Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le Fonds mondial, pour renouer sa coopération avec le Mali, pose des conditions quant à la gestion des ressources destinées à la lutte contre les pandémies du VIH/ Sida, le paludisme et la tuberculose. Il exige, en plus de l’implication des personnes infectées dans la gestion desdits fonds, celle des homosexuels.
En effet, le Mali a renoué avec le Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose. Les premiers décaissements sont prévus pour le mois de janvier 2016. Cette nouvelle collaboration se fait sur des bases différentes de celles qui étaient en cours auparavant. Le Fonds global a en effet élaboré un nouveau modèle de financement (NFM). Les règles actuellement en vigueur exigent, pour que notre pays soit éligible, la mise en place d’un mécanisme de coordination au niveau pays (CCM), ainsi que l’organisation d’un dialogue continu et inclusif avec l’implication des bénéficiaires des trois programmes, notamment les personnes vivant avec le VIH et les «hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes », selon l’expression consacrée. C’est cette dernière condition qui retient le plus l’attention de plus d’un observateur. Même si elle est écrite d’une façon «moins brutale», elle ne passe pas inaperçue. Comment les responsables du mécanisme de coordination au niveau du Mali ont pu accepter une pareille abomination ? Est-ce à dire que l’homosexualité est une pratique courante et reconnue au Mali ? C’est en tout cas très courageux de la part de l’équipe du Pr Ousmane Doumbia. Contacté par nos soins, le Dr Alou Sylla, point focal VIH/Sida, confie d’abord que le nouveau Fonds est un cofinancement du Mali, le Fonds mondial et d’autres partenaires. Selon lui, l’expression «hommes qui couchent avec d’autres hommes» n’a rien de diabolique. Il s’agit tout simplement, dit-il, des gens qui ont des pratiques anales. Or, ils sont très nombreux dans ce pays, a-t-il poursuivi. Le Dr Sylla pense que le VIH/Sida se transmet plus facilement par la muqueuse anale que vaginale. Il cite le ministre français de la Santé qui vient d’adopter une loi pour l’utilisation des antirétroviraux comme traitement préventif désormais. Notre expert en VIH/Sida ajoute que le monde évolue et il faut faire avec. Dr Alou Sylla estime que dans le milieu des homosexuels, le taux de prévalence du VIH est de 12% contre 24% pour les professionnelles du sexe. A ce titre, le Fonds mondial souhaite aller plus loin et combattre le mal à la racine. Pour ce faire, le Fonds veut s’atteler aux activités à haut impact. Et notre interlocuteur de nous exhorter, en notre qualité de communicateur, à ne pas dramatiser cette expression et d’aider les autorités à éradiquer le fléau.
Le chargé de communication du département, Ibrahim Famakan Coulibaly dit apprendre des spécialistes de la question que c’est juste une formule consacrée. Il n’a cependant pas dit pourquoi, ni dans quel contexte ou sens cette formule consacrée est utilisée ?
Loin de nous l’idée de jeter de l’huile sur le feu, mais nous pensons que le peuple doit être édifié sur ce que le Fonds mondial exige de nous. Allons-nous travestir nos us et coutumes, ainsi que les préceptes de nos religions pour avoir de l’argent du Fonds mondial ? Est-ce une façon déguisée d’imposer au Mali la reconnaissance de l’homosexualité ?
Une chose est sûre, c’est que cette condition a été acceptée par le Mali, car les premiers décaissements sont prévus pour le mois de janvier prochain.
Est-il besoin de rappeler que le Fonds mondial avait rompu sa collaboration avec notre pays suite à l’affaire dite du Fonds mondial en 2009. Cette affaire a fait couler autant d’encre que de salive. Après quelques années d’hibernation, la coopération semble reprendre, mais à quel prix ?
Affaire à suivre.
Harber MAIGA
Le pretoire