L`armée française a mené dimanche des raids aériens pour le troisième jour consécutif contre les groupes armés islamistes au Mali, après avoir arrêté leur avance dans le centre du pays, en appui aux forces terrestres maliennes, au cours de combats ayant fait des dizaines de morts, dont un chef islamiste selon une source de sécurité.
D`autre part, les premiers éléments de la force internationale africaine étaient attendus dimanche au Mali: cette force, qui a reçu l`aval du Conseil de sécurité des Nations Unies, est chargée de déloger les groupes jihadistes liés à al-Qaïda qui occupent du nord du pays depuis neuf mois. Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), qui "sera uniquement consacré au Mali", aura lieu mercredi à
Abidjan, a annoncé un porte-parole à Lagos.
La France a poursuivi dimanche les bombardements commencés vendredi de colonnes de pick-up armés des islamistes, a déclaré dimanche matin le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Il y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain", a-t-il indiqué sur la chaîne I-télé.
Alors que le président François Hollande estimait la veille que l`intervention française avait permis de porter un "coup d`arrêt" aux islamistes, le ministre de la Défense s`est montré prudent dimanche, soulignant que leur avancée n`est pas "totalement empêchée".
Les combats autour de la localité de Konna (centre), à 700 km de Bamako, et que des combattants islamistes avaient d`abord pris jeudi, ont fait 11 morts et une soixantaine de blessés dans les rangs de l`armée malienne, selon une
déclaration du président malien Dioncounda Traoré. Un officier français, pilote d`hélicoptère, a aussi été tué.
Aucun bilan n`est communiqué pour les victimes jihadistes, mais l`armée malienne évoque une centaine d`islamistes tués à Konna.
Sommet extraordinaire de la Cédéao
Un haut responsable du groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l`Islam), Abdel Krim dit "Kojak", a été tué dans ces combats, a affirmé dimanche une source sécuritaire régionale, parlant de "véritable revers" pour les combattants islamistes.
Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao) dominent le nord du Mali, après avoir évincé en juin les rebelles touareg. Tous prônent l`application de
a charia, au nom de laquelle ils commettent de nombreuses exactions.
Des unités françaises ont aussi été déployées à Bamako pour y assurer la
sécurité des quelque 6.000 ressortissants français.
Le sommet extraordinaire d`Abidjan "sera uniquement consacré au Mali", a
déclaré Sunny Ugoh, porte-parole de la Cédéao.
Les chefs d`état-major de la région doivent aussi se réunir dans les
prochains jours, a ajouté le porte-parole sans autres précisions.
Depuis plusieurs mois, l`Afrique de l`Ouest a proposé l`envoi de cette
force armée de plus de 3.300 hommes, qui aura un soutien logistique de pays
occidentaux comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Face à l`urgence, le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal ont annoncé le
déploiement chacun d`un bataillon de 500 hommes. Le Nigeria, principale puissance militaire de la Cédéao, devrait dépêcher 600 hommes au Mali, soit le
contingent africain le plus important. D`autres pays ont indiqué vouloir apporter leur contribution.
"C`est la reconquête du nord Mali qui vient de commencer", a assuré à l`AFP
le ministre ivoirien l`intégration africaine, Ally Coulibaly.
Cette vaste région désertique est jusqu`ici un sanctuaire pour les groupes islamistes, notamment Aqmi qui détient huit otages français.
A la suite de ses pairs ouest-africains et de l`Union africaine, M. Traoré a remercié François Hollande pour avoir lancé l`opération baptisée "Serval".
De son côté, l`influent capitaine Amadou Sanogo, chef des putschistes de mars 2012, jusqu`ici réticent à toute intervention étrangère, a estimé samedi que la France avait joué "un rôle capital" aux côtés de l`armée malienne.
Acteur clé et plutôt hostile à une intervention militaire étrangère --en particulier française--, l`Algérie a exprimé son soutien "sans équivoque" aux autorités de transition maliennes, condamnant fermement "les attaques des groupes terroristes".