Pour le 6ème numéro de son émission «Le Grand débat économique», l’association Forum de la presse du Mali a opposé le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de la Construction citoyenne Mahamane Baby au Dr. Etienne Fakaba Sissoko, économiste chargé de cours à l’Université de Bamako et auteur de plusieurs travaux de recherche sur l’emploi au Mali. Pendant deux heures d’horloge, ces deux personnalités ont débattu de la «problématique de l’emploi au Mali : enjeux, défis et perspectives».
Ce débat contradictoire mais instructif sur la «problématique de l’emploi au Mali : enjeux, défis et perspectives» a eu lieu le samedi 28 novembre 2015 à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali.
D’entrée de jeu, le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de la Construction citoyenne, Mahamane Baby, a défini le chômeur comme quelqu’un qui est sans emploi ou qui est sur le marché de l’emploi. En se basant sur les informations fournies par l’Observatoire national de l’emploi et de la formation, il a rappelé que le taux de chômage des jeunes de 14 à 25 ans en milieu urbain est de 21,5% avec 23% à Bamako et 19,6% pour les autres régions.
À en croire le ministre, le chômage a reculé au Mali, il faut vraiment des statistiques bien élaborées pour faire une telle affirmation. Par contre, il a fait savoir que le gouvernement a des objectifs de 40.000 emplois à attendre par an et 200.000 au terme du quinquennat du président de la République. Avant de souligner que 78 .000 emplois ont été créés sur les deux dernières années. «Nous sommes sur la bonne lancée. Mais pour réduire de manière systématique le chômage, ce n’est pas seulement le ministère de l’Emploi, parce que toutes les grandes politiques du Mali concourent à la création d’emplois», a-t-il déclaré.
Pourquoi la question de l’emploi est autant problématique dans notre pays ? Etienne Fakaba Sissoko répond que la croissance économique qui est tant recherchée par notre pays se base exclusivement sur certains aspects dont la question de l’emploi. Selon lui, ces questions reviennent aujourd’hui le plus souvent parce que «nous avons des politiques en matière d’emploi et économique qui sont très mal élaborées. Ces incohérences au niveau de notre politique économique et de l’emploi explique l’enjeu autour de l’emploi», a déclaré Etienne Fakaba. Avant d’ajouter que les institutions qui sont en charge de l’emploi au Mali, à savoir l’Apej, l’Anpe, le Fafpa et autres sont déconnectés de la réalité de l’emploi dans notre pays.
L’universitaire a indiqué qu’il y a 4 éléments principaux dans la politique de l’emploi sur lesquels on peut se baser pour appréhender cette question. Il a souligné que les solutions sont au niveau de l’auto-emploi des jeunes. À ce niveau, dira-t-il, les jeunes sont confrontés à beaucoup de problèmes dans la création de leur propre entreprise. Il s’agit de la lourdeur administrative, du problème lié à l’obtention de tout ce qu’il y a comme documents à fournir, à la fiscalisation, sans parler des questions liées à l’accès au financement. À cela s’ajoute le problème de formation et d’inadéquation entre l’emploi et la formation professionnelle.
Reprenant la parole, Mahamane Baby a laissé entendre que le problème n’est pas la mauvaise définition des politiques. Selon lui, le défi, c’est aussi la dotation budgétaire. «L’Etat fait ce qu’il peut. Mais il faut une politique volontariste et mettre à la disposition du département de l’Emploi des ressources nécessaires pour l’emploi des jeunes, la création d’opportunités pour l’emploi et l’auto-emploi», a déclaré le ministre. Avant d’ajouter que l’Etat doit consacrer 1 ou 2% du budget à la création de l’emploi. Mahamane Baby a également rappelé que l’Etat fait des efforts en dotant des structures comme l’Apej, l’Anpe, le Fafpa de ressources pérennes.
Pour Etienne Fakaba Sissoko, le problème ne se trouve pas au niveau de la dotation, mais c’est au niveau de l’utilisation du peu des moyens qu’on met à la disposition du département. «Les ressources qu’on donne sont des ressources qui doivent être mieux gérées. Parce que, pour demander une augmentation de dotation, il faut qu’on ait la preuve que le peu donné donne des résultats. Les emplois qui sont créés, sont des emplois précaires», a-t-il déclaré. Avant de fustiger la gouvernance de l’emploi au sein des institutions comme l’Apej, l’Anpe et le Fafpa.
