Le Rassemblement Pour le Mali (RPM), parti au pouvoir, est sur le point de voler en éclats. Regroupant les fondateurs du parti, mais aussi, une trentaine de députés, les frondeurs menacent de lancer, dans les semaines à venir, leur propre formation politique, dénommée Alliance pour la Justice, le Progrès et la Solidarité (AJPS). Du moins, si Bocari Tréta, le secrétaire général du RPM, n’est pas nommé à la tête du futur gouvernement. Qui devrait être, selon de sources concordantes, dirigé par un jeune qui aurait la confiance du président de la République.
IBK est, depuis quelques semaines, sous une double pression : celle de sa propre famille, qui n’entend pas voir Bocari Tréta à la tête du gouvernement, d’une part. Et, d’autre part, celle de son propre parti politique.
Selon nos informations, la nomination de Bocari Tréta, comme Premier ministre, est rejetée par la famille présidentielle. Parce que ce dernier avait juré, qu’avec lui à la Primature, les membres de la famille présidentielle n’auraient plus leur mot à dire dans la conduite des affaires de l’Etat.
Composés des membres-fondateurs du RPM et d’une trentaine de députés, les frondeurs jugent l’attitude de la famille présidentielle « inacceptable ». Surtout, disent-ils, quand il s’agit du secrétaire général, donc le premier responsable du parti au pouvoir. Pour eux, plus question d’accepter un chef du gouvernement, qui ne serait pas issu du parti au pouvoir.
Le RPM divisé en pro-famille présidentielle et pro-Tréta
En effet, depuis quelques semaines, pro-famille présidentielle et pro-Tréta se livrent une guerre sans merci. Récemment, la rivalité entre ces deux camps avait retardé la mise en place du nouveau bureau de l’Assemblée nationale. Surtout, avec l’honorable Karim Keïta, candidat au poste de premier vice-président ; c’est-à-dire, la seconde personnalité de l’hémicycle après Mr Issiaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale et beau-père de Karim Keïta. Pour les frondeurs, cette politique de la « famille d’abord » ne passera pas. La vigoureuse opposition des frondeurs à l’élection du fils du président de la République à ce poste a fini par payer. L’ancien premier vice-président, l’honorable Mamadou Tounkara, député élu à Kita, conserve son poste. Bien plus, les frondeurs avaient, aussi, réussi l’élection de l’honorable Timbiné, un petit dogon, au poste de président de la Commission Transport et Equipements de l’Assemblée nationale.
Ces deux victoires n’ont pas, pour autant, calmé les ardeurs des frondeurs. Lesquels s’opposent, désormais, à la nomination d’un Premier ministre qui ne serait pas issu des rangs du parti. Auquel cas, ils menacent de quitter le RPM. Avec eux, leurs militants et leur trentaine de députés.
IBK devant un choix cornélien
Lors de sa visite d’Etat en France, le président français, François Hollande, lui aurait conseillé de mettre en place un gouvernement, regroupant toutes les forces vives de la nation, y compris les leaders des groupes armés.
Le président Hollande aurait, aussi, conseillé à son homologue malien de tenir sa famille loin des affaires publiques. Surtout, après les scandales qui ont émaillé les deux ans d’IBK au pouvoir : équipements militaires, avion présidentiel, engrais frelaté…….
A en croire la presse, deux personnalités seraient pressenties pour succéder à Modibo Keïta à la Primature : Mamadou Igor Diarra, actuel ministre de l’Economie et des Finances et Mohamed Ag Erlaf, ministre de la Décentralisation et de la Modernisation de l’Administration.
Après avoir nommé trois premiers ministres hors de son parti politique, le président de la République se voit, cette fois-ci, contraint de choisir le chef du prochain gouvernement dans les rangs du RPM. Pour les frondeurs, de deux choses, l’une : ou IBK choisit Bocari Tréta comme Premier ministre, ou ils le lâchent.
Tiraillé entre pro-famille présidentielle et pro-Tréta, IBK ne sait plus où donner de la tête : faut-il choisir le futur chef du gouvernement au sein ou en dehors du RPM, le parti au pouvoir ? En clair, IBK va-t-il obéir au choix de sa famille ou à celui de son parti ?
Le choix peut, à première vue, paraître difficile pour le Chef de l’Etat. Mais il ne semble guère avoir le choix. Il doit faire son choix. Et le bon, celui qui pourrait faire le bonheur du Mali. Le bonheur des M liens. En choisissant un Premier ministre qui ne serait pas issu de son parti, IBK risque de voir le RPM voler en éclats. Il pourrait ne plus avoir la majorité des députés à l’Assemblée nationale ; mais aussi, se présenter à la présidentielle de 2018 en candidat indépendant.
Selon nos informations, le récépissé du RPM serait au nom du Dr Bocari Tréta, l’homme que sa famille présidentielle n’entendrait pas voir à la tête de la Primature.
Oumar Babi