Le jeudi 26 novembre 2015 s’est tenue au Centre international de conférence de Bamako (Cicb), la rentrée des cours et tribunaux au compte de l’année 2015-2016. Le thème choisi pour cette année est : «Le rôle de la justice dans la consolidation de la paix». La cérémonie solennelle de cette rentrée était placée sous la présidence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), qui est aussi le président du Conseil supérieur de la Magistrature. C’était en présence du Premier ministre, Modibo Keïta, et des membres du gouvernement ; des présidents des institutions de la République ; du président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily et de toute la famille judiciaire.
D’entrée de jeu, le juge rapporteur, Idrissa Hamidou Touré, juge d’instruction au tribunal d’instance de Yélimané, a expliqué dans sa communication que le thème de cette édition intitulé : «Le rôle de la justice dans la consolidation de la paix au Mali» est tout à la fois significatif et d’actualité. Selon lui, au moment où tous les acteurs sociaux de notre pays convergent leurs efforts en vue de participer à la reconstruction du tissu social, il était important, qu’ensemble, nous puissions nous interroger sur le rôle que la justice doit jouer dans la consolidation de la paix. Car, chacun le sait, aucune société ne saurait prétendre être paisible ou démocratique sans une adhésion stricte à la règle de droit. Le rôle légitime de la justice, estime-t-il, est de punir ceux qui violent les normes sociales. «La justice désigne le fait de corriger une inégalité, de combler un handicap, de sanctionner une faute», a-t-il éclairé.
De même, il dira que la paix est une valeur en ce qu’elle désigne un état d’esprit placide et serein, généralement animé par de sentiments enthousiastes et positifs. Elle est souhaitée pour soi-même et éventuellement pour les autres, au point de devenir une salutation du genre. «C’est la relation justice et paix qui conditionne la sécurité, la tranquillité et l’unité au sein de la communauté. Seulement, l’ordre juste de la paix présuppose le fonctionnement de juridictions fortes dont le rôle est d’établir, en cas de litige, ce qui est juste», a noté le juge rapporteur. La consolidation de la paix, ajoute-t-il, consiste à s’attaquer aux «causes profondes» des conflits violents par un soutien aux capacités des autochtones à gérer la paix et à résoudre leurs conflits eux-mêmes.
Pour le réquisitoire du ministère public, le choix du thème de la rentrée judiciaire a toujours fait l’objet de réflexion et de recherches en vue de mieux cerner celui qui cadre le mieux avec les préoccupations majeures des acteurs de la justice, engagés à jouer pleinement leur rôle dans la consolidation de l’Etat de droit sur la base des principes de démocratie.
Prenant la parole, le Président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily, a dit ceci : «La consolidation de la paix devient aujourd’hui l’immense tâche à la contribution de laquelle chaque acteur est invité. La consolidation de la paix s’entend d’une action menée en vue de définir et d’étayer les structures propres à raffermir la paix et éviter une reprise des hostilités». Il ajoutera : «La consolidation de la paix repose sur des approches qui prônent l’utilisation du dialogue, la construction d’une confiance réciproque et la recherche du consensus pour parvenir à un règlement ou à une bonne gestion des conflits par des moyens non violents».
Pour lui, les thèmes de la rentrée judiciaire ne sont pas fortuits, car ça découle de l’activité et la préoccupation de la Nation. Le président de la Cour suprême, M. Tapily, dira aussi que notre pays a été entravé par une crise sans précédent de son existence en 2012 ; laquelle a voulu ébranler les fondements même d’existence de la Nation. En effet, dit-il, l’intégrité territoriale, l’unité de la Nation et la laïcité de l’Etat avaient été fortement entamées. «Les efforts entrepris par le gouvernement, avec l’appui des Nation- Unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Cédéao et des pays amis, ont permis de conjurer les graves atteintes à la souveraineté de notre pays. Les négociations d’Alger entre le gouvernement et les mouvements rebelles ont abouti à l’accord pour la paix signé et parachevé à Bamako les 15 mai et 20 juin 2015», a-t-il rappelé
Prenant la parole, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), non moins le président du Conseil supérieur de la Magistrature, a déclaré que la culture de la paix doit être enracinée dans le comportement des peuples. «La consolidation de la paix est principalement un défi et une responsabilité nationale», a-t-il recommandé. Ceux et celles qui s’’inscriront, a-t-il dit, dans la voie de la paix seront des nôtres. «L’esprit de dialogue, de tolérance, de pardon qui a le plus souvent prévalu et permis de conclure des accords de paix entre les parties en conflit, peine à atteindre tous ses objectifs, à savoir réaliser définitivement la paix dans notre pays», a laissé entendre IBK.
À retenir qu’au cours de cette rentrée judiciaire des cours et tribunaux, une dizaine des juges ont prêté serment pour servir loyalement la Nation.
Seydou Karamoko KONE