À en croire Etienne Fakaba Sissoko, aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont le sentiment qu’il faut être d’un parti politique ou proche de quelqu’un de puissant pour pouvoir bénéficier de financement pour un projet. Etienne Fakaba Sissoko préconise aussi la suppression de l’Apej, de l’Anpe, du Fafpa, de l’Observatoire national de l’emploi et propose la création des centres de formation en maçonnerie, plomberie… et d’une Banque publique d’investissement.
En réponse à Etienne Fakaba Sissoko, le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, a reconnu qu’il y a des défis liés à la gestion des ressources. «En ce qui me concerne, je ne donne jamais un financement sur la base de l’appartenance à un parti politique. Tout jeune qui vient me voir ou qui va à l’Apej dont le projet est fiable, nous sommes pour. Lorsque vous regardez les gens qui m’entourent, les plus grands projets qui ont les plus gros budgets ne sont pas dirigés par les gens de mon parti. Pourtant, j’aurais pu faire du forcing et mettre les gens de mon parti», a-t-il déclaré.
Diango COULIBALY
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Formation par alternance des journalistes maliens par l’ESJ de Lille : La 1ère promotion baptisée Mahamane Baby
La cérémonie de remise de diplôme aux 14 journalistes formés par l’Ecole supérieure de journalisme de Lilles (ESJ Lille) a eu lieu le 26 novembre 2015 à la Maison de la presse. Placée sous l’égide du ministre de l'Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Mahamane Baby, elle a enregistré la présence, entre autres, d’Alain Credeville, Attaché de coopération-Education, langue et francophonie-de l’Ambassade de France ; de Sylvie Laruelle, représentante de l’ESJ ; d’Oumar Maïga, Secrétaire général du ministère de l’Information de l’économie numérique et de la Communication ; du 2ème vice-président de la Maison de la presse, Alexy Kalambry.
Il est important de souligner que c’est en 2012 que la formation par alternance des journalistes maliens a été initiée par la Maison de la presse du Mali, en partenariat avec l’Ecole supérieure de journalisme de Lille et avec l’appui financier de la Coopération française et du Fonds d’appui à la formation et à l’apprentissage (Fafpa). Malheureusement, avec la crise que traversait notre pays, elle a connu un arrêt.
Et c’est depuis le lundi 2 mars qu’elle a repris avec 14 journalistes d’organes différents. Ainsi, après près de deux ans de formation, ces 14 journalistes ont reçu leur diplôme le 26 novembre dernier. Cette première promotion a choisi de se baptiser «promotion Mahamane Baby». Un clin d’œil fait au ministre de l'Emploi, de la formation professionnelle, de la jeunesse et de la construction citoyenne, Mahamane Baby, pour son dynamisme.
Selon le 2ème vice-président de la Maison de la Presse, cette formation mérite d’être continuée, compte tenu de son importance, et du fait aussi qu’elle permettra de bien outiller nos journalistes sur plusieurs modules. À cet effet, il a félicité et encouragé l’ESG Lille et ses partenaires français et maliens.
Quant à Sylvie Laruelle, elle a demandé aux 14 journalistes de servir d’exemple et de modèle dans leurs différentes rédactions. Et c’est par cette assertion du célèbre Albert Londres qu’elle s’est adressée à eux : «Un journaliste n'est pas un enfant de chœur et son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de rose. Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie».
Alain Credeville, Attaché de coopération-Education, langue et francophonie à l’Ambassade de France et Oumar Maïga, Secrétaire général du ministère de l’Information de l’économie numérique et de la Communication ont tous abondé dans le même sens, tout en saluant la bonne santé de la coopération franco-malienne.
Se félicitant de cette initiative de l’ESJ Lille de former des journalistes maliens, Mme Cecilia Dalmeyda, a, au nom du corps professoral, indiqué que «les rêves n’ont de mérite que quand ils deviennent réalité». Avant de se réjouir des talents de cette 1ère promotion : «Des compétences, la presse malienne en a ».
Prenant la parole, le ministre Baby a tout d’abord déploré l’attaque lâche, barbare et terroriste du 20 novembre dernier à l’hôtel Radisson Blu qui a endeuillé le Mali, avant de remercier l’ESJ Lille afin que la presse malienne soit plus professionnelle et constructive. Aux journalistes formés, il a demandé l’humilité, le discernement et d’être un bon vivier de la presse malienne.
Par ailleurs, il est important de souligner que le major de cette 1ère promotion Mahamane Baby a pour nom Ibrahima Traoré.
Précisons aussi que, créée en 1924, l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) est l’une des premières écoles professionnelles de formation au journalisme en Europe. Elle est la plus ancienne des 14 écoles reconnues par la profession en France.
Bruno E. LOMA