Le vendredi 20 novembre dernier, l'hôtel Radisson de Bamako a été le théâtre d'une prise d'otages par deux individus armés d'armements de guerre. Sitôt informées, les cellules d'intervention rapide, ont dépêché sur le lieu d'attaque, les forces spéciales maliennes dont la promptitude a permis d'établir un périmètre de sécurité.
Ainsi, avec l’assistance de la Minusma, des forces française et américaine, nos forces spéciales sont parvenues à prendre le contrôle de l’hôtel, qui comptait 140 occupants et 30 travailleurs. Aux environs de 17h, après l’assaut qui a été donné depuis 9h15mn, il a été enregistré un bilan de 27 blessés et 21 morts dont les 2 terroristes, 17 clients, 1 employé de l’hôtel et 1 gendarme malien.
VENDREDI CAUCHEMARDESQUE
Les populations de Bamako, plus particulièrement celles de la commune IV ont connu un vendredi cauchemardesque. Par une action terroriste perpétrée à l’hôtel Radisson Blu de Bamako par deux individus sans foi, ni loi, armés d’armements de guerre.
Il était entre 7h et 7h30mn lorsque ces bandits djihadistes armés parlant couramment anglais ont fait irruption dans l’hôtel dans lequel séjournaient 140 clients selon les résultats du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile. En arrivant sur les lieux, les terroristes ont brusquement ouvert le feu pendant que certains clients se trouvaient dans leur chambre et d’autres aux abords de l’établissement. Le retentissement des premiers coups de feu ont amené quelques personnes se trouvant vers la sortie à s’échapper d’eux-mêmes.
Sitôt informées de cette action terroriste, les forces de l’ordre et de sécurité maliennes se sont vite dépêchées sur le lieu afin d’épargner des vies humaines. C’est ainsi que des éléments du Peloton d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (PIGN) et ceux de la Brigade Anti Criminelle de la police (BAC) ont mis en place un dispositif sécuritaire bouclant ainsi tout le lieu.
A partir de 9h, l’assaut a été donné par nos forces spéciales qui procédèrent peu à peu à la libération des otages. Déjà, entre 11h et 12h, un bilan provisoire est rendu public par le ministre en charge de la sécurité et de la protection civile. Il faisait état d’une trentaine d’otages libérés par nos hommes et 3 morts dont un blanc non encore identifié. Parmi ces otages libérés, on comptait le chanteur guinéen Sékouba Bambino qui a bien voulu répondre aux questions des journalistes. Selon lui, il a entendu les deux assaillants, en train de se communiquer en anglais lors de leur passage devant sa chambre d’hôtel. Aux dires de deux autres otages libérés interrogés, après les premiers coups de feu ouverts vers 07h30, une fumée s’est répandue dans les couloirs et les chambres et du coup, l’internet a été coupé et la réception de l’hôtel ne répondait plus aux appels téléphoniques.
L’opération continue son chemin, tandis que les terroristes étaient au niveau du 7ème étage, nos hommes se sont positionnés au 4ème et l’espoir de voir plusieurs vies humaines sauvées avait commencé à se faire sentir.
MINUSMA – GIGN – FORCES AMERICAINES
Vers 12h, la Minusma a fait son entrée sur le lieu du théâtre suivi de l’arrivée des forces spéciales américaines ainsi que celles de la France (GIGN) venues du Burkina Faso, à 14h10 pour épauler les forces spéciales maliennes qui jusqu’ici poursuivaient l’assaut à l’intérieur de l’hôtel Radisson. Pendant ce temps, les unités de la protection civile soutenues par d’autres unités de sécurité malienne acheminaient les otages au palais des sports situé non loin du lieu d’attaque où ils ont bénéficié de l’assistance. Quant aux blessés, ils étaient rapidement évacués vers les centres de santé pour pouvoir bénéficier des premiers soins. C’était vraiment de la psychose car certains otages, sous le choc, ne parvenaient pas à s’exprimer à fortiori de donner des explications une fois échappés.
Une heure de temps après, la situation demeurait toujours tendue à l’intérieur de l’hôtel mais avec peu d’otages puisque les forces spéciales maliennes appuyées par les partenaires ont réussi à sauver plusieurs otages. Certaines sources nous parlaient en ce moment de 72 otages libérés au total et d’autre disaient 80.
