Bamako - Trois employés et deux gardiens maliens de de l'hôtel Radisson Blu de Bamako ont été tués lors de l'attaque vendredi matin, a indiqué le patron du groupe Rezidor, qui gère l'établissement, portant le bilan à 14 clients étrangers, cinq personnels locaux et un gendarme malien.
Au même moment, un personnel civil de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a été tué à la mi-journée par l'explosion d'un engin au passage d'un convoi de la Minusma dans le nord-ouest du pays, une attaque condamnée par le secrétaire général Ban Ki-moon, assurant que de tels actes "n'entameraient pas la détermination" des Nations unies.
"Nous avons perdu trois membres de nos personnels et deux membres de nos services de sécurité", a déclaré le patron du groupe Rezidor, Wolfgang Neumann, venu à Bamako à la suite de l'attentat.
Vendredi, l'accès à l'établissement était défendu par "trois gardes armés le matin même" de l'attaque, a-t-il souligné.
Parallèlement, les fusils d'assaut Kalachnikov utilisés par les deux assaillants tués étaient en cours d'analyse par des experts de la police de la Minusma.
Ils ont été "retrouvés au Radisson auprès des terroristes lorsque nous sommes intervenus sur les lieux" le jour de l'attaque, ils "nous ont été confiés par la police malienne", a expliqué à la presse un officier de la gendarmerie française, identifié par son seul prénom, Laurent.
Selon lui, les experts recherchent des "détails sur les numéros, la fabrication", qui permettront "de +tracer+ ces armes, savoir de quel stock elles proviennent, de quelle fabrication", à défaut de pouvoir exploiter les
empreintes digitales, trop nombreuses "sur une arme qui a été manipulée par beaucoup de personnes".
Au moins trois complices présumés étaient recherchés mardi, et la télévision publique diffuse régulièrement depuis lundi un appel à témoins de la police nationale sollicitant toute information sur les deux assaillants tués - deux hommes à la peau noire - photos à l'appui.
- Trois jours de deuil -
M. Neumann a également rendu visite aux familles endeuillées et aux blessés et a été reçu par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, selon un photographe de l'AFP.
"Les terroristes ne gagneront pas: nous allons rouvrir rapidement l'hôtel", a-t-il assuré.
Pour saluer la mémoire des victimes, environ 100 employés de l'établissement se sont rassemblés à l'entrée de l'hôtel, toujours fermé au public, mardi, au deuxième des trois jours de deuil national.
Des fleurs ont été posées sur les marches, dont une couronne arborant un drapeau malien sur lequel on peut lire : "Hommage aux victimes du Radisson Blu. Que Dieu vous accueille dans sa miséricorde infinie", signé d'un collectif local, a constaté un photographe de l'AFP.
Le Ghana a dépêché mardi à Bamako son vice-président, Kwesi Bekoe Amissah-Arthur, pour marquer son soutien aux autorités maliennes. Il a été accueilli par le Premier ministre Modibo Keïta, et s'est entretenu avec le président Keïta, a rapporté la télévision publique.
Le 20 novembre, l'hôtel a été attaqué par des hommes armés qui y ont retenu environ 150 clients et employés. Les forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents la Minusma, sont intervenues et ont "exfiltré" 133 personnes, selon le ministère de la Sécurité.
Le dernier bilan s'établit à 14 clients étrangers (six Russes, trois Chinois, deux Belges, une Américaine, un Sénégalais, un Israélien) et six Maliens (trois employés, deux gardes, un gendarme) tués, outre les deux assaillants.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Ils y ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
Déployée il y a a un peu plus de deux ans, la Minusma est la mission de maintien de la paix de l'ONU qui a le plus souffert en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995.
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