PARIS - L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, estime dimanche dans une tribune au JDD qu'"aucune des conditions de la réussite n'est réunie" au Mali, où la France intervient militairement depuis vendredi contre des groupes islamistes armés.
Dans ce texte intitulé "Non, la guerre ce n'est pas la France", où jamais il ne cite le nom du président François Hollande, l'ex-ministre des Affaires étrangères s'interroge: "Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits?".
"J'ai connu M. de Villepin plus inspiré", a répliqué l'actuel chef de la diplomatie Laurent Fabius. "Je préfère me concentrer sur les responsables politiques qui aujourd'hui exercent des responsabilités".
"L'unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la +guerre contre le terrorisme+ m'inquiètent", écrit l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui avait porté en février 2003 à l'ONU le "non" de la France à la guerre en Irak.
Pour lui, "au Mali, aucune des conditions de la réussite n'est réunie".
"Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, ndlr) sont autant de guerres différentes", ajoute-t-il.
"Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide", développe-t-il. "Eviction du président en mars et du Premier ministre en décembre, effondrement d'une armée malienne divisée, défaillance générale de l'Etat, sur qui nous appuierons-nous ?"
Enfin, "nous nous battrons dans le vide, faute d'appui régional solide. La Communauté des Etats de l'Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l'Algérie a marqué ses réticences", dit encore celui qui se targue de n'avoir "jamais cessé" depuis 2003 et l'Irak de "(s') engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force".
Depuis vendredi les réactions dans la classe politique à l'intervention au Mali ont traduit, sauf à la gauche de la gauche, une approbation de la décision de François Hollande, qui s'est félicité samedi de ce "consensus politique".