Depuis des années, l’Office de la Haute vallée du Niger, constitue un des partenaires privilégiés de la CMDT dans la gestion de la filière coton au Mali. C’est dans ce cadre et au sortir de la récente rencontre des principaux acteurs intervenant dans le domaine de la culture, qui s’est déroulée à Sikasso sur le bilan de la commercialisation de 2014-2015 et les préparatifs de commercialisation de 2015-2016, que nous nous sommes intéressés au Directeur général de l’OHVN, Dr Mamadou Kané, nouvellement promu.
Le Pouce : Qu’est ce qui explique que les prévisions de 2015-2016 n’ont pas atteint ?
Dr Mamadou Kané : « Je pense qu’il faut relativiser ce constat. Il ya eu au départ ce petit problème de pluviométrie que nous ne maitrisons pas, même si nous avions pris des dispositions afin de faire face aux effets néfastes de cette pluviométrie capricieuse. Normalement les premières semences devraient avoir lieu à partir du premier juin. La saison des pluies a commencé très tardivement. C’est seulement vers la 2e décade du mois de juillet que la pluie a commencé à être régulière. Malgré ce retard, les paysans de la zone OHVN comme ceux de la CMDT ne se sont pas assis. Ils se sont mis à faire les semis et les corrections nécessaires. Après cela, les choses ont bien donné. Et l’espoir s’est installé jusque vers la fin des pluies. Mais nous avons vécu comme presque dans tous les pays du sahel, des pluies tardives et abondantes. Ce qui a touché à la qualité du coton et des autres produits. En fait, vous aurez constaté que la végétation s’est renouvelée dans beaucoup de champ et beaucoup de capsules en bas des plantes se sont endommagées. Qu’ à cela ne tienne avec l’encadrement, les conseillers agricoles, nous avons pu faire dans beaucoup de lieux des rattrapages de telle manière que les résultats que nous allons avoir soient satisfaisant par rapport aux prévisions initiales. Depuis la création du système du coton au Mali, ça serait le troisième meilleur résultat ».
Le Pouce : Quelles sont les mesures d’accompagnement que vous comptez mettre en place pour amortir les conséquences des changements climatiques ?
Dr Mamadou Kané : « C’est une préoccupation récurrente non seulement pour les plus autorités, mais également pour tous les acteurs de la production agricole. Aujourd’hui, les encadreurs n’ont pas la maîtrise sur la pluviométrie. Sachant ce déficit, nous avons pris la mesure de donner très tôt les semences, d’utiliser beaucoup la technologie, de mobiliser la main d’œuvre pendant la période de pics et le renforcement des capacités des animateurs qui jouent un rôle très important dans le suivi des cultures. Nous avions augmenté le taux des encadreurs dans les zones qui ont été sérieusement affectées. En plus des engrais chimiques, il faudra que nous travaillions beaucoup pour l’utilisation des fumures organiques qui sont des éléments assez proches et qui se trouvent à notre portée. Pour cela, il s’agira de développer les aspects de petits élevages familiaux etc. Ceci permettra de diminuer l’importation des engrais chimiques. Ce mécanisme permettra aussi d’améliorer les conditions de vie des paysans. Les retombées de ces petites activités faciliteront l’achat des pesticides et d’autres intrants ».
Le Pouce : Qu’est ce qui explique ce score de troisième meilleure performance de la culture du coton ?
Dr Mamadou Kané : « C’est d’abord la bonne perception des aléas climatiques. Dans notre politique, nous savons que nous devons tenir compte de çà. C’est une donnée permanente à prendre en compte dans le monde rural. Le rendement a été légèrement amélioré par rapport à celui des deux précédentes campagnes. Cela est dû en partie par le bon suivi des paysans. En matière d’agriculture, le facteur humain est très important. Quand on conseille bien le paysan et appliquer les mesures collectives, le résultat sera au rendez-vous. Ce sont ces mesures que nous allons continuer à développer. A ceci, il faut renforcer la formation continue des paysans pour que les prochaines campagnes soient plus meilleures. La politique au niveau de la CMDT et de l’OHVN en ce qui concerne le secteur coton, c’est l’amélioration constante de la performance. Les deux structures ont toujours eu de bons encadrements. Sans quoi les résultats obtenus ne seraient pas réalisables. C’est le lieu de saluer tous ceux qui ont œuvré pour la maintenance de ces deux structures depuis leur création. A l’état actuel, il revient à nous de prendre en compte des éléments qui peuvent être améliorés pour vraiment aller vers de nouveaux horizons en terme de performance. La productivité, c’est la performance et la qualité. Si ces conditions sont réunies, nos produits agricoles notamment le coton seront mieux payés sur le marché international. Nous savons que nous allons atteindre les 550 000T pour cette année, mais attendons de voir le reste. Malgré les données théoriques qu’on a eu par rapport à la production, je reste convaincu que si le coton arrive à temps à l’usine, il pourrait avoir d’autres chiffres. Il s’agit pour nous de mieux organiser la récolte en entier, assurer le bon transport jusqu’au niveau des usines et faire un bon égrenage ».
Entretien réalisé par Jean Goïta
Source: Le Pouce