Il y a une semaine, l’hôtel Radisson BLU était la cible de terroristes. Ceux-ci y ont perpétré une prise d’otage (sanglante) qui a coûté la vie à 22 personnes, dont les deux assaillants. Depuis, une panique, à peine voilée, s’est emparée de la capitale. Et les établissements hôteliers, plus que jamais conscients du danger qui plane, n’ont pas tardé à prendre des mesures qui siéent à la situation. L’on aperçoit actuellement des éléments des sociétés de gardiennage, jadis chargés de la sécurisation de ces lieux, renforcés par des policiers, des gardes, et parfois des éléments de l’armée. Si les nouvelles mesures rassurent plus d’un, les populations restent cependant dubitatifs quant à leur pérennité.
Le Mali fut (à nouveau) atteint en plein cœur par les terroristes. Ceux-ci ont réussi un de leurs sales coups, en faisant irruption, le vendredi 20 novembre dernier, à l’hôtel Radisson où ils ont fait plus d’une vingtaine de victimes. Au-delà de la compassion envers ces victimes, cette situation remet en cause l’efficacité des mesures de sécurité déployée autour de nos hôtels. Aucun pays, fût-il puissant, n’est à l’abri d’attaques terroristes, certes; mais devrions nous pour autant occulter les failles de notre système de sécurité, en mettant en avant cet alibi. Que non. La légèreté dans la sécurisation des lieux publics au Mali, est palpable.
Et ce ne sont les responsables des établissements hôteliers de la capitale qui vous diront le contraire, d’autant plus qu’ils se sont tous (ou presque) empressés de revoir le niveau de leur système de sécurité après l’attaque de Radisson. Aveux d’inconscience face à l’imminence des dangers? En tout cas, chacun semble tirer des enseignements de l’évènement vécu par cet hôtel chic de Bamako. En effet, de l’hôtel Onomo à Massaley, en passant par Salam, le dispositif sécuritaire a été rendu plus robuste, avec des agents bien armés. La vigilance est de mise. Et l’accès (à notre passage) n’était point accordé à tout-venant. En clair, tout est entrepris pour rassurer la clientèle encore présente.
À Onomo, même si le personnel semble décontracté, on peut constater un changement de comportement de la part des vigiles, aussi bien à l’entrée que dans la cours de l’hôtel. L’effectif des agents a été revu à la hausse. Tout de même, à l’hôtel Salam, un établissement fréquenté par des étrangers, a densifié ses ressources humaines et matérielles pour parer à toute éventualité. Le contrôle est systématique dès l’entrée principale où des agents, dont des militaires, veillent au grain. Nous n’évoquerons pas ici leur nombre, encore moins la nature de leurs armements.
Mais ce qui a retenu notre attention le mardi dernier, c’est que cet hôtel avait annulé, dans la matinée, certaines cérémonies qui devaient se tenir dans ses locaux. Pourquoi ? Aucune réponse n’a été donnée par le directeur de la sécurité que nous avons approché. Cependant, les clients, visiblement rassurés, vaquaient à leurs occupations.
Idem pour l’hôtel Massaley où la sécurité a également été renforcée. Même si l’on refuse tout commentaire sur le système mis en place, cet établissement est visiblement préoccupé par la brusque dégradation de la situation sécuritaire à Bamako.
Contrairement à ces hôtels, l’on ne semble pas céder à la « panique » à l’hôtel Columbus où aucun dispositif digne de ce nom n’était visible.
Autre registre, la quasi-totalité des établissements financiers ont également renforcé leur dispositif sécuritaire.
En somme, l’attaque de Radisson a semble-t-il éveillé les consciences. Et convaincu plus d’un que les terroristes ont encore à porter de main les endroits stratégiques du Mali, comme nous l’annoncions il y a déjà des mois. Mais pour combien de temps durera cette prise de conscience? C’est là toute la question, quand on sait que l’on a la fâcheuse habitude de retomber dans la « légèreté » aussitôt que le malheur passe. Pour le moment, le contexte d’Etat d’urgence (décrété par le président de la République) aidant, les autorités maliennes ainsi que les particuliers mettent le paquet pour la sécurisation des personnes et de leurs biens. Toute chose fortement appréciée par les citoyens, dont les plus pessimistes affirment déjà que cela ne durera que quelques jours. Le temps jugera…
Issa B Dembélé