Hamadou Kouffa, le leader du Front de Libération du Macina (FLM), un groupe djihadiste qui s’active dans le centre et le sud du Mali, est un ancien prêcheur dans la région de Mopti qui s’est fait connaître en apparaissant aux côtés d’Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Eddine, lors de la prise de la ville de Konna, en janvier 2013.
Selon Ibrahim Maiga, chercheur à l’Institut d’etudes de securité (ISS Africa), la rencontre entre les deux hommes aurait eu lieu lorsqu’ils militaient au sein du mouvement religieux Dawa dans les années 2000.
"C’est un ancien de la Dawa, organisation religieuse de prédication, très discrète, qui se dit non violente. La Dawa se distingue par la prédication et l’appel sur le sentier d’Allah ", déclare le chercheur.
Connu pour ses prêches enflammés contre le gouvernement malien, il a revendiqué dans un communiqué l’attaque meurtrière de l’hôtel Radisson de Bamako qui a fait 22 morts vendredi dernier.
"Cette attaque est venue comme une réaction contre les attaques des forces françaises Barkhane qui visent certains éléments du Front et Ansar Dine à l'aide de l'armée malienne et le soutien de certains pays occidentaux", affirme-t-il.
En août dernier, il a revendiqué l’attaque de l’hôtel Byblos qui avait fait 12 morts.
L’homme d’une soixantaine d’année demeure un mystère pour beaucoup de ses compatriotes.
"Kouffa ne serait pas son nom de famille. C’est le nom de son village qui se situe dans la région de Mopti ", indique M. Maïga.
Bien qu’allié avec Iyad Ag Ali, Hamadoun Kouffa a son propre agenda.
"Il se réclame de la philosophie d’Ansar Dine mais son organisation a sa logique interne. Le FLM est constitué par d’anciens éléments du MUJAO qui voient dans le FLM un combat religieux mais aussi communautaire ", ajoute M. Maïga.
Recherché par l’armée malienne, il échappe encore à la vigilance des services de sécurité malienne mais certains de ses lieutenants comme Allaye Bocari Dia ont été arrêtés mi-novembre.
Il menace souvent les autorités de son pays et appelle ses partisans à s’en prendre aux intérêts des français.
"Nous sommes capables de frapper à n'importe quel moment", indique le communiqué de son mouvement, promettant une multiplication des attaques "contre les endroits politiques, économiques, et touristiques.
Le Front de Libération du Macina rêve de réunifier le royaume peulh du Macina, un empire théocratique du XIXème siècle fondé par un marabout peulh.
"Nous allons gouverner nous-même le Macina et appliquer la charia", promet le FLM dans le texte revendiquant les attentats de vendredi dernier.
Selon le chercheur, le djihadiste recrute principalement des peulh mais son ambition dépasse le Mali.
"Il y a la symbolique du grand Macina. C’est un discours qui parle à certaines communautés notamment aux Peulhs. Le communautarisme est un facteur important au sein du FLM. Ils voient plus large que le Mali car l’empire qu’il veut réunifier dépasse les frontières du Mali et englobe une partie de la Mauritanie et du Niger ", explique M. Maïga.