Nous avons une pensée pieuse pour les victimes. Je veux parler des victimes de la prise d’otages à l’hôtel Radisson Blu de Bamako. À l’annonce de cet événement malheureux, j’avais craint le pire pour mon cousin. Le sachant très émotif, plus ou moins fragile, je m’étais dit qu’il s’effondrât. Il n’a pas pleurniché. Il s’est montré très courageux…
Mais je me suis entendu dire par une méchante langue que, c’est parce que, cette fois-ci, il n’y avait pas de victimes françaises. Auquel cas, mon cousin se serait fondu en larmes. Je n’y crois pas. Après tout, mon cousin est Malien. Sa propension à pleurer une victime malienne doit à une tendance lourde l’emporter sur celle de pleurer des victimes étrangères.
Vous dites ? Avec ton cousin, tous les jours apportent leur lot de malheurs. Euh, Maliens, sachez raison garder ! Vous savez bien que mon cousin tient au bonheur des Maliens comme à la prunelle de ses yeux. À la place de mon cousin, aujourd’hui, tout autre Malien aurait à relever les mêmes défis. Avec des fortunes diverses, j’en conviens avec vous. Alors, arrêtez de penser qu’il porte la poisse. D’ailleurs, vous vous mettez où, vous Maliens, qui l’avez plébiscité ?
S’il le pouvait, mon cousin aurait épargné tout malheur aux Maliens. Il cherche désespérément à restaurer leur dignité et leur honneur. Ça, il faut le lui reconnaître. D’ailleurs, comme on le dit chez nous, «le bébé s’échappe des mains de celui qui se donne au moins la peine de le prendre».
Cousin, je veux bien te défendre, mais il faut le reconnaître, tu nous as tellement habitués à regarder un tableau peint noir complètement qu’on choisit des raccourcis pour t’affubler de tous les maux d’Israël. Avec des histoires de surfacturations, de rétro-commissions, de népotisme… comme par exemple le fait d’emmener ton chauffeur en France alors que tu voyageais par avion !
Si la prise d’otages à Radisson, avec ses nombreuses victimes, ne t’a pas arraché une seule larme, je n’en espère pas autant à travers ces lignes. Chapeau, pour n’avoir pas pleuré cette fois-ci ! Enfin, si, à l’accueil du président sénégalais, venu présenter ses condoléances au peuple malien. Tu as joué au «médecin après la mort».
Issiaka SISSOKO