L'affaire des bérets rouges (commandos parachutistes de Djikoroni) assassinés se dirige vers son épilogue. Après ses investigations, le juge du 2ème cabinet d'instruction de la commune 3 de Bamako, Yaya Karembé, a rendu une ordonnance qui retient la quasi-totalité des hauts gradés déférés devant lui dans les liens de la prévention. Sur appel des parties en cause, l'ordonnance a été transmise à la Chambre d'Accusation de la Cour d'Appel de Bamako, seule compétente pour dire s'il existe des charges, c'est-à-dire des indices et reproches suffisants pour être renvoyés en jugement devant la Cour d'Assises. Les débats de la Chambre d'Accusation ont eu lieu le mardi 24 novembre 2015 à huis clos. Ils ont été assez éclairants.
Non lieu requis pour trois généraux
M. Sangho, le représentant du procureur général, a demandé le non lieu pour des personnages importants: le général Ibrahim Dahirou Dembélé, chef d'état-major général des armées au moment des faits; le général Yamoussa Camara, ministre de la Défense au moment des faits, et le général Sidi Alassane Touré, patron de la Sécurité d'Etat (services secrets) à la même époque. "On se dirige vers un non lieu au profit de ces trois inculpés puisque le parquet général, chargé par la loi de les poursuivre et de rechercher contre eux les preuves nécessaires, renonce aux poursuites", commente un proche du dossier. Notre interlocuteur ajoute que le non lieu aura pour effet d'éteindre toutes poursuites contre les bénéficiaires qui, bien sûr, ne seront plus jugés ni maintenus en détention. "Vu l'extrême sensibilité de l'affaire, le parquet général, placé sous l'autorité du ministre de la Justice, n'aurait jamais requis le non lieu sans l'aval du pouvoir politique", note notre source. Les trois généraux que le parquet cherche à blanchir de tout crime étaient accusés d'avoir inclus les noms de bérets rouges dans la liste de militaires à déployer au nord alors que depuis longtemps, lesdits bérets rouges étaient morts!
Sanogo reste poursuivi
Restent donc dans les mailles de la justice le général Amadou Haya Sanogo et certains de ses compagnons tels que le capitaine Amadou Konaré et l'adjudant-chef Seyba Diarra, les deux cerveaux du putsch du 22 mars 2012. Il leur est reproché des faits d'assassinats et d'enlèvement de personnes. La Chambre d'Accusation rendra son verdict le 22 décembre 2015. Elle n'est pas juridiquement obligée de suivre les réquisitions du parquet mais, en général, elle le fait car c'est le parquet qui est la partie poursuivante principale, même si les parties civiles (parents de bérets de rouges) se joignent à son action.
Rappelons que courant le dossier a trait à 21 bérets rouges assassinés après le soulèvement, en avril 2012, de leur régiment contre la junte militaire de Sanogo qui, après le putsch du 22 mars 2012, régnait à Kati. La procédure, initiée sur plainte des parties civiles sous la Transition, a connu une évolution notable après l'avènement au pouvoir d'IBK qui a ordonné l'arrestation du général Sanogo et de plusieurs de ses compagnons d'armes.
Tiékorobani