Pour protester contre l’arrestation «arbitraire» des agents de Banque, la grève de 72 heures des banques du Mali est effective depuis hier. De visu, le mot d’ordre de grève a été respecté par les employés dans le district Bamako. Un mot d’ordre qui a été aussi respecté, selon le syndicat des Banques au Mali, sur toute l’étendue du territoire national. Seuls les clients qui ont des cartes de retrait arrivaient à effectuer leurs opérations bancaires à travers les guichets automatiques de la capitale malienne. Un service néanmoins limité.
«Le constat est là: le mot d’ordre de grève a été suivi à 100% sur toute l’étendue du territoire national par les employés des banques, établissements financiers, compagnies d’assurances et commerces », C’est la déclaration faite par Aguibou Bouaré, le secrétaire général du Syndicat national des banques et établissements financiers du Mali(Synabef), en faisant le point sur le suivi de la première journée des 72 heures de grève décrétées par le Synabef.
Une déclaration qui colle à la réalité sur le terrain. «Pour la sécurité judiciaire dans l’exercice normal de leur profession par ses militants, le Synabef observe une grève de 72 heures, les 25,26 et 27 Novembre 2015», pouvait-on lire à la porte d’entrée des différentes banques, établissements financiers, compagnies d’assurances et commerces du District de Bamako.
Autres faits palpables de l’application effective de cette grève : les parkings de motos et de véhicules sont quasiment vides ou fermés et seuls les agents de sécurité étaient visibles dans les cours des établissements financiers. A l’agence principale de la BSIC, sise au quartier du fleuve, les vigiles informaient les clients venus effectuer des opérations en ces termes: «Pas de travail aujourd’hui».
Surpris d’avoir trouvé sa banque fermée, un client, qui a tenu à garder l’anonymat, dit: «Je ne suis pas contre la grève. Mais pour des choses comme ça, il faut avertir les clients à l’avance. Par exemple, passer l’information de la grève à la radio ou à la télé pour que les clients prennent des dispositions. Nous sommes des chefs de famille. Non seulement on punit les clients, les banques, mais ce n’est pas bon également pour l’image du pays».
Les commerçants détaillants sont, aussi, affectés par cette grève des banques et établissements financiers. Le président des commerçants détaillants du Mali, Cheick Oumar Sacko, met en garde contre les dangers de cette paralysie. «Cela cause trop de gâchis aux commerçants détaillants. Nous la vivons avec beaucoup de difficultés, car la plupart des commerçants détaillants ne gardent plus l’argent sur eux. Après la vente de la journée, ils sont nombreux à aller verser leur argent à la banque. Cela est devenu une habitude pour beaucoup d’entre nous », argumente Cheick Oumar Sacko.
Il ajoutera qu’avec cette grève des banques, les commerçants détaillants n’ont aucun autre lieu sûr pour mettre à l’abri les recettes journalières. Et cela, dit-il, peut attirer les voleurs sachant bien que les gens vont être obligés de se promener avec leur argent.
Pour expliquer plus la gravité de la situation, le président du SYNACODEM dira que les transactions financières avec leurs fournisseurs ne seront pas possibles pendant cette grève. « Dans ce bras de fer, c’est les innocents qui payent malheureusement le lourd tribut », a-t-il expliqué.
Le syndicat assure que ce n’est pas par gaieté de cœur qu’il va en grève. « Depuis au moins six mois, on communique sur ce problème appelé affaire Bicim contre Cissé Technologie qui dure depuis 2014. Nous avons frappé à toutes les portes, fait des notes techniques, articles, attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale. On n’a pas été compris. On n’a pas d’autres choix que d’aller en grève. Nous ne cherchons rien auprès du gouvernement que l’application à la lettre des lois et règlements qui régissent le secteur bancaire», souligne A. Bouaré.
Le Synabef, indique A. Bouaré, n’entend pas s’arrêter là si une solution idoine n’est pas trouvée à la situation de leurs agents « injustement » mis en prison. «Le Synabef reste disponible pour le dialogue. Même si un terrain d’entente est trouvé tout de suite, on va suspendre la grève. Mais si à l’expiration des 72 heures, il n’y a pas d’accord, on va aller en grève illimitée. Car mieux vaut arrêter de travailler que de travailler étant en prison», indique A. Bouaré.
Les conséquences de la cessation de travail, selon A. Bouaré, sont dramatiques non seulement sur leur corporation, mais surtout sur l’économie du pays. «En plus des désagréments qu’elle (grève) va causer sur nous, sur les clients à qui d’ailleurs je présente toutes nos excuses, l’économie nationale va en pâtir aussi», a souligné le premier responsable du Synabef.
La grève a été déclenchée suite à l’échec des négociations entre le Synabef et le gouvernement. le Syndicat des Banques et Etablissements Financiers du Mali dénonce « l’emprisonnement et l’inculpation des employés des banques par la «jurisprudence Cissé Technologie» pour avoir fait le paiement de chèques conformément aux exigences légales, sur fond d’instrumentalisation de certains juges en leur imposant, dans l’illégalité la plus totale, des nouvelles règles et exigences sur le paiement d’un chèque ».
Hadama B. Fofana