Le lundi 30 novembre 2015, la troisième session de la cour d’assises de Bamako de l’année 2015 a ouvert ses portes. Dans son réquisitoire, le procureur général près de la cour d’appel de Bamako, Daniel Amagouin Tessougué a fait un diagnostic sans complaisance de la situation que traverse actuellement le Mali. Du terrorisme en passant par l’implication des religieux dans la scène politique et la récente grève des banquiers, bref aucun domaine n’a été occulté par cet orfèvre de la famille judiciaire. Selon le procureur, il faut réduire l’impact du religieux dans la gestion des affaires publiques.
« La permissivité trop grande des discours religieux ou des comportements extrémistes, ne peuvent rester impunies. La laïcité est malmenée tant et si bien que les reculs inacceptables de ces dernières années doivent être revus. En 1962, les pères de l’indépendance ont doté ce pays du code du mariage et de la tutelle, très avant-gardiste. En son article 1eralinéa 1, la loi 62-17 AN-RM du 03 février 1962 disposait ainsi : « le mariage est un acte laïc » En 2011, par peur, le Code des personnes et de la famille, objet de la loi n° 2011-087 du 30 décembre 2011, qui devrait être une vraie avancée, a été d’un regrettable recul et pire, en flagrante violation de la constitution.
L’article 6 du code du mariage et de la tutelle, consacrait l’aspect laïc du mariage, le législateur de 2011 officialisait le mariage religieux, et aujourd’hui, que de conséquences à gérer ? Il faut réduire l’impact du religieux dans la gestion des affaires publiques », c’est en substance ce qui ressort dans le réquisitoire du procureur général, Daniel A Tessougué.
En faisant cette déclaration, le procureur ne cache pas sa volonté de condamner l’immixtion de la religion dans le champ politique. Selon lui, 104 mosquées existent en commune V du district de Bamako mais combien ont été légalement créées ? s’est-il interrogé. Et de poursuivre que le code des personnes et de la famille se doit en ses dispositions qui sont anti constitutionnelles être revu.
« Messieurs de la cour chers invités, j’ai tenu à faire ces affirmations, non par provocation, mais par pragmatisme, car au cœur de la lutte contre le terrorisme, la justice est présente. Et si nous devons faire des propositions, il faut les faire, car mieux vaut prévenir que guérir. Evitons par tous les moyens de laisser la jeunesse céder à un quelconque chant de sirènes, et celui qui fait le plus de mal est ce chant de l’intégrisme religieux », a dit le procureur Tessougué. A l’en croire, 63 dossiers sont inscrits aux rôles de la présente session dont 131 accusés parmi lesquels 06 femmes et 50% des accusés sont en détention provisoire.
Aguibou Sogodogo