’ai alors pris conscience du danger et j’ai demandé à toutes les personnes qui se trouvaient dans les couloirs de se diriger vers la porte qui mène à la cuisine et qui donne vers une porte de secours. J’ai pris mon courage à deux mains, j’ai enlevé ma veste de service pour ne pas me faire remarquer et j’ai fait le tour pour aller chercher les autres qui sont restés en bas.
C’est ainsi que je me suis retrouvé nez à nez avec un des terroristes qui a aussitôt pointé son arme sur moi. Il était vêtu d’une chemise bleue à carreaux et d’un pantalon Jean bleu. Il portait une casquette. C’était un homme d’une vingtaine d’années ou plus et de couleur noire. Il s’exprimait en anglais. Pendant qu’il avançait dans ma direction, j’ai profité d’une petite maoeuvre qu’il a entreprise pour déposer sa casquette sur le comptoir, pour m’enfuir. Il m’a poursuivi en tirant dans les couloirs. Comme je connais bien le bâtiment, j’ai réussi à le semer. J’ai couru du bloc A jusqu’au bloc C d’où j’ai pu sortir par la porte arrière. Là, j’ai fait encore le tour de l’hôtel et me suis dirrigé vers les vigiles qui sont restés à la porte d’entrée. Ils m’ont expliqué que c’étaient deux terroristes qui ont commencé à tirer depuis le milieu de la route. Les tirs ont blessé un des vigiles puis ils ont pénétré dans l’hôtel.
Entre-temps, les policiers sont arrivés. J’ai eu du mal à les convainvre de me laisser les accompagner à l’intérieur car je connais bien l’établissement. Ils ont fini par accepter après 30 mn. Ils m’ont fait porter un gilet pareballes et m’ont mis derrière eux et on est rentré.
En ce moment, je crois que tous les clients de l’hôtel avaient compris ce qui se passait et ont décidé de rester dans leurs chambres. Dès que les terroristes ont compris que la police intervenait, ils ont commencé à tirer à reculons vers le bloc C du bâtiment.
Nous avons alors commencé à évacuer les clients aux fur et à mesure qu’on accédait aux chambres. La fusillade se poursuivait entre les terroristes et les forces de sécurité. De partout, on entendait des cris, des pleurs, des appels à l’aide. J’ai vu des morts et des blessés.
J’ai dû revenir plusieurs fois à la réception pour recevoir des appels. L’interphone n’arrêtait pas de sonner. Je réceptionnais en même temps les appels des clients qui étaient dans leurs chambres en leur expliquant ce qui se passait et leur demandant de garder leur calme et que les forces de l’ordre allaient les sortir de là. Dès que je disais Tamba, ils comprenaient que c’était moi et ils me donnaient les numéros de leurs chambres.
Beaucoup de clients sont donc restés ainsi dans leurs chambres en sécurité. Quand les policiers arrivaient devant une chambre, ils prononçaient le mot de passe « Tamba » pour que les clients sachent qu’ils n’avaient pas affaire aux terroristes. C’est comme ça que beaucoup ont été sauvés. Les terroristes ont réussi à emmener avec eux certains otages pour se retrancher au niveau des étages supérieurs de l’hôtel. »
Propos récueillis
par L. ALMOULOUD
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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