Accusé à tort ou à raison de gérer seul l’attaque terroriste à Bamako, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile était effectivement au début et à la fin des opérations la vedette.
Quelques jours après l’attaque terroriste qui a visé l’hôtel Radisson, les spéculations vont bon train. Pis encore, c’est au sein même du gouvernement et de l’appareil militaire et sécuritaire que les accusations se font sentir.
Non contents de la gestion faite de l’attaque par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, certains responsables nationaux versent dans l’adversité en sourdine. Nombre d’entre eux ont passé le plus clair de leur temps à reprocher au ministre de vouloir jouer en faveur de sa cote de popularité lors de cette attaque terroriste.
C’est simple : on voit en la promptitude par laquelle le jeune ministre a activé les forces de sécurité et le fait qu’il était le premier officiel à parler de la question comme un moyen de se faire de la publicité et marquer les esprits.
Certaines langues sont allées jusqu’à dire que le colonel-major Salif Traoré n’avait même pas jugé nécessaire d’en référer au Premier ministre pour prendre des décisions. Car, en plus de la cellule de crise mise sur pied au sein du département de la Sécurité et qui avait regroupé certains chefs militaires comme le chef d’état-major général des armées, à la Primature, Modibo Kéita, avait lui aussi coordonné en quelque sorte les opérations.
Aux côtés du PM, il y avait un petit noyau des ministres, notamment le ministre de l’Economie numérique, de l’Information, de la Communication, porte-parole du gouvernement dont on dit qu’il a été supplanté par son collègue de la Sécurité. Ce dernier, en plus d’avoir pris le contrôle des opérations sur le terrain avait pu monopoliser la parole en rencontrant tout au long de la journée du vendredi la presse. Sans oublier que le colonel-major Salif Traoré était devenu à l’occasion l’interlocuteur privilégié du chef de l’Etat en déplacement au Tchad.
Selon des proches de Salif Traoré, ces accusations n’ont d’autre but que de saboter le travail remarquable qu’il a su abattre en cette journée cruciale pour notre pays. En chef militaire avisé, le ministre Traoré, soulignent les mêmes collaborateurs, n’a fait que son devoir, celui de rassembler l’ensemble des services de la sécurité et de faire front commun à la situation.
Mieux, avancent toujours des proches du ministre, le fait qu’il était mis en avant témoigne justement de la qualité des rapports qu’il entretient avec ses hommes de la police, la gendarmerie, la garde et la protection civile. Car, certains estiment que les directeurs de ses services de sécurité ont été les grands absents de ce vendredi noir dans la capitale.
En tout état de cause, ce débat, somme toute de bas étage, révèle encore une fois le manque de cohésion entre le politique et le militaire au sein de l’appareil d’Etat.
Alpha Mahamane Cissé