Tout comme la prise d’otages dans l’hôtel Byblos à Sévaré, début août dernier, celle du Radisson Blu à Bamako a été simultanément revendiquée par le mouvement d’Amadou Kouffa et de Mokhtar Belmokhtar.
Le Front de libération du Macina (FLM) a revendiqué, hier, l’attaque, vendredi, contre l’hôtel Radisson Blu, à Bamako, au Mali. Dans un message transmis à l’agence AFP et la radio RFI à Bamako, le FLM précise qu’il a agi avec le groupe Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghali, qui a proféré des menaces contre les signataires de l’accord de paix et de s’en prendre à la France qui reste, selon un récent message sonore d’Ag Ghali, “un ennemi à abattre”. Par ailleurs, selon RFI, Ali Hamma, un des porte-parole du groupe terroriste activant au centre du pays, a justifié cette attaque meurtrière par “la réaction contre les forces Barkhane qui mènent des opérations contre le Front de libération du Macina et le groupe Ansar Eddine avec l’aide de l’armée malienne”. Une justification qui sonne comme un passage à l’acte pour le compte d’Ansar Eddine dont les “directives” sont claires : attaquer les forces de sécurité, maliennes et étrangères, notamment françaises et celles de la Minusma pour torpiller la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Même les groupes rebelles du Nord, signataires de l’accord, ont été menacés. Pourtant, samedi, au lendemain de l’attaque, El-Mourabitoune, groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar, allié et principale composante d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a revendiqué par le biais d’un tweet la prise d’otages ; revendication qu’il confirme par un message sonore transmis à la chaîne qatarie Al-Djazeera.
Exactement comme pour la prise d’otages dans l’hôtel Byblos à Sévaré, début août dernier, qui a été simultanément revendiqué par le Front Macina et El-Mourabitoune. S’il est admis que, pour les groupes terroristes, particulièrement ceux activant au nord du Mali, celui qui revendique le premier vaut confirmation. Ils opèrent, selon des alliances conjoncturelles, chaque groupe conservant son “autonomie”, ses intérêts et son territoire.
Cependant, la promptitude et la célérité des uns et des autres à revendiquer pourraient dissimuler une guerre de leadership entre ces groupes. Surtout concernant le FLM qui a revendiqué tous les attentats commis au centre et dans la capitale malienne, depuis le mois de mai dernier. Même s’il prend, à chaque fois, la précaution d’intégrer l’un des deux autres groupes dans ses attaques. Ce qui ne semble pas être le cas pour Belmokhtar, réfugié dans le sud de la Libye, dont les revendications ont deux objectifs : démontrer qu’il dispose encore d’une base au Mali avec la même capacité de nuisance qu’avant l’intervention militaire française, et démentir les informations qui l’ont donné, à plusieurs reprises, pour mort. Plus subtil, Iyad Ag Ghali cultive le secret et les alliances et a la capacité de se rendre utile, à travers son charisme et son influence dans la région nord, y compris pour ceux qu’il désigne comme “ennemis”. D’aucuns pensent aujourd’hui qu’il doit sa survie au rôle qu’il a joué dans la libération des otages français au Mali. Autre facteur de doute sur la paternité de l’attaque de Radisson Blu, le nombre d’assaillants. Alors que le FLM parle de cinq assaillants dont trois sont sortis sains et saufs, El-Mourabitoune parle de deux assaillants qui ont exécuté l’opération. Les services de sécurité maliens recherchent d’ailleurs trois suspects. Ce qui donne plus de crédit à la revendication du FLM.
D. B.