Demain jeudi, cela fera un an que « la voix des sans voix » n’est plus. Nous sommes le mercredi, 3 décembre 2014, à l’hôpital Henry Mondor de Créteil.
Ce jour-là la mort venait de nous arracher brutalement la célèbre artiste Fantani Touré, Ambassadrice de la Culture malienne et épouse d’Habib Dembélé dit « Guimba national » à l’âge de 50 ans. La cause de son décès reste de nos jours non élucidée. D’aucuns parlent de diabète dont elle souffrait, d’AVC ou de cancer du sein. Elle vivait à Paris depuis des années avec son mari et ses enfants. L’enterrement a eu lieu le mardi 9 décembre après la prière de 16 heures au cimetière de Magnambougou. La nation malienne reconnaissante, à sa tête le Président de la République IBK, lui a rendu un vibrant hommage.
Née en 1964 dans le quartier populaire de Bozola, le 30 mai 1964, Fatoumata Touré dite Fantani a eu un parcours remarquable. Aimée et choyée au Mali, elle était adorée à travers le monde qu’elle parcourra de long en large faisant la promotion de la culture malienne. Polyvalence, elle fut soliste, comédienne, danseuse, compositeur, chanteuse…Elle a participé à plusieurs rencontres culturelles comme la biennale artistique et Culturelle du Mali. Elle a été meilleure artiste au Mali en 1997 et 2004, a obtenu la médaille de Chevalier de l’Ordre national du Mali en 2010, le prix UNESCO pour la Paix. Sur le plan musical, son 1er album, “N’tin Naari”, a été produit par le « Domingo » de la musique malienne Salif Keïta qu’elle a côtoyé comme Ali Farka Touré et Toumani Diabaté. À travers le monde, l’enfant de Bozola a participé à de nombreux festivals comme le festival féminin « les voix de Bamako » dont elle est la promotrice en 2008, le festival d’Angoulême, le festival des francophonies de Limoges, le festival de l’Hippodrome de Douai, le festival féminin d’arts traditionnels africains…Volontaire, débordante d’énergie, défenseur des femmes, Fantani se battait contre l’excision des filles, pour leur scolarisation, pour celles en difficultés, bref elle était la voix des femmes en détresse comme elle aimait à le dire. Elle a fait du théâtre et a joué dans deux films : Sia, le rêve du python (2001), réalisé par le Burkinabé Dani Kouyaté et La Genèse (1999), du Malien Cheick Oumar Sissoko. Cette mort, si douloureuse soit-elle, a soulevé une interrogation, à savoir si les prochains candidats aux prochaines présidentielles, surtout le favori, auront des artistes pour composer leur hymne de campagne ? Les concepteurs de l’hymne de campagne des trois derniers présidents élus du Mali sont tous morts après l’élection de leur candidat. Yoro Diallo allias Fernando Moutchatcha a chanté l’hymne de campagne du Président Alpha Oumar Konaré lors des présidentielles de 1997, Mangala Camara a chanté l’hymne de campagne du président Amadou Toumani Touré dit ATT intitulé « Migné Migné », et Mme Dembélé Fantani Touré qui a chanté l’hymne de campagne du Président IBK s’en est allée elle aussi pour toujours. De simples coïncidences? Dans tous les cas les artistes musiciens réfléchiront à deux fois avant d’accepter les propositions d’autres candidats. Dors en paix Fantani, que la terre vous soit légère.
Mr Séran SACKO