Des imams, des conseillers municipaux, des chefs de village ou de tribu ou encore de simples citoyens ont déjà payé un lourd tribut au terrorisme. Considérés, à tort ou à raison, comme étant impliqués dans le combat contre la terreur, de nombreuse personnalités ont été fauchées par les balles assassines de sanguinaires terroristes qui écument le territoire malien pour étendre leur domination. La menace qui pèse sur eux se fait de plus en plus pressante.
Les terroristes se sont déjà montrés impitoyables avec ces paisibles citoyens qu’ils considèrent comme des collabos de l’administration. En février 2015, des jihadistes ont assassiné dans la nuit de vendredi à samedi un conseiller municipal de Kérédaga, dans la commune de Timéssa. Selon plusieurs ressortissants de cette localité de la région de Mopti, le conseiller municipal a été ciblé par les terroristes pour qui il aurait donné des informations sur leurs mouvements.
Dans la foulée de ces évènements, la gendarmerie a procédé à l’arrestation de sympathisants de la cause des jihadistes qui avaient réussi à faire régner la terreur sur la population locale, provoquant un déplacement important de personnes en quête de refuges dans d’autres localités de la région.
Autre exemple, le 13 août dernier, l’imam du village de Barkérou dans la localité de Nampala a été abattu par des hommes armés également affiliés à Amadou Koufa, le leader du mouvement jihadiste sévissant dans la région de Mopti. Les terroristes ont mis en garde les populations de la zone contre toute collaboration avec les forces de défense et de sécurité.
En milieu rural, certaines figures locales ont presque perdu le sommeil en raison des menaces exercées par les terroristes qui se cachent loin des forces de défense et de sécurité. Mais le renforcement de la présence de l’armée malienne dans la région de Mopti desserre en quelque sorte l’étau autour des chefs locaux qui sont dans le collimateur de la nébuleuse terroriste dont les menaces sont toujours exécutées.
Si la menace est devenue moins pressante pour les chefs traditionnels dans la région de Mopti à cause des patrouilles courantes des forces de défense et de sécurité, il n’en est pas de même pour les régions du nord, particulièrement la région de Tombouctou. Les tracts écrits en arabe qui sont signalés dans la zone de Ber ne visent pas que les éléments des groupes armés signataires de l’accord d’Alger.
La menace des jihadistes qui sont derrière ces tracts est aussi valable pour les chefs de tribu, les chefs de village et les imams de la région. En 2014, plusieurs chefs de tribus et autres leaders communautaires ont été ciblés par les terroristes résidant dans le nord du Mali. En 2013, un chef de tribu Imghad a été ainsi assassiné dans la région de Gao.
Soumaila T. Diarra