Au centre de l’attentat de l’hôtel Radisson Blu se trouve une voiture immatriculée CD (Corps diplomatique) à bord duquel les deux terroristes ont débarqué sur les lieux. Si la thèse paraît fondée en dépit de quelques contradictions sur le réel proprio de la voiture, n’est-il pas temps de revoir le système de contrôle de certaines voitures dites incontrôlables ?
En effet, si la prise d’otages a eu l’ampleur qu’on sait, c’est aussi parce que plusieurs sources ont indiqué qu’une 4×4 noire immatriculée 02 CD 021 a servi aux terroristes pour avoir trompé la vigilance des vigiles à la barrière de sécurité. Les plaques diplomatiques, gouvernementale, des Nations Unies, du Parlement et tant d’autres institutions se soustraient au contrôle dans pas mal d’endroits. Cette exception aura été allègrement exploitée par ceux qui passent pour des émissaires du mouvement Al Mourabitoune pour régler leurs comptes avec les expatriés, notamment de nationalité française.
Encore qu’il y a débat car la voiture, apparemment une propriété de l’ambassade des Usa, serait venue en même temps que les terroristes. Et pourtant, de façon unanime, les témoins et les sources voisines du Radisson Blu ont parlé de son passage tranquille de la barrière et la sortie mouvementée de terroristes qui ont ouvert le feu.
Si cela s’avère alors Escort Sécurité, qui gère la surveillance de l’hôtel, n’a pas vu venir une arnaque qui aura coûté cher aux occupants des lieux. Pourtant, les agents censés assurer la relève de leurs collègues à 7 h et qui n’ont pu le faire à cause de l’ouverture des hostilités une heure auparavant, l’ont confié. «Chaque fois que nous arrêtons une voiture ayant plaques d’institution, il nous est sommé immédiatement de surseoir à tout contrôle», a indiqué un agent qui a préféré garder l’anonymat. Son collègue qui s’appelle Abou va plus loin en ajoutant que «si tu ne fais pas attention en voulant contrôler les voitures de plaque verte, tu es licencié le même jour. Depuis des mois, il y a un bras de fer entre nous et les responsables de l’hôtel mais ils ne veulent rien savoir». C’est sur un air coléreux qu’il a confié cette triste réalité.
Cette faille allègrement exploitée par les terroristes ouvre un débat et non des moindres : le traitement à réserver désormais aux voitures de plaques vertes ? En plus de la question de les soumettre ou non au même régime de fouille, il convient également de remettre au goût du jour la procédure de leur obtention car il semble qu’elles seraient vendues sur le marché noir comme des petits pains. Y va-t-il de la survie de la nation ?
On ne peut non pas oublier d’évoquer le phénomène des voitures non immatriculées qui, comme les vitres fumées, circulent librement à travers le pays sans être inquiétées. Toutes ces fantaisies automobilistes favorisent une dangereuse prolifération des armes et des terroristes ne saurait échapper à la vigilance des forces de sécurités si éprouvées par les défis de l’heure. Les détecteurs de métaux prennent de plus en plus place dans la cité, mais ils ne constituent guère l’unique raison de circonscrire toute velléité terroriste. S’agissant de Radisson et des complexes hôteliers en général, il serait temps d’instaurer des patrouilles militaires mixtes dissuasives en appui aux sociétés de vigiles.
A qui appartient le véhicule CD en question ? La balle est dans le camp de l’ambassade Us.
Idrissa KEITA