Il se nomme Modibo Konaré, un agent serveur à l’hôtel Radisson Blu. Il a de justesse échappé à la mort, car les deux assaillants qui lui avaient pointé leurs Kalachnikovs, l’ont laissé partir quand il leur a fait savoir qu’il est un musulman pratiquant et s’est mis à réciter quelques sourates du Saint Coran.
Nous nous sommes entretenus avec lui. Il a expliqué qu’aux environs de 6 h 30 mn, il a entendu des coups de feu qui venaient d’en haut au niveau du restaurant. « J’ai dans un premier temps, pensé que c’était une assiette qui était tombée et s’était brisée. Je suis sorti de mon room-service au rez-de-chaussée pour aller voir ce qui se passe au dehors. Je n’ai vu personne et j’ai rejoint mon poste pour continuer mon travail. Quelques instants après, les bruits ont persisté et j’ai alors compris que ce n’était pas des bruits de cassure d’assiettes et j’ai aussitôt vu un collègue descendre de l’escalier en courant. Il m’a rejoint en criant : ‘’ils sont arrivés et ils nous tuent’’. Nous avons voulu sortir par une porte mais nous avons croisé un homme armé en face. Nous avons reculé. Mon ami a couru pour monter à son poste et je suis retourné au mien. Je me suis caché derrière une porte, et le monsieur m’a suivi pour rentrer dans mon poste en tirant partout. Il tirait sur tout ce qui bougeait, il est passé à côté de moi sans m’apercevoir. Je me suis glissé dans la chambre où sont stockés les bagages des clients en éteignant la lumière. Je priais le Tout Puissant pour qu’il me sauve de cette affaire. Contre toute attente, deux hommes sont venus ouvrir la porte et ont vu mon pied. L’un d’entre eux a tiré sur mon pied, la balle a frôlé mon soulier au niveau du talon. Décidé à prendre mon courage à deux mains, je me suis aussitôt levé, en disant ‘Lâilâhaillallâh MouhammadarRasoûloullâh, Allâhou Akbar et je leur ai fait face. Les deux hommes parlaient dans une langue que je ne comprenais pas. Ce n’était pas anglais, pas arabe, encore moins français. Je me suis mis à réciter des sourates qui me venaient en tête et j’ai compris que l’un d’entre eux avait eu pitié de moi, et a demandé à l’autre de s’en aller. Son collègue ne voulait pas aller. Il l’a tiré par la chemise et ils sont partis. Je suis resté dans la cellule jusqu’à l’arrivée des forces armées maliennes, qui m’ont fait sortir de l’hôtel. Des policiers m’ont conduit à deux carrés de l’hôtel où j’ai rejoint d’autres. Nous avons été conduits au commissariat du 14e Arrondissement où nous avons été enregistrés, puis reconduits au complexe sportif sis à l’ACI 2000. Nous avons été rejoints au stade par une équipe de psychologues qui nous a remonté le moral. Après cette séance psychologique, nous avons été libérés et chacun s’est débrouillé pour rentrer chez lui ».
Bandiougou Bouaré