L’Association Forum de la Presse du Mali a organisé, le samedi dernier, dans les locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), le 6ème numéro de son Grand Débat Economique. L’instauration de ce débat bimensuel est une initiative d’un groupe de journalistes et de communicateurs réunis au sein de l’Association Forum de la Presse du Mali.
Ce 6ème numéro du Grand Débat Economique avait pour invités Mahamane Baby, ministre de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne et Dr Etienne Fakaba Sissoko, Economiste, chargé de cours à l’Université de Bamako, auteur de travaux de recherche sur l’Emploi au Mali. Les échanges ont porté principalement sur l’état des lieux de l’emploi au Mali, les acquis du gouvernement en matière d’emploi, comment les préserver, les perspectives en matière d’emploi au Mali et les stratégies de promotion des secteurs pourvoyeurs d’emplois au Mali.
D’entrée de jeu, le ministre Mahamane Baby dira que sur les 200 000 emplois promis par le président Ibrahim Boubacar Keïta en cinq ans, 78 000 emplois ont été créés en deux ans. Pour la seule année de 2014 dit-il, 32 618 emplois publics et privés ont été créés dans les secteurs tels que l’agriculture, la pêche, le BTP, le transport, les collectivités, etc.
A sa suite, Dr Etienne Fakaba Sissoko expliquera que la croissance économique du pays est basée sur certaines questions dont l’emploi. Selon lui, les institutions chargées de la question de l’emploi au Mali (ANPE, APEJ, FAFPA, etc.) sont déconnectées des réalités actuelles. Dr Sissoko a déploré aussi la mauvaise politique de la création d’emploi, l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi au Mali.
Sur la question de politique de création d’emplois, le ministre Baby a rebondi en disant qu’on n’a pas besoin d’être expert pour élaborer des politiques de création d’emploi au Mali. A l’en croire, celles qui sont actuellement en vigueur ont été définies par l’Etat et acceptées par les Partenaires Techniques et Financiers. Il a déploré que le budget alloué à cette question est insuffisant pour atteindre les objectifs.
Prenant la parole, Dr Etienne F. Sissoko expliquera que la question de financement constitue un problème majeur. Avant de signaler que les mauvaises politiques ne sont pas seulement liées à l’insuffisance des ressources mais plutôt à la mauvaise gestion des peu de ressources allouées à cette question.
Plusieurs points ont fait l’unanimité entre les deux hommes. Le ministre Mahamane Baby a expliqué qu’ils accordent à des jeunes des ressources et que le suivi n’est pas fait ou bien fait. Sur cette question, dit-il, des réflexions sont en cours pour corriger toutes ces lacunes évoquées.
S’agissant de la question de népotisme soulignée par Dr Etienne Fakaba Sissoko dans l’attribution des ressources financières pour le financement des projets des jeunes, le ministre Baby a martelé qu’il n’a jamais favorisé le financement d’un projet pour des raisons d’appartenance politique ou de quelconques relations.
Par rapport aux secteurs pourvoyeurs d’emplois, le ministre a rappelé que le premier secteur au Mali est l’agro-industrie. A cela, il a ajouté l’artisanat et le tourisme. Des secteurs touchés de plein fouet par la crise.
S’agissant des solutions et des perspectives de création d’emplois au Mali, Dr Etienne F. Sissoko dira que l’accent doit être mis surtout sur la formation dans les secteurs capables de relancer l’économie. Selon lui, les jeunes reprochent au ministre d’être déconnecté des réalités actuelles et qu’il n’est pas à l’écoute des entrepreneurs. Dr Sissoko d’ajouter qu’il est plutôt nécessaire de mettre à la disposition des jeunes des équipements pour leurs projets que de leur donner de l’argent liquide.
Divergences de vue autour de l’ANPE et de l’APEJ
Dr Etienne Fakaba Sissoko a proposé la suppression de l’ANPE et de l’APEJ, qui, selon lui, ne répondent plus aux attentes des jeunes, faisant d’elles donc, des charges inutiles pour l’Etat.
Le ministre Mahamane Baby démentira sa déconnection avec la jeunesse et les réalités en indiquant qu’il est l’un des ministres qui sont le plus en contact avec les jeunes. Aussi, selon lui, il n’est pas question de supprimer l’ANPE et l’APEJ car, malgré leurs insuffisances constatées, elles jouent encore d’important rôle dans la création d’emplois.
Selon le ministre, pour faire face à la problématique de l’emploi, le FAFPA organise de nombreuses formations à l’intention des jeunes. Cependant, il estime qu’il doit sortir du formel et toucher les jeunes ruraux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Pour ce faire, le ministre Baby a annoncé que 100.000 jeunes ruraux non diplômés seront bientôt touchés dans les jours à venir par des formations à l’Office du Niger. Ajoutée à cela, la création des centres de formation professionnelle pour l’emploi qui constitue une nécessité absolue.
A sa suite, Dr Etienne Fakaba Sissoko dira que les défis à relever sont entre autres la correction immédiate de la lourdeur administrative par rapport à la création d’emplois, la revue de la question de fiscalité qui constitue aussi un frein à la création d’emplois. Car selon lui, l’environnement est aujourd’hui difficile pour créer des emplois au Mali. Le ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle abondera dans le même sens en reconnaissant qu’il est important de faciliter le processus de création d’emplois. Cette question lui a même donné l’idée sur la possibilité de gérer les phases administratives en ligne à travers la création d’un site internet dédié à cela.
En perspectives, Mahamane Baby a rappelé les grands chantiers en cours en matière de création d’emplois parmi lesquels, les projets sous-régionaux qui visent à fixer les jeunes dans leurs milieux, la multiplication des centres de formation professionnelle pour l’emploi. Selon Dr Sissoko, ces solutions proposées par le ministre pourront amoindrir le problème d’emploi. En plus, il a fait savoir que la question de subvention peut aussi encourager la création d’emplois. Pour cela, il a proposé la création d’un Centre d’Incubation pour la création d’emploi et une Banque Publique d’Investissement. Ces propositions faites par Dr Etienne F. Sissoko ont fait l’objet d’une attention particulière du ministre. Raison pour laquelle, il a envisagé la transformation de l’APEJ en un Centre d’Incubation pour la Création d’emplois des jeunes.
Boubacar DIARRA