Elles ont fait preuve d’un professionnalisme qui a été unanimement salué par tous à commencer par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta
Pour ceux qui en doutaient encore, la prise d’otage de l’hôtel Radison Blu a confirmé que les Forces armées et de sécurité du Mali sont en passe de recouvrir leurs vertus d’antan : courage, bravoure, professionnalisme, sens du devoir etc… Des qualités qui avaient fait d’elles dans un passé encore récent, l’une des plus puissantes armées du continent et des plus craintes. Le professionnalisme dont les forces de sécurité maliennes ont fait preuve, vendredi dernier, augure de bonnes perspectives pour le retour de la cohésion, la discipline, deux valeurs indispensables pour honorer leur serment de soldat.
Il est 6h 30, ce vendredi 20 novembre 2015, lorsqu’une poignée de terroristes fait irruption à l’intérieur de l’hôtel Radisson, réputé pour être le plus sûr et le plus sécurisé de Bamako. C’est d’ailleurs dans ce seul établissement hôtelier que les vigiles ont l’autorisation de porter des armes à feu et sont formés en conséquence.
Moins d’un quart d’heure après le retentissement des premiers coups de feu, ce sont des éléments de toutes les unités des différentes forces de sécurité du District qui convergent vers le lieu tout en prenant soin de hausser le niveau d’alerte au niveau maximum autour des autres points stratégiques de la capitale.
Ils étaient tous là où presque : les éléments du Commissariat du 5e Arrondissement à Lafiabougou, ceux de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la police, du Peloton d’intervention de la Gendarmerie nationale (PIGN), de la Garde nationale, de la Protection civile ainsi que les forces spéciales de la DGSE et même la police militaire. Bref la mobilisation fut exceptionnelle. En un temps record (une quarantaine de minutes), s’effectuèrent, le recueil et l’exploitation des renseignements par les agents de renseignement auprès du personnel de l’hôtel, des vigiles et de certains témoins.
Les témoignages reçus et surtout les contributions de qualité de certains travailleurs de l’hôtel sur le plan et la configuration des lieux, permirent rapidement aux chefs des unités déployées de planifier l’opération.
Une première tentative de prise de contact avec les ravisseurs eut comme seule réponse quelques rafales d’armes automatiques vers l’extérieur. L’on comprit alors quel était le dessein de ces terroristes. C’est-à-dire qu’ils ne voulaient aucune négociation.
Il était 9h 00 quand les officiers effectuèrent un premier point de la situation et donnèrent l’ordre aux forces de monter à l’assaut et d’extraire entre les griffes des terroristes des personnes innocentes dont le seul tort était de s’être retrouvé au mauvais moment au mauvais endroit.
Les forces de sécurité firent mouvement par petit groupe de cinq, tout en se couvrant mutuellement. Le groupe de tête défonça l’entrée d’une boutique et pénétra à l’intérieur de la zone A de l’établissement.
A l’entrée principale de l’hôtel gisait un premier corps, alors que les forces entreprirent une fouille minutieuse des couloirs et des chambres, libérant au fur et à mesure les otages, qui une fois dehors, sont aussitôt pris en charge par les agents de la Protection civile. Les sapeurs pompiers avaient installé à cet effet un centre d’accueil et de secours au niveau du Palais des sports.
Les forces progressèrent étage par étage. Puis soudain ce fut l’horreur. Au troisième étage, ils découvrirent quinze otages froidement abattus dans un ascenseur et en face trois autres corps criblés de balle à partir d’un fusil d’assaut AK 46. A l’entame de l’escalier du 5eme étage, l’un des ravisseur décharge son chargeur sur les éléments de tête des forces spéciales de la gendarmerie et atteint l’un deux avant de fuir pour rejoindre l’autre au 7e étage où ils avaient entassé leur cargaison de munitions et de grenades.
Les forces de la Minusma arriveront vers 11 h30 et commencèrent à renforcer les forces maliennes dans la sécurisation du périmètre de sécurité. Bien plutôt, des forces spéciales américaines basées à l’ambassade des Etats-Unis sis dans le même quartier de l’ACI 2000, étaient arrivées dans les premiers instants de la prise d’otage. C’est à elles que l’on doit les premières libérations d’otages.
Au moment où les forces maliennes s’apprêtaient à donner l’assaut final vers 13 heures, arriva un renfort de qualité : des forces spéciales françaises arrivées tout droit de Ouagadougou. La force d’élite française se déploya très rapidement dans l’hôtel pour rejoindre le commando malien. L’opération s’accélère et aboutit à la neutralisation des deux ravisseurs coincés dans une chambre après des échanges nourris de coups de feu.
Les forces maliennes et françaises procéderont par la suite à une fouille minutieuse de l’ensemble de l’établissement à la recherche d’éventuels engins explosifs. La fin de l’opération est annoncée à 17 h 25 après que tous les corps aient été évacués par les sapeurs- pompiers. Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, colonel-major Salif Traoré qui dirigeait la cellule de crise depuis son département, arrivera par la suite pour établir le dernier constat.
Dans son adresse à la Nation tard dans la soirée, le chef de l’Etat pouvait saluer nos forces de sécurité en ces termes : « Tout au long de la journée, nos Forces (Police, Gendarmerie et Garde nationale), au prix de la vie de chacun de leurs éléments, avec courage, abnégation, discipline et professionnalisme remarquable, ont réussi à réduire patiemment et à neutraliser définitivement ces « illuminés d’un autre temps » qui étaient décidés, farouchement déterminés à faire un massacre total et complet de tous ceux qui étaient porteurs de vie à l’hôtel…».
M. N. TRAORE