Changement de ton au Mali. Les auteurs du coup d`Etat du 22 mars, se plient aux exigences de la Cédéao et acceptent finalement que Dioncounda Traoré continue de présider la transition à la fin de son intérim. Le président intérimaire continuera sa mission jusqu`à la tenue d`élections dans un délai d`un an comme le prévoyait le plan de l`organisation ouest- africaine. Le chef des ex-putschistes, le capitaine Sanogo, l`a lui même annoncé à la télévision à l`issue d`une rencontre avec les émissaires de la Cédéao. La Cédéao maintient la pression sur l`ex-junte et la menace de sanctions si elle entrave le processus politique.
Un peu comme si elle reconnaissait que tout n’était pas réglé, la médiation ouest-africaine, a annoncé qu’elle restera à Bamako, le temps nécessaire pour que le mécanisme de la transition n’enregistre pas de raté. Dioncounda Traoré dirigera donc en principe cette transition après un intérim de 40 jours. Mais avec quel pouvoir ? Jusque là, il n’en a vraiment pas eu.
En 40 jours d’intérim par exemple, il n’aura dirigé que deux conseils des ministres, mais surtout, il a avalé des couleuvres, et a failli même démissionner. Aura-t-il les mains vraiment libres ? Il y a aussi la place du Premier ministre.
Sur papier, il est un Premier ministre de « pleins pouvoirs », mais pour le moment, il cherche à exercer pleinement ses pouvoirs. Ensuite, quelle sera la place de la junte ? Dans une brève déclaration le 19 mai à la télévision, Dioncounda Traoré a parlé « d’accord de principe », avec la médiation, comme pour dire qu’il faut encore compter avec des troupes.
Le véritable pouvoir, aujourd’hui à Bamako, est entre des mains des militaires. La junte acceptera-t-elle de se mettre au garde-à-vous devant les autres institutions ? En clair, le retour à l’ordre constitutionnel sera-t-il effectif ? La médiation a du travail. Les consultations se poursuivent ce dimanche 20 mai.
Ces premiers résultats ont été salués par les ministres des Affaires étrangères de la Cédéao réunis hier pour le conseil de médiation et de sécurité de l`institution à Abidjan.
A l`issue de cette réunion -dans la nuit, la communauté ouest-africaine a rappelé qu`elle rétablirait des sanctions contre le Mali si l`ex-junte entrave le processus politique. Elle a aussi annoncé l`envoi à Bamako d`une deuxieme délégation composée du représentant du secrétaire général de l`ONU pour l`Afrique de l`Ouest, de l`Union africaine, et du président de la commission de la Cédéao.
Le but est de montrer la fermeté des organisations représentées en Afrique de l`Ouest, et prouver qu`elles travaillent de concert afin de convaincre la junte malienne de respecter les termes prévus pour la transition.