HÔTEL SOUS CONTRÔLE
Aux environ de 16h30mn, l’hôtel était sous contrôle, nos éléments se trouvaient sur le toit de l’établissement et un périmètre de sécurité déjà établi partout aux alentours depuis le matin ne pouvait laisser de chance aux terroristes de s’échapper. D’ailleurs, aucun otage n’était entre leurs mains à ce stade des faits, nous a confirmé un responsable militaire qui donnait des consignes aux différents chefs d’équipes. Ces terroristes ont été neutralisés (tués) peu après vers 17h par nos hommes qui ont fait preuve de courage et d’abnégation. Le téléphone portable de l’un d’entre eux a été trouvé sur le lieu et qui servira d’élargir les bases des enquêtes en cours.
Ensuite, il fallait nécessairement procéder à une fouille de fond en comble de l’hôtel et ce qui fut fait afin d’officialiser la fin des opérations.
Concernant le nombre de terroristes ayant commis cet acte ignoble dont nul ne saurait justifier, plusieurs témoignages ont été recueillis. Selon certains, c’est 4 à 5 bandits armés qui auraient utilisé un véhicule muni d’une plaque diplomate pour se rendre à l’hôtel. Par contre, d’autres affirment avoir vu venir à l’hôtel 2 personnes à pieds et portaient des armes de guerre. Ce que nous pouvons dire, est que sur le lieu, précisément devant l’entrée principale de l’établissement se trouvait une voiture 4×4 maque LAND CRUISER de couleur grise munie d’une plaque diplomatique (fond vert) dont le numéro d’immatricule est 02-CD0211. Aucune identité n’était encore relevée sur le véhicule en question 24 h après la fin des opérations.
Selon le ministre Salif Traoré, une équipe d’enquêteurs composée des maliens et des français sont à pied d’œuvre pour enquêter sur tous les éléments entrant dans le cadre de cet événement tragique. Il s’agit de l’identité du véhicule, des personnes ayant trouvé la mort et toutes autres personnes qui étaient à l’hôtel ainsi que les objets trouvés.
PREMIERS RESULTATS DE L’ENQUETE
Les premiers résultats de l’enquête rendus public par le ministre de la sécurité et de la protection civile dans la journée du samedi 21 novembre 2015 dans les locaux de son département, nous ont révélé un bilan de 27 blessés parmi lesquels 3 policiers et 21 morts dont 17 du côté des clients, 1 employé de l’hôtel, 1 gendarme malien et 2 terroristes.
“Vu le système de bouclage du lieu d’attaque et l’identification des personnes exfiltrées, vu la fouille et la refouille effectuées, nous ne pouvons soutenir la thèse selon laquelle il y avait d’autres terroristes qui se sont échappés. Mais nous pouvons dire avec certitude que ce sont deux terroristes qui ont été aperçus à l’hôtel et ils ont tous été abattus. En attendant la fin des enquêtes, nul ne peut dire exactement qui est caché derrière cette attaque.”, a indiqué le Colonel Major Salif Traoré qui a fait un vrai travail de professionnel. Au four et au moulin, il mérite d’être soutenu et encouragé. Merci Colonel Major, les Maliens sont fiers de vous.
Le ministre s’est beaucoup réjoui de la promptitude de nos forces de l’ordre et de sécurité qui ont permis d’éviter une hécatombe. Selon lui, leurs capacités seront davantage renforcées afin de leur permettre de faire face avec beaucoup plus d’efficacité à de telles situations. Parlant de l’état d’urgence décrété pour 10 jours, il a souligné que cela y va dans l’intérêt des populations.
Rappelons que ces attaques se tiennent une semaine après celle de la France et à un moment où des progrès notoires sont constatés dans le processus de paix dans notre pays entre le gouvernement malien et les rebelles. Ce qui vient d’arriver à notre pays est une action terroriste commise par des hommes sans foi ni loi. Que ce soit Aqmi ou autre groupe, ils ont tous en commun un intérêt qui vise à déstabiliser nos pays. C’est pourquoi, il y a quelques jours, une résolution a été adoptée portant sur le combat contre le terrorisme au niveau mondial mais dans le respect des droits humains. Alors, doublons la vigilance et dénonçons toutes actions suspectes afin d’épargner des vies humaines. Quand aux forces spéciales maliennes, nous leur disons bravo.
Mamadou BALLO