Depuis l’accession d’IBK au pouvoir, on assiste à des soulèvements voire des manifestations un peu partout au Mali pour exprimer la désapprobation face à la gestion actuelle du pays. Des conférences de presse en passant par les sit-in, des marches, des grèves, tous les moyens sont utilisés par les citoyens pour se faire entendre. Il ne se passe pas de semaine ou de mois sans qu’une association, une organisation ou un syndicat ne s’insurge contre la gestion chaotique du pays ou réclame ses droits, rien que ses droits qui se trouvent être bafoués quelque part. Le plus récent est la marche et le sit-in organisés par les travailleurs compressés du Mali pour revendiquer leurs droits qui s’élèvent à 41 milliards 900 millions de FCFA.
Ignorance ou refus de gérer les problèmes des citoyens ? De deux choses, l’une. Et s’il s’avère vrai que le pouvoir est réticent à prendre à bras le corps les desideratas des populations, on est alors pas loin du règne de l’anarchie dans le pays où tout le monde fera ce qu’il veut car voyant que ses droits sont piétinés par la puissance publique.
Le résultat de l’enquête de l’Afrobaromètre du samedi 24 octobre 2015 est sans équivoque: 67% des Maliens sondés sont d’accord avec les récentes grèves dans le pays dont celles généralement organisées par la principale centrale syndicale (Untm). Et toujours selon l’enquête, les Maliens estiment que le gouvernement peut faire face aux revendications syndicales.
En tout cas, il y a de quoi s’inquiéter.
Le pays a connu, ces derniers temps, un certain nombre de mouvements de grève dont les deux grèves générales de l'Untm (Union nationale des travailleurs du Mali) d'août et d’octobre 2014, respectivement 48 heures et 72 heures. Des grèves partielles ont également été enregistrées dans les secteurs de la santé (48 heures en février 2014), de l'éducation (le secondaire puis le supérieur, toutes en février 2014), des mines (48 heures en novembre 2014) et des impôts (72 heures en juillet 2014). Le 30 octobre 2015, la marche de l’Union nationale des Sociétés des coopératives de producteurs de coton (UN-CSPC) fut annulée par les autorités.
Cette marche était initiée pour exiger le renouvellement des instances de la base au sommet, conformément aux textes en vigueur, l’arrêt des travaux et la dissolution de la Commission d’appel d’offres des intrants agricoles de la campagne 2016-2017 et surtout le paiement des ristournes sur les bénéfices de la vente du coton de la campagne 2014-2015. Le lundi 16 novembre 2015, le syndicat des travailleurs de Transrail a organisé à son siège une assemblée générale pour exiger la mise en œuvre du schéma institutionnel devant préserver l’intérêt des milliers de travailleurs.
Le 19 novembre dernier, les compressés du Mali ont effectué une marche et un sit-in pour exiger le paiement de leurs droits qui s’élèvent à 41 milliards 900 millions que l’Etat leur doit. « Le non respect du droit a toujours été source de violence », pouvait-on lire sur leurs banderoles au cours de ladite marche.
Ne parvenant plus à faire face aux paiements des frais de douane, d’intention à la DNCC(Direction nationale du commerce et de la concurrence) et d’assurance imposée sur eux pour importer du ciment au Mali, l’Association des Importateurs et Revendeurs de Matériaux de Construction et de Ciment (AIRMAC), a décidé d’arrêter l’importation du ciment depuis le 21 novembre 2015. Si une solution idoine n’est pas rapidement trouvée à cette situation, les nombreux chantiers du pays seront aux arrêts. Surtout si l’on sait que l’usine de ciment du Mali ne produit que 1 ou 1,5 million de tonnes par an, alors que le pays utilise 3,5 million de tonnes de ciment par an au minimum.
Et pour ne rien arranger aux choses. Les Banques et Etablissements financiers du Mali sont en grogne depuis le 25 novembre 2015 pour protester contre l’arrestation «arbitraire» des agents de Banque. Une grève de 72 heures qui paralyse l’activité économique du pays.
Au delà de la classe politique, dont l’opposition qui ne rate pas d’occasions pour critiquer la mauvaise gestion du pays, une frange de la société civile, elle aussi, hausse le ton. A en croire le coordinateur du Réseau plaidoyer et lobbying (Rpl), Hamidou Traoré, les problèmes auxquels le Mali est confronté est dû à la mauvaise gouvernance et à la corruption. A cela s’ajoute l’insécurité galopante partout au Mali dont Bamako, la capitale.
Tous ces cas prouvent qu’IBK a du pain sur la planche et doit rapidement revoir sa copie pour prétendre à un deuxième mandant. En tout cas, les Maliens ne cachent plus leurs désarrois face à la gestion catastrophique des deux ans du pays.
Aguibou Sogodogo