Les Maliens se souviennent encore du discours historique et mémorable que le Président de la Transition, le Pr Dioncounda Traoré avait tenu tout juste à son retour de convalescence de Paris suite à son agression qui a terni l’image du Mali et de son Etat à jamais. La seule et désormais célèbre phrase qui a attiré l’attention du Peuple malien et même de ses irréductibles adversaires est sans nul doute le message de pardon du président à ses agresseurs. Il leur a pardonné à titre personnel mais l’Etat du Mali ne devrait en aucune façon laisser sans Justice cet acte qui pour des raisons de pédagogie nationale ne doit nullement rester impuni. Pourquoi le procureur de la République ne s’est jamais auto saisi de la question pour laver l’affront d’une humiliation nationale sans précédent comme dans l’affaire de la maîtresse du Président ? Pourquoi le procureur de la République ne s’est jamais préoccupé de juger les auteurs du crime imprescriptible contre le Peuple malien que fut le coup d’Etat du 22 mars 2012 ? Ces négligences et laxisme rattrapent aujourd’hui la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) qui devra étendre ses travaux sur ces crimes. Il y va de la réconciliation nationale.
De 1960 à nos jours, le Mali a connu beaucoup d’événements politiques, militaires et culturels dont la purge reste aujourd’hui indispensable pour cicatriser les plaies et baliser le terrain à une véritable réconciliation entre les maliens. Ce pays qui a brillé de mille feux et qui fut l’une des meilleures vitrines de l’Afrique noire tant par la bravoure de ses empereurs que par la multi sécularité de sa culture. En dépit de ce passé glorieux du bon vivre ensemble, le Mali a connu sitôt après son indépendance, après les affres de la traite des noirs et de la colonisation, certains événements douloureux entre ses fils qui ont fini par écorner sa belle image d’antan. Qu’il s’agisse des exactions de la milice politique de l’Union soudanaise RDA et sa gestion des oppositions politiques ou de la rébellion touareg de 1963, qu’il s’agisse de l’odieux coup d’Etat du 19 Novembre 1968 et les innombrables crimes politiques et estudiantins commis par le pseudo régime du Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) et de son parti unique l’UDPM que la courageuse Révolution de mars 1991 viendra balayer, la CVJR se doit d’établir les faits et de rendre justice. Le Mali qui semblait bien parti avec l’adoption de la Constitution du 25 février 1992, qui consacra l’avènement du Mali démocratique, verra ces efforts, son image et son développement interrompu par le coup d’Etat barbare et inattendu le 22 mars 2012 par qui le Capitaine Amadou Haya Sanogo qui entra dans l’histoire du Mali par effraction. Même si la colère de la caserne consécutive à la gestion catastrophique par le pouvoir en place des évènements d’Aguel-hoc où périrent plus de cent de nos valeureux soldats était justifié, le coup d’Etat ne fut pas moins une mauvaise réponse à tous les péchés d’Israël dont on a accablé le pauvre ATT. Les autres faits gravissimes sur lesquels la Commission devra toute la lumière aux maliens restent et demeurent la tragédie des bérets rouges et verts, l’ignoble agression pour la première fois dans l’histoire du Mali d’un Chef de l’Etat, de surcroit Président de la Transition le Pr Dioncounda Traoré. La première institution d’une République venait d’être aussi facilement agressée sans la moindre résistance des services de sécurité. Cette humiliation dont la République a été victime ne doit pas rester impunie, malgré le pardon de la principale victime. A tout cela il faut ajouter la visite malencontreuse du plus jeune premier ministre du Mali le 17 mai 2014 à Kidal et le massacre de nos soldats qui s’en est suivi le 21 mai plus tard. Les victimes de l’indépendance ou leurs ayants droits, les familles de nos soldats et les administrateurs tombés sur le champ d’honneur et les auteurs des différentes rebellions Arabo-Touareg successives qui ont tant endeuillées le Mali de part et d’autre s’en remettent à la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. La CVJR, est donc très attendue sur tous ces différents dossiers accablants qui sont comme de gros cailloux dans la chaussure de notre Démocratie, qui reste minée par l’impunité et l’injustice. Elle doit travailler en étroite collaboration avec la Justice afin que les auteurs et les commanditaires de ces forfaitures, qui sont du reste connus, soient démasqués et punis conformément aux lois de la République pour qu’il n’y ait plus jamais ça au Mali.
La Vérité, la Justice et la Réconciliation sont donc désormais les trois pieds de la table de stabilité du Mali de demain.